La Presse Pontissalienne 171 - Janvier 2014

MOUTHE - RÉGION DES LACS 26

La Presse Pontissalienne n° 171 - Janvier 2014

MÉTABIEF Les canons n’ont pas pu fonctionner “La station, c’est d’abord des métiers et des hommes” Alors que les canons sont - enfin - installés, la neige s’est fait attendre pendant les vacances de Noël à Métabief. Christian Bouday, président du syndicat mixte du Mont d’Or et Olivier Érard, le directeur de la station, gardent le moral.

L a Presse Pontissalienne: Enfin ins- tallés, les canons à neige n’auront même pas fonctionné une seule fois pendant les congés de Noël. C’est une déception? Christian Bouday: Tout était prêt et sous pression depuis le 12 décembre. Nous avons actionné les huit ventilateurs basse pression le 28 novembre qu’on a positionné sur des endroits où le besoin en neige est le plus important. Ils ont fonctionné juste quelques heures et c’est tout. Les 90 nouvelles perches n’ont pas pu fonctionner car il faut une tempé- rature d’au moins - 2 °C humides pen- dant au moins une heure pour produi- re de la neige. Ces conditions n’ont plus été réunies depuis début décembre, ce n’est vraiment pas de chance. On a jus- te pu ouvrir quelques pistes le 7 décembre, quelques téléskis le week- end du 14 et Super-Longevilles le week- end du 21. Si les canons avaient déjà été en place au cours de l’année, on aurait pu faire 6 ou 7 nuits de produc- tion en novembre quand il faisait froid. L.P.P.: Quelles quantités de neige produisent les perches et les ventilateurs en conditions optimales? Olivier Érard: La totalité des canons peu- vent produire 800 mètres cubes d’eau par jour, ce qui fait 1600 mètres cubes de neige au total, soit 20 cm de neige de culture. En plus, c’est une neige plus résistante car elle est plus char- gée en glace. Les canons assureront l’enneigement de 9 des 37 km de pistes, surtout sur l’axe Métabief-Morond. L.P.P.: Malgré un démarrage décevant, l’objectif reste le même pour Métabief? C.B.: L’objectif est toujours de redyna- miser la station, qu’elle retrouve son vrai potentiel et de refidéliser la clien- tèle. On sent d’ailleurs, avec les inves- tissements consentis, que la confian- ce est retrouvée, y compris avec le commerce local. L’objectif affiché est d’augmenter de 10 % la fréquentation. L.P.P.: L’augmentation des tarifs n’est pas un peu mal perçue? O.E.: L’augmentation des tarifs doit cor- respondre à une augmentation de 20 % du chiffre d’affaires avec les nouveaux forfaits, tribus, familles, etc. Nous n’avions pas d’autre choix que d’augmenter les tarifs si on veut entrer dans une vraie logique économique. Sans cela, la station fonctionnerait à perte, sans capacité d’investir.Avec un forfait à 21 euros, c’était impossible de s’en sortir. L’idée est bien de retrouver une réalité économique. L.P.P.: Le retour à l’équilibre est possible? C.B. : On ne peut plus continuer d’attendre que le Conseil général absor- be les déficits. Notre ambition est bien d’équilibrer l’exploitation. En cela, le modèle d’une station comme les Monts- Jura est exemplaire, elle dégage de l’excédent brut. En huit ans, le Conseil général du Doubs a apporté en moyen-

ZOOM David Sandona, l’atout médiatique de Métabief E nfant du pays, le journaliste du service des sports de France Télévisions donne de sa per-

sonne et de son carnet dʼadresses pour conforter la promotion de sa station de cœur. “Je joue un peu lʼespion au service de Métabief” , sou- rit ce farouche défenseur de la Franche- Comté et du Haut-Doubs. En hiver, David Sandona passe beaucoup de temps dans les stations des Alpes pour y réaliser toutes sortes de sujets. Il voit, écoute, sʼinforme. Ce V.I.P. médiatique suggère ensuite des idées dʼanimations. Il est à lʼorigine du speed- télésiège qui aura lieu le 14 février prochain à Métabief. “Ce sera le jour de la Saint-Valentin. Les célibataires auront sept minutes pour faire connais- sance le temps de la montée au Morond.” À lui aussi de dynamiser la couverture médiatique de la station du Haut-Doubs par le biais dʼun car- net dʼadresses richement pourvu. produire 10 cm de neige artificielle sur les 9 km de pistes équipés d’enneigeurs basse et haute pression. Une courte marge de manœuvre que le directeur de la station Olivier Érard utilisera seulement si le froid est là. “On a subi des contrecoups qui ont retardé le programme. Une société qui n’avait pas été retenue dans l’appel d’offres a déposé un recours adminis- tratif. On a également attendu plu- sieurs semaines l’autorisation de pom- per l’eau de la Jougnena” , justifie le directeur plutôt contrarié de devoir limiter l’ouverture de la station au seul domaine de Super-Longevilles. Il faut une quarantaine de jours pour remplir la réserve et l’usine à neige la plus performante des Vosges et du Jura peut produire 1500 m 2 de neige à l’heure. Rien de spectaculaire à voir à l’intérieur du bâtiment construit à l’arrière de la retenue. Deux armoires électro- niques suffisent à contrôler la gestion

Christian Bouday et Olivier Érard attendaient la neige, ou le froid pour produire la précieuse couche qui faisait cruellement défaut fin décembre.

ne 800000 euros par an pour combler le déficit de Métabief. À minima, com- me pour l’exercice 2013, on sera à - 550 000 euros car la saison 2013 a été bonne. Le Conseil général apporte 90 % du déficit sachant que les communes concernées apportent les 10 % restants. On est en train de discuter avec elles pour que ce rapport soit un peu plus équilibré. Nous travaillons à une révi- sion statutaire pour que les communes participent davantage dans la gestion du syndicat. L.P.P. : Quelles sont les lacunes de Métabief en termes de fréquentation? O.E.: L’objectif est de regagner des parts de marché sur tout le mois de janvier et début février, notamment les familles et les anciens. Les Rousses s’en sor- tent mieux que nous sur ces périodes- là. À Noël, la station arrive à 70 % de remplissage, 100 % aux vacances de février pour notre zone. Il faut dyna- miser les périodes creuses. Cela pas- se par un travail sur un package inté- gral à proposer. Il faut notamment attirer à nouveau les Parisiens qui sont partis depuis dix ans. L.P.P.: Quel est le poids économique de la sta- tion? C.B.: Métabief emploie 56 équivalents temps plein sur l’année. Avec un bud- get de 5,3 millions d’euros, le syndicat mixte compte une vingtaine de per- manents et 120 saisonniers en plus qui font l’hiver. Quand l’activité ne peut pas être assurée, ils bénéficient d’un report d’embauche de trois semaines, suivies de chômage partiel au pire. Mais beaucoup de tâches pro- fessionnelles qui étaient externalisées, comme la maintenance des remontées, sont désormais traitées en interne. On gagne en réactivité et on est vraiment dans l’esprit station. En plus, les sala- riés acquièrent de l’expérience. On veut changer la façon de voir les métiers, nous avons d’ailleurs créé un poste de

responsable des ressources humaines à partir de février. L’idée est de bâtir des plans de formation et de vrais par- cours professionnels. La station, c’est d’abord des métiers et des hommes. L.P.P.: Prochain temps fort pour Métabief? C.B.: L’inauguration officielle des ins- tallations a lieu le 16 janvier à l’occasion de la fête du ski qui aura lieu le week- end du 18-19 avec beaucoup d’animations. L’inaugurationmarquera aussi les 60 ans de la création de la station. En espérant que la neige sera là… Propos recueillis par J.-F.H.

David Sandona joue les rabatteurs d’idées et de couverture médiatique au profit de Métabief.

MÉTABIEF

9 km de pistes enneigeable L’usine à neige prête à fonctionner

Ralentie par quelques soucis d’ordre technico- administratif, l’installation de neige de culture est désormais opérationnelle. Visite en images. L a neige de culture a décidément bien du mal à renaître de ses cendres dans la station du Haut- Doubs. Pour ceux qui l’auraient oublié, Métabief figurait parmi les toutes pre- mières stations françaises à s’équiper en neige artificielle il y a une bonne trentaine d’années. Elle fut aussi l’une des dernières à renouveler son ins- tallation. L’équipement est aujour- d’hui terminé et prêt à l’emploi. À la veille de Noël, la réserve colli- naire de 100 000 m 3 d’eau en conte- nait tout juste un quart. Juste de quoi

des flux d’eau et d’air nécessaires à la production de neige de culture. Une merveille de technologie. L’originalité des lieux réside dans la présence d’une galerie de visite extérieure. “Cet espa- ce abritera des panneaux explicatifs sur le pastoralisme au Mont d’Or, l’histoire de la station de Métabief et cette usine à neige.” À la veille de Noël, la retenue était remplie à 25 % de sa capacité.

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