La Presse Pontissalienne 170 - Décembre 2013

La Presse Pontissalienne n° 170 - Décembre 2013

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MALBUISSON-MONTPERREUX Boycott, pétition

Les parents d’élèves montent au créneau Le boycott du mercredi 13 novembre a été largement suivi à l’école intercommunale de Montperreux-Malbuisson où personne ne veut de cette réforme, du moins dans cette configuration-là.

la communauté de communes, à savoir ne pas appliquer cette réforme. Aujour- d’hui, j’irais plutôt dans le sens demettre en place quelque chose en concertation avec les parents, les enseignants et les deux conseils de façon à ne pas refuser systématiquement. C’est mon point de vue” , explique Claude Mignon. Pour le maire de Malbuisson, l’obstacle n’est pas vraiment financier. “On aura plus de mal à trouver les locaux et le per- sonnel.” F.C.

qui est le cas sur la rive droite du lac. “Comme les temps d’activités péri-édu- catifs ne sont obligatoires, ceux qui habi- tent près de l’école pourront rentrer direc- tement chez eux. Prenons le cas d’un enfant de maternelle vivant à Mont- perreux dont les parents ne veulent pas payer pour ces temps d’activités péri- éducatifs mais l’inscrivent au périsco- laire organisé à Montperreux. Il devra revenir en car àMontperreux et attendre seul 45 minutes avant d’aller au péri- scolaire ? La question des transports est

centrale dans notre école. Sans parler des problèmes de recruter des anima- teurs diplômés prêts à travailler quatre fois 45 minutes par semaine.” Pour Valérie Benoît, tout est fait à la va-vite dans cette réforme. Le maire de Montperreux Jean-Paul Bonnet confir- me qu’aucune décision n’a été prise. “Rien n’a encore été mis en place. On a demandé un report.” À Malbuisson, la position est sensiblement identique. “Pour l’instant, on a suivi ce qui avait été convenu implicitement au niveau de

Valérie Benoît avec d’autres mamans qui ont participé à la mobilisation contre la réforme.

R ien n’est encore arrêté dans cet- te école répartie sur deux sites avec les maternelles àMalbuis- son et le primaire à Montper- reux. “Au premier conseil d’école, les enseignantes nous ont présenté une simu- lation avec des enfants qui arrêteraient l’école trois quarts d’heure plus tôt l’après- midi et viendraient le mercredi matin pendant trois heures. Cela nous a per- mis de mieux comprendre les limites du problème.Toutes les personnes présentes ont refusé par principe la réforme. Ce soir-là, les parents ont décidé de semobi- liser” , indique Valérie Benoît qui fait partie des parents d’élèves. Une pétition contre la réforme a été dis- tribuée à l’ensemble des 115 familles concernées. “Rappelons qu’on n’est pas

contre une réforme mais à partir du moment où elle est conduite de maniè- re concertée et intelligible.” 101 familles ont renvoyé leurs copies transmises ensuite à la direction de l’inspection aca- démique avec copies aux maires. Acte deux de lamobilisation :les parents ont participé à la journée de boycott national du 13 novembre. “15 enfants sur 159 étaient présents le matin et 11 sur 159 l’après-midi. Certains étaient présents car leurs parents n’avaient pas forcément d’autres choix. On peut consi- dérer que le refus est massif dans nos deux villages.” Les enseignantes ont également manifesté leur avis sur la question en faisant grève le lendemain. Tout se complique quand les enfants sont scolarisés sur plusieurs écoles, ce

L’école de Montperreux n’a guère résonné des cris des enfants le 13 novembre dernier.

POLITIQUE

Un refus massif

gros du Haut-Doubs. L’élu sou- lève la question du rapatrie- ment des enfants des villages les plus éloignés de l’école. Il estime que ce n’est peut-être pas lemoment d’alourdir la pres- sion fiscale, seul levier pour financer cette réforme. “Si l’on nous oblige à appliquer cette La fronde des communes rurales Placées devant le fait accompli sans qu’on leur ait demandé leur avis, la plupart des communes du Haut-Doubs n’ont pas enco- re renvoyé leur copie à l’Éducation nationa- le. Exemple dans le Saugeais.

La solidarité joue à plein dans les intercommunalités à com- pétence scolaire. “On consulte d’abord les communes pour savoir ce qu’elles souhaitent mettre en place avec de se réunir avec les parents et les ensei- gnants. On en est donc au sta- de de la réflexion active même si aujourd’hui personne n’est pour” , confie Jean-Pierre Gurt- ner, le président de la commu- nauté de communes Altitude 800. Même son de cloche dans les Hauts duDoubs (Mouthe et alen- tours) où le non s’est imposé à une large majorité à la derniè- re séance communautaire. “On a formalisé notre refus par une délibération transmise à qui de droit. La difficulté, c’est d’avoir des intervenants de qualité qui apportent quelque chose. On n’est pas hostile à revoir le système. Sur un tel sujet, il me semble- rait nécessaire d’avoir une approche territoriale” , suggère Jean-Marie Saillard, le prési- dent de la communauté de com- munes des Hauts du Doubs.

minutes du lundi au vendredi en fin d’après-midi. “Cette réfor- me est complètement déconnec- tée de la réforme rurale. Ce n’est même pas une question de mau- vaise volonté. On n’a pas forcé- ment le droit mais on partant du fait que c’est nous qui payons, on peut légitimement manifes- ter notre mécontentement” mar- tèle un autre élu du R.P.I. On botte aussi en touche à La Chaux-de-Gilley en R.P.I. avec Bugny. “J’ai envoyé une lettre en expliquant qu’on avait des difficultés à appliquer cette réfor- me sur un R.P.I. comme le nôtre réparti sur deux sites. On n’a pas de solution intéressante à proposer. Si c’est la loi, on essaie- ra de faire les propositions horaires les moins pires.” La concertation a joué à plein dans les autres communautés de communes rurales du Haut- Doubs. Du côté de Mont d’Or- Deux lacs, on s’est entendu sur une position commune de ne pas appliquer cette réforme. Chaque commune restant bien sûr sou- veraine sur son territoire.

sion du dispositif. Le courrier a été transmis à l’inspection, au ministère” , note Colette Jacquet, maire de Lièvremont-Maisons- du-Bois qui dispose de sa propre école communale. L’élue pose la question des familles de fron- taliers avec des enfants déjà contraints de se lever très tôt et qui n’auront plus que le dimanche matin pour se repo- ser. Le refus est encore plus radi- cal dans les communes consti- tuées en R.P.I. “C’est impossible d’appliquer la réforme. On a envoyé la délibération comme quoi on n’acceptait pas les rythmes scolaires. Nous n’avons pas les moyens financiers d’organiser les compléments horaires. Pour nous, c’est trop difficile” , annonce Frédéric Bour- din, lemaire deMontbenoît asso- cié à Ville-du-Pont, Montflovin, Hauterive-la-Fresse et La Lon- geville où se situe l’école du R.P.I. Avec 253 écoliers, c’est le plus

L e plus dur, c’est de trou- ver des petites communes qui, à défaut d’être favo- rables au principe de la réforme, aient renvoyé leur pro- position sur les rythmes sco- laires. Certaines l’ont fait. Exemple àArçon. “Une question de conviction personnelle, indique le maire Bernard Laithier. On vient tout juste d’envoyer le cour- rier à l’Académie. On s’est ali- gné sur Pontarlier avec six voix pour, cinq contre et deux abs- tentions. Cette réforme a au moins réussi à semer la zizanie dans les petites communes non

réforme, je ne sais pas comment on va faire. On a envie de dire à ceux qui nous gouvernent que cela se passe bien. La question du personnel est un vrai casse-tête. Le challenge consisterait à La Longeville à recruter 18 per- sonnes prêtes à travailler 45 Laissez-nous tranquilles.”

politisées.” Cet élu sait la diffi- culté de la tâche, notamment de trouver des salles. “Ce n’est pas facile de changer les habitudes. Comme on terminera l’école à 16 heures, c’est à l’association qui s’occupe du périscolaire de proposer des activités.” Il n’écarte pas la question de la charge financière. “C’est vrai que cela coûte mais on sera bien obligé d’aller vers cette réforme.” Son optimisme est loin d’être partagé dans les autres com- munes saugettes. C’est plutôt le contraire. “On a voté unmora- toire en demandant la suspen-

“Laissez- nous tranquilles.”

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