La Presse Pontissalienne 170 - Décembre 2013

PONTARLIER ET ENVIRONS 18

La Presse Pontissalienne n° 170 - Décembre 2013

BANNANS

Un souci de préservation des races René Troutet, numéro 1 français du lapin Grand Russe

Cet éleveur d’animaux de basse-cour a remporté le titre de champion de France à Limoges en octobre dernier. Une fierté toutefois pondérée.

L’ élevage, c’est son dada. Même si RenéTroutet pra- tique d’autres loisirs dans la vie comme la course à pied ou le vélo, c’est encore auprès de ses poules et ses lapins qu’il exprime tout son potentiel. Ce fils d’agriculteur a toujours été attiré par la sélection des bêtes. Il aurait pu briller dans les comices et les concours bovins. Moins évident qu’il ait pris autant de plaisir aux contraintes matérielles et administratives imposées aujourd’hui par le métier d’agriculteur qu’il n’a finalement jamais exercé. Pendant longtemps, il s’est contenté d’élever ses petites

bêtes à des fins alimentaires. Mais toujours avec ce souci d’avoir de beaux animaux. “En 2007, j’ai eu l’opportunité de récupérer un élevage de poules “Crève-cœur” et de lapins “Grand Russe”. À partir de ce moment- là, j’ai franchi le cap des expo- sitions.” René Troutet a délibérément choisi des races assez rares. Ni l’une ni l’autre ne sont origi- naires de Franche-Comté. “C’est dans l’ouest qu’on retrouve le berceau de la plupart des volailles et lapins.” Le Grand russe n’échappe pas à la règle. Cette race a été créée en Nor- mandie. Deux explications sont plausibles sur le nom. L’effet de mode de se référer à des desti- nations lointaines ou la trans- cription du mot “russ” en alle- mand qui signifie suie, soit la couleur des extrémités duGrand Russe. Parti avec un seul couple de lapins, l’éleveur de Bannans n’a eu de cesse de se rapprocher des meilleurs, sans tomber dans l’exagération. Ses lapins sont nourris à base d’herbe et de foin. La sélection s’opère sur le choix des accouplements et la recherche des reproducteurs les plus pertinents. Le Grand Rus- se reste à la base un lapin fer- mier avec une tête massive mais sans lourdeur.D’un poids variant de 4 à 4,5 kg, il se présente sous une livrée blanche avec cette particularité d’avoir les extré- mités d’un noir intense. “Cette couleur est thermosensible, d’où

le choix de faire naître les lapins au froid pour marquer ce carac- tère.” RenéTroutet s’est déplacé avec cinq lapins au cham- pionnat de Fran- ce des races avi- coles et cunicoles normandes qui se sont déroulés les 26 et 27 octobre à Limoges. Il avait aussi emporté quelques poules crève- cœur. “Je ne vous dis pas l’émotion quand j’ai appris

De type albinos, le

Grand Russe se présente sous une livrée blanche avec les extrémités noires.

Des races un peu trop vite oubliées.

que j’avais gagné le titre pour le Grand Russe” , apprécie le champion qui sait faire la part des choses. Il confie également que sa plus belle poule est mon- tée sur la seconde marche du podium. Rien n’est pardonné sur un concours. Pour le Grand Russe, un simple ongle blanc, le double menton ou l’absence de testicules, ce qui arrive par- fois quand on abuse de la consan- guinité, et c’est la disqualifica- tion immédiate. Fier de son titre, René Troutet garde les pieds sur terre. “On est dans une certaine recherche de la perfection tout en gardant l’idée d’agir pour la préserva- tion de ces races un peu trop vite oubliées mais qui font partie du patrimoine domestique.” F.C.

HOUTAUD

Objectif 77 exploitations Pari réussi pour le granulé d’herbe C’est le sentiment qui se dégage au terme de la première saison de fonctionnement de Desia 25 l’unité de déshydratation de fourrage qui rassemble 77 exploitations agricoles du haut-Doubs.

Les respon- sables de Préval et de Desia 25 étaient réunis le 14 novembre à Pontarlier pour la signa- ture du contrat de vente de chaleur entre les deux structures.

S’ il est encore trop tôt pour crier victoire, Desia 25 a déjà sur- monté le palier de la mise en route. Les premiers résultats sem- blent encourageants malgré un prin- temps pluvieux qui n’a rien arrangé. “Tout le monde s’est mis à faire les foins en même temps, ce qui a com- pliqué la mise en route et les nombreux réglages qui vont avec. Pourtant, on a déjà une exploitation à Bolandoz qui sera 100 % autonome en aliments” , explique Emmanuel Marguet, le pré- sident de Desia 25. Cet exemple devrait faire des petits. L’objectif étant que les 77 exploita- tions agricoles adhérentes à Desia 25 parviennent à nourrir leurs vaches à comté uniquement avec du foin, du regain et de l’herbe déshydratée pro- duite sur le site Desia 25 à Houtaud. De quoi s’affranchir une bonne fois pour toutes des soubresauts observés sur les cours du colza ou du soja qui entrent dans la composition des concen- trés donnés aux vaches. Le granulé produit chez Desia n’est pas forcément moins cher mais son cours est infiniment plus stable et garanti sans O.G.M. Pour la qualité,

elle est étroitement liée à celle du four- rage. “C’était très mauvais en juin et excellent cet automne. Ceux qui ont déshydraté leur troisième coupe peu- vent en témoigner.” Attendu sur la question de la logis- tique pas évidente à mettre en place pour acheminer du foin de Belleher- be à Mouthe, Emmanuel Marguet se montre là aussi plutôt satisfait. “Sur les premiers chiffres, on est en dessous de ce que l’on avait prévu en coûts de transport. On a également pu passer aumoins une fois dans toutes les exploi- tations.” Le premier bilan s’avère donc

été” , rappelle Claude Dussouillez, le président de Préval. Le syndicat mix- te de gestion des déchets n’a pas hési- té à investir 1,26 million d’euros dans l’installation du réseau de chaleur qui relie l’usine d’incinération et l’unité de déshydratation située dans la plai- ne d’Houtaud. Sans oublier l’échangeur d’une puissance de 8,5 MWh, équi- valente à la consommation de trois hôpitaux comme celui de Pontarlier. Le contrat de vente de chaleur signé le 14 novembre entre Préval et Desia 25 est basé sur la fourniture de 20 000 MWh principalement disponible d’avril à octobre. “Rien n’empêche ensuite Desia 25 de valoriser tous les surplus à partir du moment où l’on a honoré les commandes des autres utilisateurs du réseau chaleur. Desia 25 bénéficie d’un tarif de vente très attractif les premières années pour lui permettre de se développer. Puis les tarifs seront révisés progressivement à la hausse.” Quand la saison des foins se termine, le site d’Houtaud passe en production de granulés bois, la matière étant four- nie par les deux scieries ayant pris des parts dans la société. F.C.

prometteur. Il génère la création de neuf emplois directs et autant en sous-traitance. “Cela prouve qu’on peut conci- lier écologie et écono- mie.” L’optimisme est aussi de rigueur du côté du fournisseur d’énergie, à savoir Préval. “On cherchait depuis des années un débouché pour valoriser l’énergie résiduelle produite en

Concilier écologie et économie.

René Troutet fait désormais partie des meilleurs cuniculteurs français en race Grand Russe.

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