La Presse Pontissalienne 166 - Août 2013

ÉCONOMIE 26

La Presse Pontissalienne n° 166 - Août 2013

AGRICULTURE

Un rapport récent La fin des quotas laitiers ou le défi de la valorisation L a Presse Pontissalienne : Ce dossier procède d’une ini- tiative du C.E.S.E. ou d’une sollicitation du Conseil Régio- nal ? Le Conseil Économique Social et Environnemental de Franche-Comté (C.E.S.E.) travaille depuis deux ans sur les risques et les enjeux inhérents à la fin des quotas laitiers. Diagnostic et perspectives avec Christine-Noëlle Baudin, membre de la commission Territoires au C.E.S.E.

montbéliarde. Dans le Doubs, une exploitation sur deux est orientée dans le lait contre une sur quatre dans le Jura et en Haute-Saône. Autre spécificité comtoise : la tradition des coopé- ratives laitières. Globalement, la Franche-Comté bénéficie de la dynamique du comté. L.P.P. Comment s’adapter à la sortie des quotas ? C.-N.B. : On doit s’engager sur une augmentation de produc- tion inévitable mais maîtrisée. Comment agir ? En recherchant par exemple de nouveaux mar- chés à l’export notamment pour le comté. Avec ce fromage de garde, on a un produit bien adap- té à la croissance sous réserve qu’elle soit bien gérée. Si on fabrique plus, il faut vendre. L.P.P. : Cette dynamique n’est pas sans conséquence sur le plan environne- mental ? C.-N.B. : Effectivement, ce chan- gement peut avoir un impact sur la qualité de l’air et de l’eau. En matière de gestion des effluents, la règle européenne impose quatre mois de stocka- ge. On a préconisé de porter cet- te capacité à six mois avec l’aide de la collectivité. Ce qui peut aussi signifier dans la réalisa- tion de ces travaux de l’activité pour l’économie locale. L.P.P. : Quels sont les autres moyens d’action de la Région ? C.-N.B. : Cela passe par l’attribution d’aides à l’export uniquement pour des opéra- tions mutualisées et qui s’inscrivent dans le temps. La collectivité peut apporter son soutien au programme collec- tif d’animationModlait qui asso- cie tous les partenaires dans une logique de modération de la production laitière. Face à l’augmentation des coûts d’installation des jeunes agri- culteurs, il pourrait se révéler utile de procéder à une analy- se des besoins réels de finan- cement et d’engager une réflexion sur l’opportunité d’apports de capitaux dans les structures.Tout comme il semble nécessaire de favoriser le main- tien des entreprises locales et des centres de décision en Franche-Comté. L.P.P. :La Franche-Comté vous semble- t-elle “armée” pour passer ce cap de l’après-quotas ? C.-N.B. : Oui, mais il faut qu’elle soit consciente de ses atouts, de ses limites et de ses risques. Elle doit produire mieux pour valoriser davantage. C’est un combat collectif. On a des atouts mais en gardant à l’esprit qu’on reste une petite région laitiè- re. Propos recueillis par F.C.

Christine-Noëlle Baudin : On a réa- lisé cette étude à la demande du Conseil régional. Un grou- pe de travail spécifique a été constitué au sein de la com- mission Économie et Emploi. Il est composé de sept personnes. On a auditionné les acteurs pen- dant près de deux années pour avoir la vision la plus large pos- sible sur l’impact de la fin des quotas laitiers. L.P.P. : Comment fonctionne et évolue le marché mondial du lait ? C.-N.B. : Ce marché se caracté- rise par une demande soutenue et un prix de lait très volatile. Les quotas laitiers ont été ins- taurés en 1984 pour apporter plus de stabilité et éviter des situations extrêmes.Tout a chan- gé à partir de 2003. Sous la pres- sion de l’O.M.C. et des pays du Nord, l’Europe a pris la déci- sion de supprimer les outils de gestion la protégeant des fluc- tuations du marché mondial. Elle est de nouveau confrontée à la volatilité du marché mon- dial. La sécheresse de 2008 en Océanie a provoqué une baisse des exportations de 40 % et une hausse du prix de près de 30 % en sachant que les volumes échangés représentaient seu- lement 2,8 % de la production mondiale. On a retrouvé une situation normale en 2009 au niveau de la production ce qui a entraîné un effondrement des prix. L.P.P. :Quelle est la place de la Franche- Comté ? C.-N.B. : En 2010, pour anticiper la fin des quotas, l’État français a défini neuf bassins laitiers. La Franche-Comté appartient au bassin Grand Est qui recouvre des réalités très dif- férentes. L’originalité franc-com- toise réside dans l’importance des laits A.O.C. qui représente plus de 50 % de sa production. L.P.P. Quelles sont les caractéristiques de l’agriculture franc-comtoise ? C.-N.B. : Notre région compte 9 700 exploitations agricoles dont lamoitié sont dans l’élevage laitier. La taille moyenne du cheptel varie entre 16 et 45 vaches par ferme. Cette struc- ture à taille humaine peut être considérée comme un atout sur le plan de la couverture terri- toriale mais plus forcément en terme de productivité. Cette agriculture laitière repose sur un système très extensif avec beaucoup d’utilisation de four- rages et des prairies perma- nentes en abondance. Les trois- quarts du cheptel sont en race

Pour Christine- Noëlle Baudin, la Franche- Comté

laitière à des atouts face à la sortie des quotas. Son salut passe par la valorisation de sa production.

TOURISME La Franche-Comté se positionne Ils veulent mieux vendre

le tourisme franc-comtois

Nouveau directeur, récent site Internet et communication moderne : le Comité régional du tourisme entame une réorganisation. Il veut faire de la Franche-Comté la troisième destination touristique en hiver… et devenir une référence dans le tourisme d’itinérance.

dique” après lesAlpes et les Pyrénées. Pour cela, le comité a les moyens humains et matériels pour doper l’activité grâce à un nouveau site Inter- net. “Plus de séduction, plus de médias sociaux et plus d’outils en phase avec les besoins de l’internaute (tri de l’offre, commercialisation…), tels sont les prin- cipes qui ont orienté la stratégie du renouvellement du site” explique le C.R.T. qui s’appuie sur son observa- toire pour connaître ses clients et leurs desiderata . La Franche-Comté, à la 13 ème place des destinations en France, espère glaner quelques échelons. Le C.R.T. a une feuille de route. À lui de la respecter. Le secteur emploie 13 700 salariés à l’année et 670 millions d’euros sont dépensés chaque année par les tou- ristes dans la région. E.Ch.

L es professionnels du tourisme qui côtoient de près les vacan- ciers trouveront un motif de satisfaction dans la nouvelle politique comtoise dessinée par le Comi- té régional du tourisme. Ils seront - cette fois - écoutés et interrogés par les élus lorsque ceux-ci prendront des déci- sions. Ce n’était pas le cas auparavant, d’où l’agacement des hommes de ter- rain face à cette machine dont la mis- sion est d’organiser et promouvoir notre tourisme.Depuis 2013, le schéma régio- nal de développement et de promotion touristique (S.R.D.T.) a fixé 3 objectifs à la région : améliorer l’attractivité de l’offre touristique, renforcer les héber- gements touristiques, notamment l’hôtellerie, et enfin animer, promou- voir et communiquer sur les points du tourisme régional. Le terrain, Jean-Jacques Micoud le connaît bien. Le nouveau directeur du C.R.T. qui a travaillé durant 22 ans dans le domaine, au sein du C.D.T. de l’Ain puis du Morbihan (2004-2013), arrive à Besançon pour diriger l’entité. Sa mission : “Il devra promouvoir le territoire en développant trois théma- tiques fortes : les Montagnes du Jura, le tourisme urbain et culturel et le tou- risme d’itinérance” explique Éric Houl- ley, le président du C.R.T. et élu régio-

nal. Il devra aussi augmenter l’attractivité régionale. En 2012, “la fréquentation des sites a été satisfai- sante sans triomphalisme toutefois” rapporte le président duC.R.T.,conscient que notre région a encore beaucoup de travail à accomplir. Les hôteliers ont même noté une baisse de 4,5 % de leur activité.Effet d’annonce ou pas,le C.R.T. entend conduire lesMontagnes du Jura vers de plus hauts sommets afin qu’elle devienne la troisième destination “nor-

LeC.E.S.E. : qui,quoi,comment ? T roisième assemblée française, le Conseil Économique Social et Environnemental constitue une sorte de conseil des sages qui travaille au service des élus pour les aider à prendre les bonnes décisions. Le C.E.S.E. qui représente lʼensemble de la société civile est constitué de différents collèges : économique, syndicats de salariés, personnes qualifiées… Il peut sʼengager sur un dossier de son propre chef ou intervenir sous “saisine” à la demande du Conseil régional.

Le nouveau directeur du C.R.T. (à droite), sous l’œil d’Éric Houlley, dispose d’une feuille de route pour promouvoir notre région.

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