La Presse Pontissalienne 167 - Septembre 2013

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 167 - Septembre 2013

6

EMPLOI FRONTALIER : L’INQUIÉTUDE DES INDUSTRIELS SUISSES

Il fallait bien un jour que ça arrive : la Suisse, ce havre du plein-emploi, est-elle touchée à son tour par le marasme économique ? À en croire les études publiées en cette rentrée de septembre par les experts de l’économie, il y a quelques raisons de s’inquiéter. Sans tomber dans un constat alarmiste qui n’aurait aucun sens, il convient néanmoins de constater que tant du côté du canton de Neuchâtel que de celui de Vaud, la branche industrielle est plutôt morose quant à ses perspectives à moyen terme. Moins de commandes, un environnement économique incertain et même des projets de suppression d’emplois, c’est une rentrée économique étonnamment frileuse chez nos voisins suisses. Pour

l’instant, l’emploi frontalier ne ressent pas les conséquences de ce coup de mou. Le nombre de frontaliers était toujours orienté à la hausse au second trimestre 2013. L’économie neuchâteloise marque le pas CONJONCTURE Stagnation des exportations suisses En cette rentrée 2013, c’est le pessimisme

qui est de rigueur chez les industriels du canton voisin de Neuchâtel. On parle même de suppressions d’emplois… EMPLOI Légère hausse Le taux de chômage reste deux fois moindre qu’en France Les derniers chiffres du chômage dans le canton de Neu- châtel accusent une légère hausse. Mais le taux de chômage ne s’élève qu’à 5,1 % à fin juillet.

Ce sont les machines- outils et la production

d’équipement s électriques qui subissent le plus grand recul.

L a Suisse n’est pas un îlot déta- ché du reste du monde. Malgré le fait que notre voisin profite de la santé insolente de son écono- mie, comparée à la plupart de ses voi- sins européens, il n’en subit pas moins les conséquences de la crise mondiale, marquée notamment depuis quelques mois par le fort ralentissement des pays dits émergents qui affichaient jusque- là des taux de croissance records. Dans ce contextemondial agité, la Suis- se continue d’obtenir des résultats posi- tifsmais comme le souligne l’économiste neuchâtelois Jean-Pierre Ghelfi, “les activités industrielles sont en revanche davantage à la peine. Les exportations ont stagné au premier trimestre. Les entreprises considèrent que la situation actuelle des affaires reste insatisfai- sante.” La prudence est donc de mise du côté des industriels helvétiques. Excès de prudence peut-être, sachant que la situation sur lemarché de l’emploi reste satisfaisante et que la courbe du chômage en Suisse baisse depuis le prin- temps. Dans le canton de Neuchâtel, une région fortement industrialisée dont les activités destinées à l’exportation

sociale du canton qui au vu du senti- ment des industriels reconnaît qu’il il y a “une certaine inquiétude, mais je dirais que c’est plutôt une normalisa- tion de la situation car l’industrie était à un très haut niveau jusque-là.” Les secteurs industriels qui sentiraient la plus grosse baisse sont les machines- outils et lamétallurgie ainsi que la pro- duction d’équipements électriques et électroniques, la mécanique de préci- sion et l’optique. L’horlogerie, même si elle ressent une baisse, reste épargnée par ce début de morosité. Malgré ce relatif pessimisme d’industrie suisse voisine, des chiffres restent ras- surants comme celui des exportations. Au deuxième trimestre de cette année, les exportations neuchâteloises ont décollé de 15,5 % par rapport au pre- mier trimestre. Et en rythme annuel, cette hausse est de + 7,4 %, contre + 4,6 au niveau du pays. L’eldorado situé de l’autre côté de la frontière, s’il ressent un petit coup de mou, n’en reste pas moins un secteur privilégié. Les fron- taliers n’ont pas encore de vraies rai- sons de s’inquiéter. J.-F.H.

sont de fait fortement influencées par le contexte international, on dit subir la faiblesse persistante de la demande. “Dans leur ensemble, les entreprises industrielles du canton de Neuchâtel sont en effet plutôt pessimistes confir- me Jean-Pierre Ghelfi. Elles escomp- tent certes une légère reprise des entrées de commandes au cours des tout pro- chains mois, mais pas d’amélioration de la production pour autant. De ce fait, davantage d’entreprises envisagent de supprimer des emplois que d’embaucher du personnel.” Selon les services économiques du can- ton de Neuchâtel, pour la première fois

À fin juillet 2013, le nombre de demandeurs d’emploi résidant dans le canton de Neuchâtel s’établit à 6 169 personnes, soit une hausse de 78 personnes par rap- port au mois précédent. L’effectif des chômeurs atteint 4 548 per- sonnes, en augmentation de 68 per- sonnes. Le taux de chômage affiche une hausse de 0,1 point pour se fixer à 5,1 %. Dans la région de l’Arc jurassien et au niveau national, la hausse est identique avec des taux de chômage atteignant respective- ment 4,4 % et 3 %. Au plan cantonal, l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi au mois de juillet touche indistincte- ment les femmes (+ 37 personnes) et les hommes (+ 41 personnes). Selon la nationalité, les citoyens suisses sont plus durement touchés (+ 64 personnes) que les étrangers (+ 14 personnes). Selon le critère de l’âge, la hausse frappe principalement de jeunes demandeurs d’emploi (+ 69

personnes de moins de 30 ans) ayant terminé leurs études ou leur appren- tissage. Ce phénomène est habituel à pareille époque et devrait encore s’accentuer le mois prochain. Selon les catégories professionnelles, il convient de relever la diminution de 10 demandeurs d’emploi dans le secteur de l’hôtellerie-restauration qui profite de la saison estivale. À l’inverse, les professions de l’horlogerie (+ 12 personnes) et des métaux et machines (+ 10 personnes) voient leur effectif de demandeurs d’emploi augmenter. Il convient toutefois de rappeler que le mois de juillet est peu propice à l’engagement de personnel dans ces secteurs en raison de la période des vacances d’entreprises. Les professions commerciales (prin- cipalement des apprentis employés de commerce) et les autres profes- sions diverses (principalement des étudiants fraîchement diplômés) enre- gistrent des augmentations de res- pectivement 16 et 12 personnes.

depuis plusieurs années, l’indice synthétique concernant l’industrie hor- logère est devenu négatif en début d’année et l’est resté depuis. “Le carnet de commandes est jugé très insuffisant” ajoute l’économiste. Ce constat est toutefois tempéré par Noreddine Hmamda, chef de projet au département de l’économie et de l’action

“Le carnet de com- mandes est jugé très insuffi- sant.”

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online