La Presse Pontissalienne 167 - Septembre 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 167 - Septembre 2013

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POLITIQUE

Le retour du “vieux renard” Jean-François Humbert n’a pas dit son dernier mot

Sénateur du Doubs et ancien conseiller général du canton du Russey, Jean-François Humbert est candidat aux élections municipales de Besançon. Le vieux renard de la politique dit “faire le chemin inverse de Robert Schwint.”

car des Bisontins et Bisontines m’ont dit “O.K.” Je rencontre des personnes et j’ai toujours été intéressé à la vie bisontine contrairement à ce que cer- tains veulent faire croire. L.P.P. : Avant votre annonce, avez-vous fait connaître votre souhait à des membres de l’U.M.P. ? Pourquoi n’avez-vous pas participé à l’investiture ? J.-F.H. : Oui, à Jean-Claude Gaudin qui est le président de groupe au Sénat et à Jean-François Copé que j’ai rencon- tré. Copé m’a dit : “T’es bien un Jean- François” (rires). Est-on candidat par- ce qu’un parti politique a décidé que vous seriez candidat que vous devez l’être ? J’ai des convictions. J’ai été sur- pris d’être invité par l’U.M.P. pour l’investiture à laquelle je n’ai pas par- ticipé car j’étais pris. L.P.P. : Est-il vrai que vous avez rencontré le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret durant l’été ? Certains disent que vous êtes un sous-marin du P.S. J.-F.H. : Oui, je l’ai rencontré. C’est un processus normal. L.P.P. : Pourquoi les Bisontins devraient croi- re en vous alors que vous vous êtes présen- té à deux élections puis retiré à deux reprises ? J.-F.H. : Lorsque j’ai fait ma première renonciation (2001), je n’avais jamais annoncé que j’étais candidat. La secon- de fois (2008), oui j’étais candidat, mais j’ai été investi puis désinvesti par le parti ! Comprenez aujourd’hui ma réti- cence. L.P.P. : Que dire du bilan de Jean-Louis Fous- seret ? J.-F.H. : Il faut qu’une personne dise “halte au feu” face à cet investissement

et au fonctionnement qui grimpe. Il y a l’obligation d’une ges- tion. Il faut des choix. J’ai montré, lorsque je dirigeais la Région, ma faculté à gérer. L.P.P. :Comment allez-vous vous positionner politi- quement ? Qui pour vous suivre, vous aider ? J.-F.H. : Je n’ai pas d’étiquette partisane mais j’aurai une connotation centriste. L.P.P. : Pourquoi ne pas vous rallier à Philippe Gonon (U.D.I.) alors ? J.-F.H. : Gérard Figard est dans le mouve- ment centriste. Il m’a rejoint.

L.P.P. : Pourquoi revenir ? Que promettez-vous aux Bisontins ? J.-F.H. : Je suis un homme de conviction qui ne va pas dire l’inverse de ce qu’il va faire. Lorsque vous avez des idées fortes, des convictions, des idées concrètes, il faut aller au bout. Je l’ai prouvé avec leT.G.V. dans lequel,modes- tement, j’ai joué un rôle déterminant ou encore dans la création de 10 000 emplois lorsque j’étais président de Région. L.P.P. : Que pensez-vous de la politique régio- nale menée par Marie-Guite Dufay (P.S.) ? J.-F.H. : Je n’ai pas l’habitude de com- menter les personnes qui sont en pla- ce. Je regrette l’arrêt de l’aide à la réa- lisation de films. En matière de promotion du territoire, c’est discu- table. L.P.P. : Votre été fut chargé médiatiquement. Pourquoi avez-vous été choisi comme prési- dent de la commission d’enquête sur le dopa- ge dans le sport. Quel était votre rôle ? J.-F.H. : Cette commission d’enquête sur le dopage regroupait des sénateurs issus de tous les partis présents au Sénat. On ne rejoint pas cette com- mission sans être un passionné de sport (N.D.L.R. : Jean-François Humbert est ceinture noire de judo et supporter du F.C. Sochaux-Montbéliard). La com- position de cette commission se fait sur la base du volontariat. Mon grou- pe a accepté que je le représente et j’ai été désigné président. Mon rôle, avec celui du rapporteur, était important : j’assurais le bon déroulement de la commission notamment dans l’ordre d’audition des personnes. Il faut que chacun apporte quelque chose à la réso- lution du problème. L.P.P. : Et pourquoi une commission spécifi- quement sur ce thème ? J.-F.H. : Cette commission a été mise en place par rapport à deux objectifs : le problème d’éthique que le dopage pose dans un premier temps et veiller à la santé publique dans un second temps. Même dans le sport amateur, des per- sonnes mettent leur vie en danger. L.P.P. : Et le dopage n’est pas l’apanage des cyclistes… J.-F.H. : Même à la pétanque des per- sonnes se dopent. Des boulistes pren- nent des bétablocants pour ne pas trem- bler. Le rugby est le sport où le dopage est le plus pratiqué. L.P.P. : Avez-vous subi des pressions lors de cette enquête ? Publier le rapport au cœur du Tour de France était-il un geste prémédité ? J.-F.H. : Je n’ai pas subi de pressions alors que le rapporter dit en avoir subi. Nous avons effectivement changé d’une semaine la conclusion du rapport afin qu’elle ne se télescope pas avec l’effroyable étape de l’Alpe-d’Huez avec l’accord des membres de la commis- sion. L.P.P. : Surpris par les déclarations de Laurent Jalabert qui a dit (suite à un contrôle révélé positif) :“Je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que ce soit vrai” ? J.-F.H. : Je n’attendais pas d’un cham- pion d’être un super-communicateur. J’ai été néanmoins surpris. On a beau être sénateur, on est aussi un homme. L.P.P. : En conclusion, ce travail vous a dopé dans votre action politique… J.-F.H. : Je pars pour gagner. J’adapterai mon travail au Sénat en fonction de la campagne municipale. Propos recueillis par E.Ch.

L a Presse Pontissalienne : À 61 ans et alors que vous êtes sénateur, pour- quoi vous lancer dans la bataille des municipales à Besançon ? Jean-François Humbert : À défaut de vivre avec des regrets, je ne veux pas vivre avec des remords. Je suis candidat aux municipales de Besançon car l’important en démocratie, c’est l’alternance. Je souhaite participer au débat démocratique. Je considère que c’était le moment de le faire savoir. L.P.P. : L’étiquette de politique venu du Haut- Doubs (il est originaire de Bonnétage) vous colle à la peau. Arriverez-vous à vous en défai- re ? J.-F.H. : Les gens du Haut-Doubs réus- sissent assez bien à Besançon. Je rap- pelle que Robert Schwint (du Russey) a été un bon maire. Disons que je fais le chemin inverse que celui qu’il a par- couru. Même si j’ai des attaches dans le Haut-Doubs, je suis Bisontin. J’habite Besançon. L.P.P. : Quels sont vos rapports avec vos homo- logues de l’U.M.P. du Haut-Doubs ? J.-F.H. : Mes amis de l’U.M.P. locale ne se sont adressés à moi que pour des questions d’argent. Une réunion a eu lieu à Morteau avant les élections can- tonales où certains ont dit “Attention,

Humbert revient” comme si j’étais la peste. Cette posture a conduit à la per- te du canton du Russey qui était his- toriquement à droite. L.P.P. : Pourquoi ne pas avoir signifié votre can- didature à l’U.M.P. et à son candidat Jacques Grosperrin ? Ne craignez-vous pas des sanc- tions du parti ? J.-F.H. : Je le répète : je suis membre du groupe U.M.P. au Sénat mais je ne suis pas encarté au parti. Je serai candi- dat quelles que soient les raisons. Est- ce la première fois qu’il y a des diffi- cultés entre des membres de la même famille politique ? Rappelez-vous les cantonales avec Jacques Grosperrin. Il sera difficile de m’exclure d’un par- ti auquel je n’appartiens pas. L.P.P. : Jacques Grosperrin justement, n’est- ce pas lui mettre des bâtons dans les roues ? Quelle différence existe entre vous et lui ? J.-F.H. : La différence entre moi et lui est dans la manière dans laquelle il a dû lâcher ses mandats aux élections (Grosperrin les a perdus). Je n’ai rien contre la personne car nous avons été proches mais lorsque notre parti a per- du dans le département deux sièges sur trois de sénateur, a perdu le Conseil général et les postes de députés, je pen- se que l’on peut s’interroger. J’y vais

“Je n’ai pas subi de pressions.”

L.P.P. : Et d’autres, de l’U.M.P., vous rejoin- dront-ils ? Peut-être même Jean Rosselot… J.-F.H. : Il y aura 54 noms, c’est une lis- te ouverte.Avec Jean Rosselot, j’ai suf- fisamment eu de difficultés avec lui pour ne pas en créer de nouvelles. Je le répète, je suis ouvert. L.P.P. :Vous qui avez toujours défendu le non- cumul des mandats, cette candidature n’est pas celle de trop ? J.-F.H. : Je défends le non-cumul des rémunérations, c’est différent ! Au regard des Français qui connaissent la crise, est-ce logique que quelqu’un puisse être sénateur tout en gardant une profession libérale ? Il faut se poser la question.

Originaire du Haut- Doubs, Jean- François

Humbert est candidat aux municipales à Besançon.

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