La Presse Pontissalienne 159 - Janvier 2013

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n° 159 - Janvier 2013

SERVAZ

Un Pontissalien aux J.O.

Le maréchal-ferrant des stars de l’obstacle Citoyen franco-suisse, Julien Houser ferre notamment la monture de Steve Guer- dat, le nouveau champion olympique de saut d’obstacles. À la rencontre d’un maréchal-ferrant haut de gamme installé de l’autre côté de la frontière.

L e fer rougeoyant plie sous les coups de marteau de Julien Houser qui cogne fort et précis à l’enclume. Une odeur d’ongle brûlé embau- me l’atelier où patiente une belle jument française venue se fai- re refaire des semelles toutes neuves. La pouliche aura même droit à des fers en alliage qui l’aideront à corri- ger ses défauts de posture. À bientôt 33 ans, ce jeune maréchal- ferrant dégage une joie de vivre com- municative qui fait plaisir à voir. Frè- re Jean-Pierre qui l’a initié aux bases de la maréchalerie au lycée agricole de Levier a plutôt bien réussi son coup. La vie est faite de rencontres. Julien Houser a forgé son destin pro- fessionnel au contact de cet ensei- gnant peu ordinaire. “C’était mon truc” , raconte ce binational qui a pas- sé une partie de son enfance à Pon- tarlier puis aux Prises sur la com- mune des Verrières-de-Joux où habitent toujours ses parents. Après un passage aux Augustins, il poursuit sa scolarité à Levier d’où il ressort avec un B.E.P.A. d’élevage

équin et une formidable envie d’aller plus loin dans le ferrage. Profitant de sa double nationalité, il joue finale- ment la carte de l’apprentissage en Suisse et prépare pendant 4 ans son C.F.C. chez Florian Hoser. Sans regret mais conscient qu’il lui reste tout à apprendre dans un métier où l’expérience compte autant que la capacité de se remettre en cause. C’est du moins sa conviction. Prêt à l’aventure, il part se perfec- tionner dans un grand élevage en

Verly, un maréchal-ferrant vraiment au-dessus du lot. Je me rendais toutes les cinq ou six semaines chez ce gaillard. On peut dire que j’ai com- mencé un second apprentissage.” Julien Houser occupe le poste pendant trois ans. Il se donne ainsi le temps d’acquérir un très bon bagage tech- nique et d’étoffer surtout un super- carnet d’adresses. En 2005, il a toutes les cartes en main pour se mettre à son compte dans un pays riche où l’équitation est en plein développement. L’un va souvent avec l’autre. Ne lui parlez pas de chevaux de trait. “Pouah” , répond-il en sou- riant. Son dada à lui, c’est le beau cheval de sport, docile car habitué à voyager. Donc facile à ferrer et assez fragile des pieds. Le maréchal-ferrant franco-suisse dispose d’un bel atelier près d’Estavayer-le-Lac. Les chevaux vien- nent généralement à lui, même s’il ne boude pas son plaisir de se dépla- cer chez quelques clients prestigieux. Il côtoie ainsi le gratin de l’équitation suisse par le biais d’un vétérinaire qui soigne quelques-uns des meilleurs

Irlande où il ne se contente pas seule- ment de ferrer. Au bout d’une année, retour au bercail suis- se et nouvel épisode d’imprégnation chez un marchand de che- vaux bernois. “Il m’a proposé d’intervenir dans un autre haras situé près de Saint- Gall. C’est là que j’ai découvert une autre façon de travailler au contact de Stephan

“Pas de pieds, pas de chevaux.”

Le jeune maréchal-ferrant s’est spécialisé dans le beau cheval de sport qui nécessite parfois des fers très spécifiques.

chevaux d’obstacle du circuit mon- dial. Premier satisfecit aux J.O. de Pékin en 2008 où les Suisses revien- nent avec la médaille de bronze par équipes. Il poursuit cette collabora- tion en s’occupant tout particulière- ment de Nino des Buissonnets, le che- val avec qui Steve Guerdat décrochera l’or olympique à Londres l’été der- nier. “Ce titre, c’est d’abord la récom- pense de tout un travail préparatif. Cela conforte ensuite l’activité”, explique le maréchal-ferrant qui emploie un assistant à temps plein et forme toujours un apprenti. Car il y a de l’avenir dans la maréchalerie. Surtout dans un pays où ils sont de plus en plus nombreux à s’adonner au cheval loisir. “Et comme on dit dans

le métier, pas de pieds, pas de che- vaux.” Le jeune papa d’une petite fille ne touche plus terre. Il ferre pratique- ment une trentaine de chevaux par semaine. Pas très chaud pour se col- tiner la charge administrative indui- te par une extension de sa société, il a finalement trouvé l’alternative lui permettant de répondre à toutes les demandes. “Je fonctionne en réseau avec les quatre maréchaux-ferrants que j’ai formés. Cela permet de bien couvrir le territoire, d’assurer un super- service et de se remplacer mutuelle- ment pendant nos congés respectifs.” Du “savoir-fer” et de la suite dans les idées. F.C.

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