La Presse Pontissalienne 171 - Janvier 2014

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 171 - Janvier 2014

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FERROVIAIRE

Des agents doubles

Zoom 14 décembre 2013 : passage du dernier T.G.V.

Une gare frontière à double tension

La gare de Pontarlier marque la séparation entre les systèmes électriques suisses et français qui fonctionnent sous des tensions et des fréquences différentes. Insolite.

une loco-tender jusqu’aux Ver- rières qui faisait alors office de gare frontière.” Le trajet Les Verrières-Pontar- lier est électrifié en courant alternatif suisse en 1956. Les locomotives suisses peuvent alors rejoindre la capitale du Haut-Doubs. Côté France, la section Dole-Vallorbe et Pon- tarlier est équipée en courant alternatif 25 000 volts 50 hertz. “L’inauguration a lieu le 25 avril 1958. Ce sera pendant quelques années, la ligne la plus moder- ne du monde. L’électrification va permettre de diminuer d’une heure le temps de parcours entre Dole et Vallorbe. Elle apporte aussi de gros gains de produc- tivité et de main-d’œuvre.ÀDole, il y avait 900 cheminots pour s’occuper des locomotives à vapeur. C’est une vraie révolu- tion même si à l’époque on ne sait pas encore construire des machines qui fonctionnent sous

L es voyageurs qui empruntent les auto- motrices C.F.F. en pro- venance de Suisse ne se rendent compte de rien. À l’entrée en gare de Pontarlier, les conducteurs prennent soin de baisser les pantographes qui relient les machines aux lignes électriques. On est alors sous tension suisse. Ils se laissent ensuite emporter par leur élan, traversent une zone neutre sans tension avant de s’arrêter. Ils relèvent ensuite le pantographe dès lors connecté à la tension française. Cette manœuvre toute simple au demeurant masque une com- plexe histoire d’électrification ferroviaire et de grandes inno-

vations technologiques dans la capacité à construire des machines pouvant fonctionner sous plusieurs tensions. L’utilisation de l’électricité pour la traction ferroviaire remonte aux années 1880. Entre courant alternatif ou continu, deux écoles s’affrontent.Avec ses ressources hydroélectriques abondantes, la Suisse opte pour du courant alternatif de 15 000 volts limi- té à la fréquence 16 2/3 Hertz. La France choisit en 1920 le cou- rant continu à 1 500 volts. En 1949, la traction électrique est mise en service entre Paris et Dijon. “Des essais sont entrepris au début des années cinquante, sous l’impulsion de Louis Armand, pour utiliser directe-

ment le courant alternatif E.D.F. à la fréquence de 50 hertz. Plu- sieurs lignes vont être électri- fiées de la sorte en Savoie et dans le Nord-Est de la France” , explique Jean Cuynet, passionné

Les cheminots ont tenu à matérialiser symbolique- ment cet enterrement ferroviaire.

d’histoire ferro- viaire. Ces progrès coïncident avec l’électrification de la traversée du Jura. Le gouverne- ment suisse est mis à contribution et la ligne est d’abord électrifiée jusqu’aux Verrières. “Les trains français arri- vaient à Pontarlier en loco vapeur puis on les reprenait avec

La ligne la plus moderne du monde.

I l nʼy avait pas foule en ce samedi 14 décembre à 8 h 55 pour voir passer le dernier T.G.V. en provenance de Ber- ne. Ils étaient plus nombreux le 31 mai 1987 pour accueillir lʼarrivée du premier T.G.V. en gare de Pontarlier. “Cʼest à la fois une grande tristesse et une grande déception. Cʼest aussi très dommageable par rapport à lʼattractivité de la ville. La très forte mobilisation des acteurs français et suisses a permis dʼobtenir des compensations loin dʼêtre négligeables même si on reste dans de lʼoptimisme raisonné” , indique le maire Patrick Genre. Pour lʼheure, il reste à entreprendre quelques améliorations en gare de Frasne pour rendre lʼattente des voyageurs plus confor- table. Le maire se réjouit aussi du maintien de la liaison Pontar- lier-Paris T.G.V. avec le T.G.V. récupéré à Frasne. “Important en terme dʼimage” , commente lʼélu. Les quotas de réservation de places devraient augmenter depuis Neuchâtel et les tarifs seront plus attractifs que par la L.G.V. “Si on veut garder cette offre, la première chose sera de prendre le train et dʼacheter ses billets à Pontarlier.” Du côté des cheminots, on fait grise mine. “Il y a beaucoup de triomphalisme autour de ces substitutions mais on nʼest pas si optimiste que cela” , explique Frédéric Delgrandi du collectif Fras- ne-Pontarlier. Selon la F.N.A.U.T.-Transport 2000, des risques pèsent toujours sur lʼavenir de la gare : relations ferroviaires en baisse, pertes de sillon T.E.R. entre Pontarlier et Frasne, dimi- nution de lʼouverture des guichets à la clientèle…

SANTÉ

Rue Gustave-Eiffel Le Don du Souffle

s’installe à Pontarlier

L’ association le Don du Souffle qui a fêté ses quarante ans le 12 décembre ouvre une anten- ne à Pontarlier, rue Gustave- Eiffel. Elle a entièrement rénové un local de 190 mètres carrés pour ins- taller une équipe pluridisciplinaire de cinq personnes, dont deux permanents, qui interviendra sur le Haut-Doubs (technicien, installateur, personnels paramédicaux). “Nous avons beaucoup de patients sur ce secteur. En nous implantant à Pontarlier, nous serons plus réactifs” annonce Carmela Mar- chand, présidente de D.D.S.Assistance, la filiale qui regroupe toutes les acti- vités économiques de l’association franc-comtoise créée en 1973. C’est à Pontarlier, rue Gustave-Eiffel, que l’association bisontine ouvre une antenne. Elle se rapproche ainsi des malades du Haut-Doubs qui souffrent, entre autres, d’insuffisance respiratoire.

Le dernier T.G.V. en provenance de Berne s’est arrêté à Pontarlier le 14 décembre dernier à 8 h 55.

Carmela Marchand est présidente de Don du Souffle Assistance.

La raison d’être du Don du Souffle est d’assurer l’assistance respiratoire du patient à son domici- le, un service qui repré- sente encore 70 % de son activité. D.D.S. installe, suit, contrôle, entretient ce matériel nécessaire à la vie du malade. “L’appareillage est tou- jours installé au domici- le du patient. Nous en avons près de 9 000 en Franche-Comté. Chaque jour, on effectue plus de 350 visites à domicile dans toute la région” précise Carmela Marchand. D.D.S.Assistance emploie 140 personnes et réalise

“350 visites à domicile.”

un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros. Cet organisme est réparti sur quatre sites : Besançon, le plus impor- tant, Chatenois-les-Forges dans le pays de Montbéliard, Lons-le-Saunier, et maintenant Pontarlier. Si l’assistance respiratoire est son cœur de métier, le prestataire médico-tech- nique a élargi ses activités. Il fournit également les pompes à insuline, les pompes à nutrition et s’ouvre depuis peu à la stomathérapie en accompa- gnant les malades qui ont subi une stomie. “Depuis 2008, nous nous déve- loppons aussi dans le maintien à domi- cile. Dans ce cadre-là, nous mettons à disposition des patients tout le maté- riel de confort dont il a besoin tel qu’un lit médicalisé ou un fauteuil roulant.”

Ce secteur est en croissance. Il repré- sente actuellement 2 millions d’euros de chiffres d’affaires pour D.D.S.Assis- tance. L’antenne de Pontarlier fournira tou- te la panoplie des services de l’association dans un contexte où la santé “souffre de la crise.” La Sécuri- té sociale rembourse moins les pres- tations. Malgré tout, D.D.S. Assistan- ce s’adapte à la faveur dumalade “sans baisser son niveau de qualité.” Elle le peut car, en tant qu’association, elle n’a pas les mêmes exigences de ren- tabilité qu’un prestataire privé mû par le profit. Dans son cas, tous les divi- dendes sont réinjectés dans la struc- ture qui “n’a jamais reçu de subven- tions” précise Carmela Marchand.

nuité du service. “On pourrait se demander pourquoi ne pas unifier tous les courants en Euro- pe ? Cela coûterait trop cher et c’est beaucoup plus simple de fabriquer des machines qui s’adaptent aux différentes ten- sions.” Avec cette double ten- sion, la gare de Pontarlier est aussi contrainte de fonctionner sous réglementation française et suisse. “Tous les agents sont formés en conséquence et ils vien- nent une fois par an se soumettre à des contrôles” , explique Phi- lippe Grandclément, le chef de gare à Pontarlier. F.C.

plusieurs courants. Il faut donc changer de machine à chaque frontière électrique : Dole, Val- lorbe et Pontarlier.” La mise en circulation duT.G.V. en 1984 va modifier la donne technologique. Des rames qua- dri-courant C.F.F., les fameuses souris grises, font le trajet Ber- ne-Frasne avant que les rames T.G.V. tricourant arrivent en gare de Pontarlier en 1987. Fini les manœuvres. Depuis la fermeture de la ligne T.G.V. Paris-Berne via Pontar- lier, les automotrices suisses bicourant dites Colibri ont pris le relais et assurent la conti-

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