La Presse Pontissalienne 165 - Juillet 2013

AGENDA

La Presse Pontissalienne n° 165 - Juillet 2013

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PHOTOGRAPHIE

À Salins-les-Bains jusqu’au 14 juillet

Anne Chopard-Lallier

aux frontières du réel

La photographie la passionne depuis l’adolescence. Anne Chopard-Lallier a trouvé dans cette technique la matière à une expression artistique. Ses images sont surprenantes, pleines d’humour et de rêverie, d’absurdité et de poésie

D ans la foulée de pré- sentations courtoises, Anne Chopard-Lal- lier s’empresse de pré- ciser : “Je n’aime pas parler de moi.” Nous sommes prévenus. La jolie blonde de 23 ans originaire des Gras qui avoue une nature plutôt réser- vée est en réalité peu habituée aux médias. Sa place est plus souvent derrière l’objectif que

devant. Ce jour-là, les rôles sont inversés, et sa timidité s’évapore à mesure que s’enchaînent les questions sur sa passion pour la photogra- phie. C’est avec aisance qu’elle évoque cet art qui guide ses pas depuis l’adolescence. Aujourd’hui, elle veut mettre toutes les chances de son côté pour espérer en vivre un jour. On a envie d’y croire avec elle, car son travail rompt avec la banalité. Les photos d’Anne Chopard-Lallier ne sont pas celles de paysages authentiques quatre saisons, de portraits posés, ou de scènes de vie quo- tidiennes. Ces sujets sont écu- lés, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont dénués d’intérêt. Dans ses clichés, Anne Cho- pard-Lallier nous entraîne dans un monde parallèle plus poé- tique et coloré que le nôtre. Les repères y sont les mêmes, mais elle crée la rupture en mêlant à un décor réaliste des scènes totalement surréalistes. Mal- gré ce décalage dosé, il y a une forme d’évidence dans ses pho- tos qui créent une émotion immédiate chez celui qui les regarde. On passe du rire au rêve en un coup d’œil. “Je fais deux sortes de photos, des pho- tos poétiques avec une pointe d’humour et d’absurdité, et des photos plutôt sombres où la mélancolie et mes craintes sem- blent prendre beaucoup de pla- ce dans l'image. Dans les deux cas, je cherche à m’éloigner de la réalité en m’inventant mon propre monde, en prenant la liberté de lemodeler àma façon” explique Anne Chopard-Lal- lier qui a trouvé dans cet art les astuces pour figer le cours du temps. Évidemment, son champ d’investigation l’oblige à user de subterfuges pour réaliser ses images. Elle a recours à l’informatique pour retoucher des photos, sans quoi, impos- sible de faire tenir en suspen- sion un poisson rouge dans une cage à oiseau ! “J’essaie de fai-

re la composition la plus pré- cise possible au moment de la prise de vue afin d’éviter d’avoir trop à retoucher l’image.” La photographe sait que cette post- production déplaît souvent aux puristes de la photographie. Elle sait aussi qu’à l’ère du numérique, Monsieur Tout-le- monde peut transformer une image. Cette banalisation aurait pour effet de minimiser son travail. Mais le bidouilla- ge ne fait ni le talent, ni l’idée, et encore moins un reflet de l’art contemporain. “L’outil informatique dégrade l’art pho- tographique dit-on. Mais s’il était aussi simple de retoucher une photo en un clic, ça se sau- rait” répond Anne Chopard- Lallier. Elle accorde le temps nécessaire au traitement de ses images pour qu’elles cor- respondent à son univers et à l’effet recherché. “Au final, cha- cun se raconte l’histoire qu’il veut en les voyant.” Élève au lycée Montjoux de Besançon, elle vient de passer sont B.T.M. photo (brevet tech- nique des métiers). Dans le cadre de cette formation en alternance, elle a suivi son apprentissage chez un photo- graphe mortuacien.Anne Cho- pard-Lallier ambitionne main- tenant d’approfondir ses connaissances en intégrant une école d’art à Grenoble. Elle se dit prête également à démar- cher des galeries qui lui pro- poseraient un espace d’exposition. Montrer son travail pour se faire connaître et acquérir petit à petit la notoriété est un sen- tier tumultueux sur lequel s’aventurent beaucoup d’artistes sans trop savoir où il les mènera. Notre photo- graphe a “un plan B.” Elle pour- ra toujours rebrousser chemin et travailler dans le social, un domaine dans lequel elle a aus- si des compétences. Mais elle gardera chevillée au corps, sa passion pour la photo. T.C.

L’univers d’Anne Chopard-Lallier est décalé et poétique.

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102.8 Besançon 97.2 Pontarlier

vu d’ici

Autoportrait d’Anne Chopard- Lallier.

Photo Christophe ABRAMOWITZ

Pour découvrir ses travaux : Anne Chopard-Lallier sur facebook - Elle expose jusqu’au 14 juillet à Salins-les-Bains au salon régional de la photo

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