La Presse Pontissalienne 161 - Mars 2013

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 161 - Mars 2013

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TÉMOIGNAGE À Port-Lesney ou en Corse Le petit-fils d’Edgar

perpétue sa mémoire Rodolphe Oppenheimer est le seul petit-fils d’Edgar Faure. Installé à Paris, il a créé l’association Edgar-Faure. Chaque année, elle remet un prix du livre politique. Il se souvient.

Rodolphe, alors âgé de moins de dix ans, dans les bras de son grand-père.

L’ été, la famille avait ses habitudes enCorse. L’île était l’endroit idéal pour Edgar Faure : “Il ne vou- lait pas être harcelé en vacances… Il ne voulait pas non plus être ignoré” sourit Rodolphe Oppen- heimer, le seul petit-fils d’Edgar Faure, aujourd’hui âgé de 38 ans. Il avait 13 ans quand son grand- père est décédé. Malgré ce jeu-

ne âge, il garde de très nombreux souvenirs de ce grand-père “atten- tionné, malgré toutes ses occu- pations. Un travailleur acharné se souvient Rodolphe Oppenhei- mer. On habitait le même immeuble rue de Grenelle.Quand je me relevais la nuit pour boire un verre de lait, il travaillait à son bureau.À l’époque,ce n’étaient pas les énarques qui faisaient le

travail desministres…” Lesweek- ends, la famille Faure les pas- sait régulièrement dans la mai- son familiale de Port-Lesney (récemment vendue par la secon- de épouse d’Edgar Faure) où le jeune Rodolphe s’est forgé tant de souvenirs. Enhommage à son illustre grand- père, Rodolphe Oppenheimer a pris l’initiative de créer il y a une

dizaine d’années une associa- tion Edgar-Faure qui remet depuis 2007 un prix du livre poli- tique. L’association est aussi une façon de perpétuer l’œuvre poli- tique de l’élu franc-comtois qui a toujours voulu se situer au- dessus des partis.Une façon aus- si de promouvoir cette idée véhi- culée par Edgar Faure de “nouveau contrat social”. “Son idée était bien de transcender les partis, il était un démocrate et un progressiste. S’il n’a pas été président de la République, la seule fonction qu’il n’a pas occu- pée, c’est justement parce qu’il

crets d’Edgar Faure, aussi à l’ai- se au piano qu’en composition de chansons. “Il a notamment écrit un album chanté par Jean- Claude Pascal, et quelques titres pour Serge Reggiani.” Celui qui a côtoyé durant sa longue car- rière politique le général DeGaul- le, Mao, Boumédiène ou encore George Bush père, laissait mal- gré un agenda surchargé, une petite place à la famille et à ces passions plus légères. Rodolphe Oppenheimer en garde des sou- venirs impérissables. J.-F.H.

n’a pas eu pour le soutenir de machine politique, il ne voulait se laisser enfermer dans un par- ti” note son petit-fils. Ce dernier peine à trouver un digne suc- cesseur politique à Edgar Fau- re. “Il était une sorte de mélan- ge entre Jean-Louis Borloo et André Santini” avance-t-il. Rodolphe Oppenheimer est l’au- teur du seul film jamais consa- cré à l’illustre élu, “Edgar Fau- re, l’enragé du bien public” qu’il espère pouvoir rediffuser bien- tôt sur une chaîne française. Rodolphe Oppenheimer se sou- vient aussi des talents plus dis-

Un jury prestigieux compose le prix Edgar Faure remis tous les ans en décembre (avec la cravate bleu clair, Rodolphe Oppenhei- mer).

SAVOUREUX

Les petites phrases de M. Faure L’élu excellait dans l’art de la formule. Avec l’éclairage du Conseil régional de Franche-Comté qui lui avait consacré une exposition il y a 5 ans, voici quelques pépites.

“Lʼimmobilisme est en marche, et rien ne pourra lʼarrêter.” “Ce nʼest pas la girouette qui tourne, cʼest le vent.” “Je suis un dogmatique de lʼanti-dogmatisme.” “Si vous nʼavez pas dʼopinions politiques, prenez donc les miennes.”

Edgar Faure disait aussi, plus sérieux : “On ne vit que pour quelques instants, intenses et privilégiés. Le reste du temps, on attend ces moments-là.”

“Les prévisions constituent un art difficile, surtout quand elles portent sur lʼavenir.” “Il est indispensable de distiller un peu de vérité pour faire passer un gros mensonge.”

“Lʼimpôt appauvrit lʼignorant mais enrichit le connaisseur.” “Le centre a le droit de vivre à condition de faire le mort.” “Quand on nomme quelquʼun à un poste dʼinformation, cʼest précisément pour quʼil ne donne pas dʼinformation.” “Le Sénat, cʼest litanie, liturgie et léthargie.” À la question dʼun journaliste : “Quʼest-ce qui est le plus important en Franche-Comté selon vous ?” Il répond : “Tout dʼabord moi, et surtout Edgar Faure.”

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