La Presse Pontissalienne 164 - Juin 2013

La Presse Pontissalienne n° 164 - Juin 2013

28 DOSSIER

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BANQUE De la prudence La bulle immobilière du Haut-Doubs à l’épreuve des banques L’accès au crédit est-il plus facile avec des taux d’emprunt historiquement bas en euros comme en devises ? Dans un contexte immobilier plus tendu, les banques semblent plus attentives à la viabilité des projets. Démonstration.

Crédit Agricole : retour aux fondamentaux La baisse des transactions se répercute aussi au niveau des établissements bancaires qui demandent aujourd’hui plus de garanties dans la sécurisation des prêts habitat.

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L es banques reflètent assez logi- quement le profil économique des secteurs où elles sont implan- tées. On ne sera dès lors par sur- pris d’apprendre que l’agence centrale du Crédit Agricole à Pontarlier (sept agences et 55 collaborateurs répartis sur le Haut-Doubs) soit la champion- ne régionale de son groupe en prêts immobiliers. “On finance enmoyenne 5 pavillons par semaine. 80 % de la pro- duction crédit du secteur, c’est l’habitat. Au global, cela représente près de 80mil- lions d’euros injectés chaque année dans l’économie du bâtiment” , confirme Clau- de Roussel, le directeur de l’agence cen- trale de Pontarlier.Autre indicateur du dynamisme de ce territoire frontalier,

le Haut-Doubs représente en volume plus de 40%des prêts immobiliers sous- crits au Crédit Agricole Franche-Com- té. Pour autant, la situation n’est plus aus- si euphorique sur cemicro-marché dopé par la vitalité économique de la Suis- se et par la force de sa monnaie. Si l’horlogerie haut de gamme a toujours le vent en poupe, d’autres secteurs mar- quent le pas chez nos voisins. “On consta- te aussi une baisse du volume des tran- sactions même si les prix sur la zone de Pontarlier ou Morteau restent sensi- blement supérieurs ou égaux à ceux de Besançon” , poursuit le directeur. Le climat national de crise n’épargne pas le Haut-Doubs même si ses consé-

quences sont ici moins marquées. Les acheteurs prennent plus le temps de réfléchir. Comme toujours dans ces cir- constances, les banquiers sont pointés du doigt dans leur façon de régir l’accès au crédit. “On travaille toujours dans la même logique d’accompagner au mieux les clients tout en prenant en compte le contexte actuel. Aujourd’hui, face au risque de tassement des prix qui pourrait s’avérer préjudiciable en cas de revente “On travaille toujours dans la même logique d’accompagner au mieux les clients”, indique Claude Roussel, le directeur de secteur du Crédit Agricole de Pontarlier.

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prématurée d’un bien, on demande plus d’apport personnel. On revient aux fon- damentaux. Ceci pour sécuriser le client et le prêt” , explique Claude Roussel. Le coût du crédit n’a jamais été aussi attractif avec des taux historiquement bas, que ce soit en euros ou en devises. “Les taux en devises restent encore infé- rieurs. Les frontaliers contractaient géné- ralement des prêts à taux variables. On privilégie désormais de plus en plus des taux fixes pour les sécuriser et éviter les

mauvaises surprises.” Le directeur n’oublie pas non plus les non-frontaliers. Face aux prix du fon- cier, ils tendent de plus en plus à s’éloigner de la bande frontalière. “Notre agence Crédit Agricole sur Levier fait des volumes records par exemple.” Autre évolution à signaler avec la hausse non négligeable des crédits accordés pour financer des travaux allant dans le sens de l’amélioration de l’habitat : rénova- tion, extension, énergie, confort…

Crédit Mutuel :

le bon prêt au juste prix Avec l’importance de l’immobilier dans leur portefeuille de crédits, les banques locales sont plus performantes et attentives dans l’évaluation des biens. Expertise immobilière.

I l n’y a pas que le commerce qui s’embellit du pouvoir d’achat des frontaliers. Cette manne profite aussi aux banques. Éric Daclin, le directeur du Crédit Mutuel, parle de “très forte progression” en évoquant les prêts habitat. “On enregistre une hausse de 16 % en 2012 et de 17 % au premier tri- mestre 2013.” Ces données concernent leHaut- Doubs forestier où le Crédit Mutuel dispose de deux agences à Pontarlier, une à Doubs et une aux Hôpitaux-Neufs. Soit 34 collabora- teurs. “Chez nous, l’immobilier représente deux tiers des nouveaux prêts, complète Éric Daclin qui n’a pas ressenti de ralentissement en ce début d’année. Le tassement économique

n’a pas eu de répercussions sur le nombre de prêts souscrits à l’agence centrale du Crédit Mutuel Pontarlier.” Il s’inquiète de la persis- tance des mauvaises conditions météo. Les reports de chantier fragilisent les trésoreries chez les professionnels du bâtiment. Pour florissante qu’elle soit, la bulle immo- bilière du Haut-Doubs a aussi ses failles. “Le potentiel se réduit sur la zone frontalière où les prix restent encore très élevés. Ce qui signi- fie que les vendeurs ne trouveront pas forcé- ment des acheteurs au prix où ils ont acquis leurs biens.” La fin du droit d’option, en réduisant de 6 à 7 % le pouvoir d’achat des frontaliers, risque également de bouleverser le marché local de l’immobilier. Les prêts en devises, on s’en doute, sont toujours plus nombreux que les prêts en euros. “En volume, cela représente 50 % de plus au premier trimestre 2013” , confirme le banquier. La baisse des taux peut donner un coup de fouet, si on a les moyens d’acheter et si le prix du bien convoité n’est pas surestimé. “On essaie d’évaluer aumieux la valeur des biens. C’est la tendance. On n’a pas durci les conditions de prêts mais on est plus fin dans l’estimation du bien et son poten- tiel de revente. On intervient davantage sur la viabilité du financement.Avec l’expérience, on est en capacité de proposer une vraie exper- tise immobilière au service de nos clients.” L’agence centrale Crédit Mutuel Pontarlier, c’est en moyenne 53 millions d’euros injec- tés dans l’économie locale. Dans l’habitat mais aussi en prêts à la consommation et dans le soutien à l’investissement des entre- prises.

“On intervient davantage sur la viabilité du financement”, observe Éric Daclin, le directeur du Crédit Mutuel Pontarlier.

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