La Presse Pontissalienne 159 - Janvier 2013

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 159 - Janvier 2013

6

MARIAGE GAY LE DÉBAT QUI DIVISE LE HAUT-DOUBS

On annonce plusieurs centaines de personnes en provenance du Doubs, et notamment du Haut-Doubs, pour la manifestation organisée le 13 janvier dans les rues de Paris par le collectif “la manif pour tous”. Tous iront scander leur désaccord vis-à-vis d’un projet de loi qui sera débattu à la fin du mois devant le Parlement. Le “mariage pour tous”, ou “mariage pour les gays”, soutenu par la majorité de gauche est largement combattu par l’opposition qui trouvera là un moyen de faire entendre sa voix. Cette mesure faisait partie des promesses du candidat Hollande lors de la dernière présidentielle. Ce sujet de société dépasse le simple clivage politique et heurte les consciences. Pourtant, il n’est censé concerner qu’une petite minorité de personnes qui réclament ce droit, mais c’est tout un pays qui se divise. Qu’en pen- se-t-on dans le Haut-Doubs ?

SOCIÉTÉ

La gestation pour autrui

Les “pour” et les “contre”

DÉBAT La position de la députée du Haut-Doubs “L’adoption est là une famille à un Le projet de loi sur le mariage homosexuel divise la France. Avant sa discussion au Parlement d’ici la fin du mois, la députée Annie Genevard a souhaité lancer le débat. Elle donne ses arguments contre le projet.

affûtent leurs arguments

Le projet d’ouvrir le mariage aux couples homosexuels sera discuté d’ici la fin du mois au Parlement. Dans le Haut-Doubs, il y aussi les pour et les contre. Quels sont leurs arguments ?

confrontent à la position des pro-maria- ge gay qui soutiennent tout simplement le respect du principe d’égalité. Selon eux, les arguments avancés contre le maria- ge homosexuel véhiculent les mêmes peurs et les mêmes préjugés que ceux utilisés aux États-Unis pour interdire le mariage interracial avant que la Cour suprême ne déclare en 1967 cette inter- diction contraire à la Constitution amé- ricaine. Ils pensent aussi que l’interdiction du mariage aux couples de même sexe se fonde sur une idée étriquée dumaria- ge, plus proche du sacrement que du contrat civil en estimant “qu’il n’existe aucun argument juridique pour interdi- re le mariage homosexuel.” Depuis la Révolution, le mariage est avant tout un acte civil, juridique, sanctionné par la seule autorité de l’État. Les pro-maria- ge gay dénoncent enfin comme non fon- dée l’association faite par les “anti” entre mariage et filiation. “Faire de la filiation une caractéristique essentielle dumaria- ge revient à assigner une finalité repro- ductive à la sexualité” affirme ce parti- san du projet. Qui ajoute : “Toutefois, ce n’est pas parce que les couples du même sexe ne peuvent pas se reproduire par les voies biologiques qu’ils doivent renoncer à la filiation. L’adoption et les techniques de procréation médicalement assistée devraient aussi pallier la stérilité de tous les couples.” La recevabilité de tous ces arguments, qu’ils soient pour ou contre le mariage gay, aurait sans doute mérité une plus large consultation de la population. Car à quelques jours seulement d’un vote à l’Assemblée, les citoyens commencent à peine à s’apercevoir que contrairement à d’autres grandes réformes qui ont pour- tant marqué les dernières décennies en France, celle-ci touche au cœur des rap- ports sociaux entre citoyens eux-mêmes, et entre parents et enfants. J.-F.H.

L a mobilisation contre le projet de loi autorisant à deux personnes du même sexe de se marier ne faiblit pas. u Haut-Doubs, des bus parti- ront en direction de Paris le 13 décembre pour gonfler les rangs de la manifesta- tion destinée à marquer les esprits et pourquoi pas, faire plier le gouvernement sur cette question. Plusieurs élus locaux ont confirmé leur intention de se joindre au défilé parisien. L’Église catholique, les diocèses et notamment celui de Besan- çon par la voix de son archevêque Mon- seigneur Lacrampe, ainsi que l’enseignement catholique, ont été les premiers à se prononcer contre le projet de loi, avant même que les citoyens com- mencent à prendre la mesure de ce tex- te qui changera en profondeur le code civil.Pour l’Église et l’enseignement catho- lique, “toutes les options individuelles n’ont pas à être instituées, au risque d’ébranler des références sociales aussi fondamentales que lemariage, union d’un homme et d’une femme, et la famille, cel- lule de base où la responsabilité éduca- tive est exercée par un père et une mère.” Une première manifestation, le 17 novembre dernier, avait attiré 100 000 personnes à Paris. Ils devraient être trois fois plus nombreux le 13 janvier selon les prévisions des organisateurs. Les pro et les anti-mariage gay se ren- voient dos à dos leurs arguments. es anti- réforme cherchent déjà à “sortir de la caricature des opposants aumariage pour tous, catalogués comme intégristes, homo- phobes ou de droite” commente une des opposantes. Les premiers arguments de

ceux qui critiquent ce projet de loi s’appuient sur le fait que lemariage homo- sexuel mènera forcément à l’adoption. Deuxième souci aux yeux des opposants, la présomption de paternité qui pourrait disparaître, ce qui obligerait les pères hétérosexuels mariés à faire une recon- naissance précoce de paternité. Ils esti- ment aussi que le fait de normaliser l’homoparentalité pourrait perturber les enfants psychologiquement, quelle que soit d’ailleurs la sexualité de leur parent. “On diluerait les repères “pères” et “mères” au profit de “parent”. La loi viendrait dire aux enfants, deux parents, que ce soit du même sexe ou de sexes opposés, c’est pareil. La loi mentirait aux enfants” note un pédopsychiatre. Les craintes des opposants vont plus loin encore en estimant que la procréation médicalement assistée (P.M.A.) risque

d’ouvrir la voie à la gesta- tion pour autrui (G.P.A.), via lesmères porteuses,pour les couples d’hommes. “Va- t-on laisser des filles de 18 ans fauchées porter un enfant pendant neuf mois pour un couple homosexuel ?” se demande une élue pourtant cataloguée à gauche.La plu- part des opposants aumaria- ge pour tous prônent, pour trancher le débat, l’instauration d’une union civile qui prévoirait les mêmes droits patrimoniaux que le mariage. Tous ces arguments se

“Aucun argument juridique pour interdire.”

Annie Genevard, opposée au projet de loi, ira manifester à Paris le 13 janvier.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker