La Presse Pontissalienne 161 - Mars 2013
ÉCONOMIE
38 La Presse Pontissalienne n° 161 - Mars 2013
Le mariage de la gentiane et de l’absinthe LA CLUSE-ET-MIJOUX Produits du terroir Institution reconnue dans l’univers des spiritueux, la distillerie Marcel Michel de Chapelle-des- Bois aurait pu disparaître faute de repreneur. Elle survivra heureusement grâce à l’intervention de la maison Émile Pernot de La Cluse-et-Mijoux. Un mariage de raison et d’amour… du terroir.
À 65 ans, dont 48 années passées derrière ses alam- bics, Marcel Michel va ces- ser son activité créée à Cha- pelle-des-Bois par ses ancêtres en 1888 et transmise depuis de père en fils. La dernière entre- prise à distiller de la gentiane en Franche-Comté, dépositaire d’un savoir-faire irremplaçable. Cette aventure à la fois écono- mique et humaine aurait pu s’arrêter là sans l’arrivée de la maison Émile Pernot, une voi- sine elle aussi connue et recon- nue quand on évoque les pro- duits du terroir. Dans ses locaux au pied du château de Joux, les magnifiques alambics en cuivre vieux de plus d’un siècle avec lesquels est encore produite l’absinthe ont été spécialement étudiés et construits pour la dis- tillation de la Fée verte, per- mettant ainsi de produire selon des méthodes restées inchan- gées depuis plus d’un siècle.Une connaissance et un savoir-faire très présents dans le discours du gérant Dominique Rousselet. “Les affaires se portent bien pour ma maison Émile Pernot avec une production destinée pour un tiers à l’export dans 15 pays dont les États-Unis, le Japon, la Fin-
lande, Taïwan…” explique-t-il. Au fil du temps, l’entreprise a en effet su combiner un savoir- faire ancestral et artisanal avec une vision internationale et tour- née vers le futur en offrant une gamme de produits spiritueux de plus en plus développée. Produits anisés comme le Pon- tarlier, guignolet, liqueurs frui- tées ou celle plus locale au goût de sapin, l’entreprise s’est sur- tout imposée avec ses absinthes : “Un produit qui va de 45 à 75° selon l’intensité des arômes sou-
La gentiane est pour l’instant encore
étiquetée à l’ancienne.
haités…mais atten- tion, précisez bien que pour un volu- me on y ajoute 5 volumes d’eau !” Une boisson connue dans le monde entier “d’abord pour les vertus médicinales des plantes” explique le responsable, conscient de l’importance de l’histoire mouve- mentée du produit, interdit car soup- çonné de rendre fou en 1915 et à nou- veau autorisé après
des décennies de prohibition. Une route touristico-initiatique lui est même dédiée aujourd’hui entre France et Suisse. Pour étendre encore son offre sur le marché, la reprise de la distillerie Michel semblait donc écrite pour la distillerie Pernot. “Nous allons ainsi pouvoir répondre à la demande en gen- tiane, tant sur le marché local qu’à l’export” poursuit le gérant en enchaînant sur l’aspect juri- dique de l’opération : “Les deux entités vont continuer à exister, indépendamment l’une de l’autre, la S.A.S. les fils d’Émile Pernot devenant actionnaire majori- taire de la S.A.R.L.Marcel Michel
fils et successeurs.” Même si un nouveau local plus moderne sera créé à Chapelle- des-Bois, le repreneur gardera le nom, le procédé de fabrica- tion et l’étiquette qui n’a jamais changé et continuera à perpé- tuer finalement de la famille Michel. “Et Marcel sera toujours le bienvenu pour venir consta- ter notre volonté de conserver son savoir-faire” conclut le gérant de la maison Pernot qui plus que jamais s’impose sur le mar- ché local et international des spiritueux.
La marque Marcel Michel continue à exister.
Dominique Rousselet contrôle le degré d’alcool dans les alambics.
D.A.
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