La Presse Pontissalienne 170 - Décembre 2013

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 170 - Décembre 2013

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RYTHMES SCOLAIRES : LA RÉFORME CASSE-TÊTE

Si tous s’entendent sur la nécessité d’harmoniser le temps scolaire, beau- coup sont très critiques sur les moyens d’y parvenir. En imposant aux collectivi- tés le soin d’organiser et de financer à terme la réforme du temps scolaire, le gouvernement Hollande n’a pas engagé la mesure la plus populaire de son quin- quennat. Les élus du Haut-Doubs dénoncent la précipitation et le manque de concertation autour de cette réforme qui ne prend pas du tout en compte les réalités des territoires ruraux. Le finan- cement pose problème mais au-delà même des moyens, où trouver du per- sonnel qualifié prêt à venir travailler 30 ou 45 minutes au fin fond du Haut-

Doubs ? Comment résoudre la question du transport sur des R.P.I. (regroupe- ments pédagogiques intercommunaux) à plusieurs communes ? Sans parler de l’arbitrage entre le mercredi ou le same- di matin travaillé. Les parents sont sou- vent sur la même longueur d’ondes que les collectivités locales. À l’école de la contestation. La solution du compromis trouvée à Pontarlier PONTARLIER Le samedi matin de 8 h 30 à 10 h 30

La Ville de Pontarlier a retenu le scénario qui se rapproche le plus de l’organisation scolaire actuelle en optant pour le samedi matin d’école comme le préconisait la majorité des enseignants.

E st-ce le réflexe de conservation, la peur de l’inconnu, la sécurité des choses maîtrisées, toujours est-il que Pontarlier n’a peut- être pas opté pour la solution la plus innovante mais certainement la plus proche de l’existant. Peut-on lui repro- cher ? Non car Patrick Genre et sa pre- mière adjointe Marie-Claude Masson en charge du dossier n’ont jamais caché leur point de vue sur cette réforme. Le maire estime qu’il s’agit avant tout “d’un choix politique sans se préoccu- per de l’impact sur les enfants, l’enseignement et les collectivités locales. Tout a été mené à l’encontre du bon sens et il s’est avéré judicieux de prendre une année de plus.” La méthode pontissalienne consiste à élaborer avec les services concernés différents scénarios en prenant en comp- te l’avis du corps enseignant,des parents, du monde associatif susceptible d’être mobilisé dans cette réforme. La resti- tution de ce travail a été présentée lors d’une réunion publique le 17 octobre dernier. Cette rencontre a permis de mesurer toute la complexité du dos- sier. 1 1 395 enfants sont scolarisés dans les écoles publiques pontissaliennes. La Ville consacre aujourd’hui un budget annuel de 370 300 euros pour l’accueil en périscolaire, l’animation sportive et l’animation artistique et culturelle. “Du personnel municipal intervient enmilieu scolaire pour encadrer des séances de piscine et gymnastique, indique Marie- Claude Masson. Cet accompagnement prend aussi la forme d’initiation spor- tive, musicale, littéraire, archéologique.” L’avantage de la formule, c’est qu’elle

profite à tous les enfants. Ce critère s’avérera déterminant au moment du choix final. Pour mener à bien la réforme sur Pon- tarlier, il faut trouver au moins 85 ani- mateurs susceptibles d’encadrer les activités périscolaires. D’un scénario à l’autre, les coûts varient de 100 000 à 300 000 euros. Se pose aussi la ques- tion des locaux et des bus. La Ville qui se devait alors de rendre sa copie à l’académie pour le 15 novembre a pris en compte les remarques des associa- tions, du conseil d’école et des parents qui ont réagi suite au 17 octobre. “On a reçu une dizaine de contributions” , note Patrick Genre au conseil munici- pal du 6 novembre où le choix du scé- nario retenu a été annoncé et validé. Les petits Pontissaliens iront à l’école de 8 h 30 à 11 h 30 et l’après-midi de 13 h 30 à 16 heures Ils seront libérés le mercredi matin et reprendront le

“Le seul reproche :

que l’État se soit défaussé su les collec- tivités pour cette réfor- me”, critique Marie-Claude Masson.

chemin de l’école le same- di matin de 8 h 30 à 10 h 30. Ce qui fait déjà dire à certains qu’il fau- dra s’attendre à beau- coup d’absentéisme pour cette courte matinée. À voir. “On a fait le choix de mettre l’enfant au centre des préoccupations municipales. Ce scéna- rio maintient les efforts de la ville dans le cadre du temps scolaire. C’est le choix de l’équité et de la gratuité” , justifie le maire. Le choix du samedi résul- te tout simplement de la

S’attendre à beaucoup d’absentéis me le samedi matin.

ne Grosjean en séance. “Le projet édu- catif formalise l’engagement des diffé- rents partenaires de se coordonner pour organiser des activités éducatives et assurer la cohérence des actions conduites sur l’ensemble des temps de vie des enfants. Il constitue donc un outil essentiel pour la mise en œuvre du volet éducatif de la réforme des rythmes scolaires.” selon l’Éducation nationale. Beaucoup d’interrogations subsistent. “On ne sait pas encore les activités qui

seront proposées aux enfants, ni com- bien ils seront. On ne sait pas dans quel contrat enfance on fera entrer ces acti- vités. Les C.A.F. ne sont pas prêtes à tout subventionner. On a transmis nos propositions à l’Éducation nationale. Nous savons que des écoles ne sont pas d’accord et qu’elles ont fait des contre- propositions à l’Inspection qui devra trancher. La décision finale sera enté- rinée le 19 décembre” , conclut Marie- Claude Masson. F.C.

volonté de suivre l’avis des enseignants qui s’étaient prononcés à 59% en faveur de cette journée. Les parents avaient opté à 75 % pour le mercredi scolari- sé. En privilégiant le samedi, la ville semet aussi dans l’obligation d’élaborer un Programme Éducatif Local.Un enga- gement qui a le mérite de rallier les conseillers socialistes au choix de la majorité. “J’ai retrouvé le sourire car vous avez parlé de projet éducatif. C’est le plus dur, c’est le plus beau. Je trou- ve cela enthousiasmant” , a réagi Kari-

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