La Presse Pontissalienne 165 - Juillet 2013

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n° 165 - Juillet 2013

VALDAHON

Une jeune critique littéraire

Dévoreuse

de livres Léna Billerey, 15 ans, lit une cinquantaine

de livres par an. Pagnol et Zola sont ses favoris. Harry Potter aussi. La collégienne des Augustins à Pontarlier a été retenue comme membre du jury littéraire des Mots Doubs et a géré, durant un an, une critique littéraire sur les ondes de France Bleu Besançon. À son tour de passer sur le gril.

L éna aurait pu avoir la main verte. Née de parents horti- culteurs installés à Valdahon, l’adolescente a finalement héri- té d’un autre terreau fertile à son imagination : la lecture. C’est Henriette, sa mamie, qui l’a fait gran- dir et mûrir dans les livres : “Toute petite, j’allais dans sa libraire (Le Dahon à Valdahon). Elle m’installait dans un carton et les livres servaient de support pour me retenir. J’ai enco- re l’odeur du papier en tête” sourit Léna. À 15 ans, la collégienne possède la maturité d’une personne de dix ans son aîné. La culture en plus. Depuis

l’âge de 6 ans et son apprentissage de la lecture, elle dévore les pages à raison d’un ouvrage par semaine, soit environ une cinquantaine par an. “Je les finis toujours…J’ai même relu dix fois Harry Potter. Vous voyez, je suis comme les filles de mon âge. J’aime les histoires à l’eau de rose.” Léna omet simplement de dire qu’elle est fan de Pagnol et de Zola pour les romans, de Rimbaud et de Verlaine pour la poésie. Les classiques lus en classe, elle les connaît quasiment tous par cœur. Sa maîtrise du vocabulai- re peut agacer ses professeurs. “En sixième lors de mon premier contrô- le, je me souviens avoir utilisé le ter-

Léna Billerey adore lire. Une passion qui l’a conduite à se forger une solide expérience littéraire à 15 ans seulement.

me “prodigué des soins à un animal” dans un de mes devoirs. Ma pro- fesseur de l’époque pen- sait que mes parents avaient fait mon travail. Je trouvais cela injuste. J’ai voulu prouver tou- te l’année que j’avais du vocabulaire” lâche-t-elle. D’autres lui ont remis des commentaires élo- gieux sur son bulletin de notes. C’est le cas de son prof de français, qui, après 40 ans de carriè- re écrit ceci : “Les mots manquent pour saluer une telle performance.” Élogieux. Sa passion pour les livres, elle l’a touchée de près grâce à son recrutement comme membre du jury au pres- tigieux festival littérai- re des Mots Doubs de Besançon. C’est un

Bleu. Ce dernier lui a demandé d’assister à une émission. Léna a accepté de suite. “Elle a su saisir sa chance” raconte son père, toujours là pour l’épauler et surtout pas pour la contraindre. Puis, France Bleu lui a proposé une chronique littéraire qu’elle a tenue chaque mercredi à 17 heures aux côtés de Marie-Ange Spinelli. Léna avoue s’être “écoutée une seule fois seulement.” Elle n’a jamais fait cela pour la gloire. La collégienne, qui hésitait entre devenir chirurgien car- diaque ou journaliste, ne se pose désor- mais plus de questions : “Je veux être journaliste, plutôt politique d’ailleurs.” Sa voie est toute tracée pour cette élève ouverte et créatrice. Ses artistes préférés ne sont ni des rappeurs ni des chanteurs issus de l’émissionThe Voice. Léna adore Brassens. Elle est fan de Jean-Louis Aubert, qu’elle a pu rencontrer dans sa loge il y a cinq ans à Besançon. Un fabuleux moment pour elle. À contre-courant, la Valdahonnaise l’est un peu. Inscrite ni sur facebook ni sur twitter, elle assume ce choix. “Je n’ai pas besoin des réseaux sociaux pour voir mes amis même s’ils sont à l’autre bout du monde” argumente-t- elle sans jamais dénigrer ceux qui l’utilisent. Du caractère, la future lycéenne n’en manque pas “mais elle ne manque jamais de respect aux adultes” reprend Sylvie, sa mère, qui veille sur sa fille également douée en musique. Au conservatoire de Pontarlier où elle apprend la guitare, Léna compose. Jusqu’à présent, pas de fausses notes pour la jeune femme qui a passé le brevet cette année. Elle espère un jour écrire son propre ouvrage : “L’écrire, c’est bien ! Qu’un éditeur le publie, c’est mieux.” Léna, fille d’horticulteurs, peut éclore. E.Ch.

Elle veut être journaliste politique.

concours de circonstances, un peu de chance et beaucoup de talent, qui l’ont conduit jusque-là : “J’ai su par l’intermédiaire de ma grand-mère que France Bleu cherchait des critiques littéraires. Je n’y croyais pas trop car ce concours était réservé aux adultes. J’ai tout de même rédigé une lettre de motivation… qui a finalement plu” raconte-t-elle. Retenue, elle lira les cinq livres en l’espace de deux semaines. “J’ai fait des fiches : je pen- se que j’étais la plus sérieuse des cri- tiques. J’ai pu défendre le livre qui m’a plu en argumentant” raconte la collégienne. Sa maturité, sa connaissance de la littérature et sa capacité du sens cri- tique ont surpris des éditeurs et le responsable de l’antenne de France

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