La Presse Pontissalienne 164 - Juin 2013

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 164 - Juin 2013

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POLITIQUE

Le maire se représentera-t-il ? “La mission de maire me plaît toujours” Engagé dans la défense de tous les grands dossiers structurants, le maire de Pontarlier en impose et s’impose à l’échelle du Pays du Haut-Doubs. Aucun signe de lassitude n’émane de celui qui semble prendre un malin plaisir à ne pas se dévoiler sur ses ambitions municipales.

L a Presse Pontissalienne : L’avenir du Paris-Berne via Pontarlier et Neuchâ- tel semble bien compromis, quel est votre sentiment sur ce dossier ? Patrick Genre : Pour l’instant, le combat, c’est le maintien, même si l’annonce de Guillaume Pépy laisse peu d’espoir. La mobilisation sur ce dossier a prou- vé une attente forte d’un territoire. Elle contraint la S.N.C.F. et les C.F.F. et Lyria à proposer une alternative, mais on ne se contentera pas d’une seule liaison Neuchâtel-Frasne. L.P.P. : Quel intérêt d’avoir plus de liaisons si ces trains roulent à vide ? P.G. : Vu les économies induites par la suppression duT.G.V., la S.N.C.F. a lar- gement les moyens de financer seule toutes les mesures de compensation. Dans ces circonstances, on veut du “un pour un”, soit 4 correspondances par jour avec le Paris-Lausanne depuis Frasne. Ce qui nous importe avant tout, c’est de maintenir une relation entre Pontarlier et Paris, même indi- recte. Guillaume Pépy a demandé à Alain Barbey, le directeur de Lyria de travailler sur ces propositions. Il est important aussi de signaler que Pon- tarlier sera toujours mentionné sur les fiches horaires. La mise en place de ces compensations imposera éga- lement à la S.N.C.F. de rénover les quais à Frasne pour offrir de meilleures conditions d’attente aux utilisateurs de ces liaisons. L.P.P. : Quand serez-vous fixé sur ce dossier ? P.G. : On devrait avoir une réponse d’ici un mois et demi. Je regrette aussi le manque de soutien des membres du gouvernement que nous avons sollici- tés. Pierre Moscovici a bien pris acte de nos courriers. On n’a vraiment pas le sentiment d’être épaulé efficace- ment. L.P.P. : C’est encore pire pour la R.N. 57 ? P.G. : Effectivement, on nous tient tou- jours le même discours. Si en plus le droit d’option des frontaliers venait à disparaître, cela dénoterait unmanque de considération flagrant envers le Haut-Doubs. Maintenant, le chantier est lancé avec le déblocage des 300 000 euros de crédit d’études. C’est positif car il n’y avait jamais eu de vraies études. L.P.P. : Toujours dans le domaine des trans- ports, avez-vous des nouvelles desT.E.R. trans- frontaliers ? P.G. : C’est toujours aussi encourageant pour la liaison vers Vallorbe et la Val- lée de Joux. La desserte sur le Val de Travers ne décolle pas à cause des horaires inadaptés. Le Conseil régio- nal s’était fixé un délai d’une année pour faire le point. J’ai demandé qu’on poursuive l’expérience une année sup- plémentaire sur Travers en adoptant des horaires qui correspondent aux

P.G. : On s’engage sur un dispositif d’assistance à maître d’œuvre pour se faire ainsi assister par des spécialistes en B.T.P., architecture, ergonomie… Cette démarche va générer des pro- positions d’adaptation du bâtiment pour lancer les travaux avant la fin de l’année. L.P.P. : Comment s’organisera le transfert des services dans ces nouveaux locaux ? P.G. : Le Centre technique municipal et le centre technique intercommunal prendront possession des lieux au pre- mier semestre 2014. Suivront les ser- vices administratifs mutualisés. L.P.P. : Ce bâtiment, c’était vraiment une oppor- tunité à ne pas laisser passer ? P.G. : Oui. Cela va nous permettre de réaliser des économies d’échelle et de réduire le coût de fonctionnement des collectivités. On va rationaliser le fonc- tionnement des structures pour rédui- re la pression fiscale et consacrer plus d’argent à l’investissement. L.P.P. : Ce projet a aussi pour effet de retarder la réalisation du crématorium, de la piscine et de la médiathèque intercommunale ? P.G. : On a ouvert différents chantiers. La C.C.L. reste une structure de pro- jets. On a voté un certain nombre de crédits d’étude. On aura très bientôt des éléments concrets et factuels sur tous ces projets intercommunaux.Même chose au niveau de la ville avec le res- taurant municipal, le quartier des abat- toirs, la plaine ludique Pourny. Avec ou sans la maison de l’interco, il y aura des choses à faire mais on ne dépas- sera pas le budget prévu. Tout sera intégré dans un plan pluri-annuel d’investissement. L.P.P. : Êtes-vous, comme le maire de Doubs, favorable à d’éventuelles collaborations avec le privé ? P.G. : C’est une voie qu’on étudie. Sur

ouvertures des entre- prises. On sollicite aus- si la possibilité pour les frontaliers de prendre sans réservation le T.G.V. Paris-Lausanne àVallorbe en fin d’après- midi. L.P.P. : Et le covoiturage, cela avance ? P.G. : On va installer la signalétique des par- king-relais. La plate- forme de réservation fonctionne. L’affaire est lancée. L.P.P. : Quel est votre senti- ment sur les dernières auto- risations d’extension ou d’implantation commerciales

“Un plan pluri-annuel d’investis- sement.”

à Pontarlier ? P.G. : J’en suis ravi. Ma seule préoccu- pation, c’est d’équilibrer l’offre entre le centre-ville et les trois zones. Avec les C.D.A.C., les élus ont perdu tout pouvoir. Le seul moyen de contrôle pas- se maintenant par le biais des règle- ments d’urbanisme. L.P.P. : Vous n’étiez pas favorable à l’arrivée de Décathlon qui joue aujourd’hui plutôt un rôle de moteur pour les autres enseignes locales de sport. L’extension accordée à cet- te enseigne vous inquiète ? P.G. : Je ne suis pas opposé à cette exten- sion, ni à cette marque mais je reste très vigilant par rapport à l’impact à moyen et long terme. Ce serait trop fragile à mon sens de dépendre seule- ment d’activités tertiaires. L.P.P. : Le dossier de la Z.A.C. des Gravilliers semble piétiner. À quand les premiers tra- vaux ? P.G. : Ils devraient commencer fin 2013 avec une première tranche de 10 hec- tares puis une seconde de 7 hectares de l’autre côté de la Rocade. Le tout devrait être disponible fin 2014. On pourra ainsi proposer 17 hectares de Z.A.C. hors tertiaire. À noter qu’on financera les fouilles uniquement ou cela s’avère indispensable comme sur les éléments de voirie. Le coût global des fouilles s’élèverait à 2 millions d’euros qu’il faudrait répercuter sur les prix de vente. D’où cette volonté de limiter ce coût au strict nécessaire. Je tiens aussi à préserver l’emploi indus- triel sur Pontarlier en s’appuyant sur un tissu de P.M.E.-P.M.I. et en main- tenant les grandes entreprises exis- tantes. L.P.P. : Vous ne voyez pas d’interférence avec la nouvelle Z.A.C. de Bulle ? P.G. : Non, car on ne se positionne pas tout à fait sur les mêmes secteurs. L.P.P. : Les choses se précisent sur le dossier de la nouvelle maison de l’intercommunalité ?

Même s’il ne lâche rien sur les municipales 2014, Patrick Genre ne montre aucun signe de lassitude. Le vrai suspense sera peut-être de savoir avec quelle équipe il partira en campagne ?

s’orienterait plutôt vers une formule mixte qui correspondrait aux carac- téristiques d’une intercommunalité comme la nôtre avec de gros écarts de taille entre les communes. Cette déci- sion sera aussi annoncée avant la fin de l’année. L.P.P. : Le S.C.O.T. (schéma de cohérence ter- ritoriale), c’est pour bientôt ? P.G. : On en est seulement à l’amorce d’une démarche. On entre dans la pha- se administrative qui aboutira à l’arrêté du périmètre par le préfet. Il faudra ensuite poser les grands axes. Cela signifie encore trois ans de procédure. On peut opter pour un S.C.O.T. à géo- métrie variable, très contraignant ou avec des orientations plus globales. L.P.P. : Cet outil d’aménagement n’arrivera-t- il pas trop tard ? P.G. : Ce n’est jamais trop tard pour essayer. D’autant plus qu’on sera ame- né de plus en plus à traiter des pro- blématiques à des échelles territoriales qui dépassent largement le cadre inter- communal. Je pense qu’on n’a guère d’autres choix que d’aller vers les regrou- pements. Cela ne signifie pas la mort des communes mais elles auront des missions différentes. L.P.P. : L’hôpital semble éprouver des difficul- tés à trouver un nouveau directeur, que se passe-t-il ? P.G. : On est dans une procédure longue et compliquée par le départ précipité de l’ancienne directrice. C’est mal- heureusement un élément néfaste à la mise en place du centre hospitalier intercommunal. Dommage que cela se produise maintenant.

L.P.P. :Arrivez-vous à assumer tous vos enga- gements ? La charge n’est pas trop lourde ? P.G. : Ce n’est pas àmoi de le dire. J’essaie d’être présent dans tous ces engage- ments. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir établir un équilibre entre toutes ces activités. Tant que je peux conti- nuer, je le ferai. L.P.P. : Êtes-vous prêt pour une nouvelle can- didature aux prochaines municipales ? P.G. : A chaque jour suffit sa peine. Ma priorité, ce sont les dossiers. Cela prend beaucoup de temps. Le temps viendra où je me prononcerai. Je reste humble. On verra le moment venu. L.P.P. : Le “job”semble vous plaire… P.G. : La mission de maire me plaît tou- jours autant. Pontarlier reste une vil- le à taille humaine. On a eu la possi- bilité d’ouvrir et de gérer des dossiers très structurants. On tire des ensei- gnements de chaque expérience Et à la Région, j’ai appris le fonctionnement d’une grande collectivité. L.P.P. : Cette proximité frontalière est rassu- rante ? P.G. : On ne va pas se plaindre de l’opulence économique qu’elle procu- re tout en restant très vigilant car on est dans une situation qui peut deve- nir fragile du jour au lendemain. L.P.P. : La dernière question concerne le pro- jet de crèche inter-entreprises ? Où en est- il ? P.G. : Il est toujours en réflexion. Cet équipement est un besoin exprimé par toutes les entreprises locales. Des pro- positions vont aboutir tout prochai- nement. Propos recueillis par F.C.

le dossier de la maison Chevalier, on cherche un ou deux partenaires. Ce type de rapprochement conforte les projets et optimise la répartition des financements sous réserve de s’engager dans un partenariat cohérent avec la finalité de l’équipement public. L.P.P. : On n’entend plus par- ler de la redevance incitative intercommunale ? P.G. : C’est un dossier très complexe. On est tous d’accord pour réduire la production d’ordures ménagères et faire en sorte de changer les habi- tudes. Mais par quels moyens : redevance ou taxe incitative ? On

“À chaque jour suffit sa peine.”

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