La Presse Pontissalienne 166 - Août 2013

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 166 - Août 2013

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ENQUÊTE : L ES SALARIÉS

DE LA MAIRIE

ONT LE BLUES

La fonction publique territoriale n’est plus ce qu’elle était. Le voca- bulaire a changé. Désormais, comme dans le privé, on y parle de rentabilité, d’efficience, de productivité, en adoptant les méthodes de management qui vont avec ces mots-là. C’est un changement de culture auquel sont confrontés les agents de la fonction publique que beaucoup vivent assez mal. Une récente enquête de la C.F.D.T. Interco a permis de prendre le pouls des agents dans la fonction publique. Elle met en évidence un malaise à la ville de Pontarlier où 98 % des 250 personnes qui ont répondu à l’enquête disent avoir des relations difficiles avec leur hiérarchie.

PONTARLIER Le syndicat C.F.D.T. Interco a mené l’enquête Ça coince entre les agents et leur hiérarchie Le chiffre est éloquent : 98 % des 251 agents interrogés en 2012 par le syndicat C.F.D.T. Interco estiment que les relations avec l’encadrement sont difficiles. Selon cette organisation, par rapport aux autres collectivités sondées, c’est le taux le plus élevé du département. E n 2012, le Syndicat C.F.D.T. Inter- co a réalisé une enquête intitu- lée “Votre vie au travail” auprès du personnel de plusieurs col- visiblement attendue dans les services où les agents ne se sont pas faits prier pour donner leur avis. “À la mairie de Pontarlier, nous avons obtenu un taux de retour de 80 %, soit 251 agents” se félicite Isabelle Bachetti, permanente syndicale et défenseur juridique.

Repères Les résultats de l’enquête de la C.F.D.T. Interco Pontarlier En 2012, le syndicat C.F.D.T. Interco a distribué un questionnaire à tous les agents de la mairie de Pontarlier. 80 % ont répondu anonymement. Voici le détail des résultats qui donne une idée de l’état de la fonction publique à Pon- tarlier et de l’ambiance qui y règne.

mais, si ce n’est pas fait en temps et en heure,il y a un rappel à la règle” explique Béatrice Shuh-Neff.En tentant demettre un peu d’ordre dans l’organisation de la vie au travail, les cadres font visi- blement grincer des dents les agents de la maison Ville. Le syndicat Interco n’a pas encore iden- tifié toutes les causes de ces problèmes relationnels dont certaines seraient plus graves qu’une simple difficulté à communiquer. Pour le savoir, il va pous- ser plus loin ses investigations. T.C. à 10 % que le travail est très stres- sant et vous le vivez de plus en plus mal à 33 % que vous êtes stressés mais que vous vous en sortez à 26 % que le travail est plutôt mau- vais pour la santé Source C.F.D.T. Interco 3- Les aspects de votre travail Ce qui vous motive : à 76 % le contact avec le public à 74 % les horaires à 73 % l’ambiance avec les collègues à 72 % l’intérêt du travail Ce qui vous démotive : à 52 % les perspectives profession- nelles à 41 % la relation avec la hiérarchie à 34 % la charge de travail 4 - Ce qui vous dérange le plus dans votre environnement professionnel : à 31 % la chaleur et/ou le froid à 30 % le bruit à 24 % le port de charges lourdes En ce qui concerne la pénibilité, vous dites : à 46 % qu’elle est plutôt forte à très forte

Beaucoup estiment ne pas être enten- dus par leur hiérarchie. Il faut recons- truire une culture de la fonction publique qui soit partagée par tous” remarque la C.F.D.T. Interco. Si avant un agent pouvait être convo- qué par son supérieur pour régler un problème, désormais, selon le syndicat, le message passe le plus souvent par une note de service qui le rappelle à l’ordre. “Par exemple,unagent a 48heures pour transmettre à la ville son arrêt de travail. Avant, on tolérait qu’il puisse dépasser légèrement ce délai. Désor- 2 - Votre temps de travail Vous êtes 72 % à faire des heures en plus de votre temps de service qui sont à 27 % imposées Vous êtes 12 % à emporter du tra- vail à la maison Vous êtes 12 % à avoir un temps de travail non choisi 1 - De votre travail vous pensez que : à 26 %, vous avez trop de travail à 23 % on vous demande trop par rapport à votre grade à 9 % vous avez le sentiment d’être au placard à 45 % votre travail est mal défini par votre hiérarchie à 47 % vous effectuez des tâches qui ne sont pas de votre ressort à 44 % vous vous impliquez dans votre travail, mais vous avez le senti- ment de n’être pas reconnu à 48 % vous recevez des ordres contradictoires à 98 % la relation avec l’encadrement est difficile à 33 % vous avez le sentiment d’être mal informé

fie pas en revanche de dramatiser la situation. “Ces problèmes relationnels résultent surtout de difficultés de com- munication entre la hiérarchie et les agents. C’est dans la transmission de l’information que le bât blesse. On a l’impression qu’ils ne parlent pas la même langue” notent les représentantes de la section C.F.D.T. Interco de la vil- le de Pontarlier. Le syndicat va réflé- chir à la manière dont il est possible d’améliorer le dialogue social car ces problèmes relationnels “affectent les conditions de travail des agents.” La dégradation des relations dans les rapports hiérarchiques serait liée à un changement de la culture “d’entreprise” qui a bousculé les habitudes. “Avant, il y avait unmanagement “familial”.Tout le monde se connaissait. Désormais, la ville se gère comme une société privée. Ondemande aux agents du service public de s’adapter. La hiérarchie impose des règles, sans prévenir parfois, que les agents ne comprennent pas toujours.

lectivités duDoubs. L’étude a étémenée entre autres, au Conseil général, au Conseil régional, dans les municipali- tés de Besançon et deMontbéliard,mais également à la ville de Pontarlier, au C.C.A.S. et à la communauté de com- munes du Larmont. Les résultats de l’enquête viennent d’être publiés pour ce qui est la mairie de Pontarlier. Ils le seront dans les pro- chaines semaines pour le C.C.A.S. et la C.C.L. “Le questionnaire a été remis par nos soins à plus de 500 agents dans ces trois structures” précise Béatrice Shuh- Neff, secrétaire de section pour la ville de Pontarlier. Les questions portaient sur le temps de travail des salariés, sur ce qui les dérange dans leur environ- nement professionnel, ce qui les moti- ve ou les démotive, et sur ce qu’ils pen- sent de leur emploi. L’enquête était

La C.F.D.T. Interco a synthétisé les réponses à ce questionnaire anonyme. Les résultats délivrent un certainnombre d’informations sur l’ambiance généra- le qui règne à lamunicipalité. L’enquête met en évidence des tensions dans les rapports hiérarchiques. Un chiffre est éloquent : 98 % des personnes qui ont répondu estiment que “la relation avec l’encadrement est difficile.” Selon le syn- dicat, c’est le taux le plus élevé de toutes les enquêtes réalisées dans les collec- tivités du Doubs. “On se doutait qu’il y avait des soucis mais pas à ce point-là” remarque Béatrice Shuh-Neff. Cependant, la C.F.D.T. Interco est pru- dente dans l’interprétation de ce chiffre. S’il traduit un vrai malaise, il ne justi-

Béatrice Shuh-Neff,

secrétaire de section de la C.F.D.T. Interco, syndicat majoritaire à

la ville de Pontarlier.

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