La Presse Pontissalienne 162 - Avril 2013

ÉCONOMIE

41 La Presse Pontissalienne n° 162 - Avril 2013

FRASNE

Apprendre à regarder les étiquettes Édith Marmier, veilleur-consommation Depuis un an,

D’ un rayon à l’autre du Super U de Frasne, Édith Marmier relève des prixméthodiquement. “J’ai sur ma liste, 35 produits. Pour chacun d’eux, je note trois prix. Il y a toujours unemarque natio- nale, une marque distributeur et un 1 ers prix” précise-t-elle. Édith Marmier est “veilleur- consommation” pour l’association Familles Rurales qui a organisé un réseau d’experts à travers toute la France. Ils ont pour mission de relever six fois par an les prix de pro- duits de consommation cou- rante dans les hypermarchés, les supermarchés et les com- merces de proximité. L’association analyse ensuite ces informations qui lui per- mettent de déterminer l’évolution des prix sur un an. C’est ainsi que dans son der- nier rapport, Familles Rurales a conclu qu’ils avaient aug- menté de 3,49 %, un record depuis 2005, date de création de son observatoire. Dans son enquête, elle a mis également en évidence que c’est dans les magasins discount que la pro- gression est la plus forte. cette habitante de Frasne est veilleur- consommation pour Familles Rurales. Elle fait partie d’un réseau d’experts qui relèvent les prix des produits dans les magasins pour mesurer leur évolution.

Édith Marmier effectue six fois par an des relevés dans ce super-

marché de Frasne. D’autres veilleurs- consommation

visitent des hypermar- chés et des discounters à Pontarlier.

Renseignements : Tél. : 03 81 88 76 84 actionsfamiliales@famillesrurales.org

font le grand écart. “Enmoyen- ne, ils varient du simple au double entre une entrée de gam- me et lamarque nationale” dit- elle. Par exemple, le prix d’un paquet de frites surgelées va de 0,80 euro en premier prix à 2,13 euros pour une marque nationale en passant par 1,10 euro pour la marque dis- tributeur. La limite de cette enquête est qu’elle se canton- ne au relevé des étiquettes. Familles Rurales ne pousse pas l’investigation jusqu’à tester la qualité des produits alimen- taires qui permettrait de savoir si la différence de prix entre les marques est toujours jus- tifiée. En revanche, elle donne des indications aux familles qui font leurs courses. Elle les aide à mieux consommer en mettant par exemple en évi- dence les pièges de l’étiquetage. Le contexte de crise suppose- rait que les consommateurs plébiscitent les premiers prix, notamment pour des produits qui ne sont pas de première nécessité.Or, ce n’est pas le cas. Des marques comme Nutella, Coca-Cola ou Ketchup Amora

conserve une forte notoriété malgré leur prix.Dans cemaga- sin de Frasne par exemple, on apprend qu’en 2012 sur les clients qui ont acheté de la pâte à tartiner,78%ont choisi Nutel- la. 89,80 % préfèrent le Coca aux autres sodas, et 45,9 % le ketchup Amora. En revanche pour les frites, 65,75 % achè- tent lamarque du distributeur U. Le premier prix arrive en tête pour la farine. “Il faut savoir se faire plaisir, tout en essayant de ne pas être sous influence des marques et de la publicité” estimeMarlèneAmiotte-Petit, en charge du dossier consom- mation à la fédération dépar- tementale de Familles Rurales qui recrute des veilleurs- consommation pour effectuer ce travail d’analyse. “Si nous pouvions disposer de 15 “veilleurs-consommation” pour le Doubs, ce serait l’idéal” dit- elle. L’association n’a pas d’exigences fortes sur le profil des candidats. Ce travail rému- néré s’adresse à toute person- ne qui s’intéresse à la consom- mation. T.C.

“Je me sens utile dans cette tâche” poursuit ÉdithMarmier qui remplit cettemission depuis un an. Lorsqu’elle s’est pré- sentée pour la première fois à l’accueil du Super U de Fras- ne, elle ne s’est heurtée à aucu- ne objection. La direction l’a accueillie cordialement et depuis, elle lui laisse le champ libre pour effectuer ses rele- vés. “Je commence par les eaux” annonce-t-elle. Un produit où les prix fluctuent régulière- ment de quelques centimes à la hausse ou à la baisse. “Je peux vous dire par exemple qu’en dix jours, le prix de cette bou- teille a augmenté de 12 cen- times, alors que le prix de cel- le-ci a baissé de 2 centimes.” Des écarts qui ne sont pas le fait de la direction du super- marché qui applique les prix de la centrale. Chaque mois, ce sont plus de 1 000 étiquettes qui sont ainsi modifiées. Dans samissionde surveillance, ÉdithMarmier met également en évidence les écarts entre les 1 ers prix, les marques distribu- teur et les marques nationales. D’un produit à l’autre, les tarifs

62 €

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AGROALIMENTAIRE A.O.P. mont d’or Le député Alauzet prend la défense des producteurs de sangles du Haut-Doubs Éric Alauzet, député E.E.L.V. de la deuxième circonscription du Doubs a interpellé le ministre de l’Agriculture sur l’origine des sangles qui maintiennent le mont d’or dans sa boîte. Près de 60 % d’entre elles sont importées, ce que dénonce le parlementaire.

Le député Alauzet pointe du doigt l’incohérence.

C ela fait dix ans main- tenant qu’Agnès Ambert, présidente de l’association “Sangles du Haut-Doubs” se bat pour la fabrication d’unmont d’or 100 % franc-comtois. C’est le cas pour le fromage. En revanche, la sangle en épicéa qui le main- tient dans la boîte et qui lui donne son parfum, n’est pas sys- tématiquement levée sur les résineux situés dans le péri- mètre de production du mont d’or. Selon l’association, envi- ron 60 % des sangles sont impor- tées. Elles proviennent d’Europe de l’Est et en particulier de Pologne. Pour Agnès Ambert, cette pra- tique est en parfaite contra-

diction avec l’appellation d’origine protégée (A.O.P.) du mont d’or. Après avoir alerté en vain les pouvoirs publics et les élus locaux sur cette problé- matique, elle vient d’obtenir le soutien d’Éric Alauzet, député (Europe Écologie-Les Verts) de la deuxième circonscription du Doubs. L’élu met les pieds dans le plat considérant qu’Agnès

de là, il me semble inconcevable que le mont d’or conserve son A.O.P. si les sangles ne sont pas levées sur le périmètre de fabri- cation” dit-il. Le député a transmis une ques- tion écrite à ce sujet à Stépha- ne Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Elle est parue au journal offi- ciel le 26 février. Le ministre n’a pas encore répondu, il devrait le faire dans les deux mois. Éric Alauzet argumente sa demande de clarification de la provenance des sangles, mais également des boîtes en épicéa dans lesquelles le “vacherin du Haut-Doubs” est conditionné. “Seuls sont soumis aujourd’hui

à une contrainte géographique “la production du lait, la fabri- cation, l’affinage et le condi- tionnement en boîte de bois des fromages” effectués à une alti- tude aumoins égale à 700mètres dans une aire géographique pré- cisément délimitée. Ce manque de précision quant à la prove- nance géographique des sangles et des boîtes en épicéa entrant dans la production du mont d’or n’est pas satisfaisant pour un produit labellisé par une appel- lation d’origine protégée.” Il ajou- te : “Il paraît nécessaire d’intégrer dans le cahier des charges du mont d’or, au même titre que le lait, une provenan- ce locale pour les écorces d’épicéas constituant les sangles

et les boîtes. Ce label, meilleur gage de qualité auprès des consommateurs, devrait aumini- mum assurer l’affichage de la provenance des sangles et des boîtes.” Avec l’intervention du député du Doubs, le débat a un écho qu’il n’a jamais eu jusqu’à pré- sent. L’Institut National des Appellations d’Origine de Poli- gny est attentif à ces remarques. Cependant pour l’I.N.A.O., les intentions d’Éric Alauzet vont se heurter à la réalité des faits. “Techniquement, il a été expli- qué que si on voulait que les sangles soient levées exclusive- ment dans la zone de produc- tion du mont d’or, il faudrait prouver que ces sangles ont une

spécificité que les autres n’ont pas. Les études n’ont rien démon- tré. En revanche, la seule chose qui est prouvée est que les sangles doivent être en épicéa” remarque l’I.N.A.O. Cet organisme com- prend le combat des sangliers du Haut-Doubs, mais il explique aussi qu’actuellement rien ne permet de mettre un terme à la libre concurrence dans la pro- duction de sangles. Néanmoins, Agnès Ambert ne baisse pas les bras. Elle comp- te sur l’intervention d’Éric Alau- zet. “Avec les éléments qu’il a en main, il peut agir” explique la présidente qui a lancé une pétition. Elle a déjà reçu plus de 10 000 signatures. T.C.

Ambert a mis le doigt sur une ano- malie qu’il faut rec- tifier. “La sangle est au contact de la matière ali- mentaire. Elle contribue au par- fum et au goût du fromage. À partir

“Les études n’ont rien démontré.”

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