La Presse Pontissalienne 167 - Septembre 2013

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n° 167 - Septembre 2013

VAUX-ET-CHANTEGRUE

Préparation d’un second album

Kakou, le rappeur qui n’a rien d’un lascar

S on exemple prouve que le rap n’est pas l’apanage ou la propriété exclusive des artistes des cités. Parce qu’il n’appartient pas à ces com- munautés urbaines, cer- tains estiment d’ailleurs qu’Élie Sal- vi n’a rien d’un rappeur. Et ne se privent pas de lui faire savoir. Lui se refuse à entrer dans le jeu, se conten- tant de quelques piques savamment distillées entre les lignes de ces textes. À ceux qui en doutaient encore, il rétorque assez justement que les têtes d’affiche de la planète rap sont aujour- communicatif quand il monte sur scène pour s’exprimer dans un genre musical qui ne lui correspond, a priori, pas forcément. Paradoxes. Solitaire “sanglier” du Haut-Doubs, Élie Salvi se métamor- phose en rappeur

Le jeune rappeur vient de lancer sa propre ligne de vêtements.

d’hui les ambassadeurs d’une musique standardisée à outrance. Élevé au grand air du Haut-Doubs dans le village de Vaux-et- Chantegrue, Élie Salvi a toujours eu le goût de la musique. “Au départ, j’étais chanteur dans un groupe rock, puis punk. À 18 ans, j’ai commencé à écrire des textes en pensant que la meilleure façon de les exprimer pas- sait par le rap” , note celui qui appré- cie volontiers le mélange des styles. Kakou, c’est des paroles de rap sur des instrumentales Hip-hop avec des inspirations rock voire reggae. Son nom de scène reprend son surnom d’enfance durant laquelle son côté cas- se-cou lui a valu pas mal de plâtres. “Je me suis pratiquement tout cassé” , sourit le jeune homme du haut de ses 22 printemps. Autre hypothèse plau- sible en référence à son prénom popu- larisé par l’humoriste Élie Kakou. De concerts en nouveaux titres, la démarche a finalement abouti à la

être parce qu’ils ont toujours accepté de l’accompagner dans ses projets artistiques. Son cursus scolaire l’a conduit jusqu’à l’obtention d’un B.T.S. en commerce international. “Comme je ne me voyais pas travailler toute la journée en cos- tume, je suis reparti dans les études pour suivre une formation musicale d’une année à Nancy.” C’est suite à cette expérience qu’il entame sa car- rière de chanteur. Son groupe, car il se fait une priorité de toujours jouer avec des musiciens sur scène, s’est déjà produit une bonne vingtaine de fois. Sur le Haut-Doubs mais aussi à Paris, Nancy, Lyon, Ajaccio… “On a choisi de lever légèrement le pied pour privilégier l’enregistrement d’un second album et la réalisation de petits clips diffusés sur le web. On veut attirer davantage les organisateurs de concerts.” Kakou espère bien vivre de lamusique, ce qui n’est pas encore le cas. D’ici là, il pérennise une tradition familiale de bûcherons-sangliers. Installé en auto-entreprise, il lève des sangles à mont d’or. Un job physique, mais plai- sant. “C’est mon sport à moi. En forêt, c’est là que me vient le plus d’inspi- ration.” S’il dénonce les travers d’un système qui laisse peu de chance aux auteurs-compositeurs atypiques,Kakou ne crache pas non plus dans la soupe du commerce en ligne. Il vient récem- ment de lancer sa collection de vête- ments estampillée du logo “double k” en référence à son nom de scène. De quoi s’équiper en tee-shirts, pulls, sweat-shirts à capuche dans une lar- ge gamme de couleurs. La sortie du nouvel album est pro- grammée en fin d’année. Les fans et les curieux auront droit, histoire de patienter, à quelques clips vidéos dif- fusés en avant-première sur le site du rappeur. (http//:kakou-officiel.com) F.C.

sortie en mars 2012 de l’album Tiens le coup. “J’ai travaillé en colla- boration avecAstro Boy, le bassiste du groupe pour faire les” instru” et c’est lui qui s’est char- gé de mastériser l’en- semble.” Au fil des morceaux se dévoile un artiste atta- ché aux valeurs fami- liales qui ne se prive pas de dénoncer les failles de la société sans pour autant tomber dans la violence ou la vulgarité. “Je ne pense pas que mes parents apprécieraient une lita- nie de gros mots” , pour- suit celui qui semble leur vouer une belle reconnaissance peut-

Une tradition familiale de bûcherons- sangliers.

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