La Presse Pontissalienne 159 - Janvier 2013

A g e n d a

La Presse Pontissalienne n° 159 - Janvier 2013

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“Mon but est de m’attaquer à tous les maux de la société” Passionné par la photographie, Alain Parizet porte à sa manière un regard sur la société par l’intermédiaire de son objectif. Son travail “social” est à découvrir les 26 et 27 janvier à Pontarlier. PHOTOGRAPHIE - ALAIN PARIZET

L a Presse Pontissalienne :Vous êtes ébé- niste dessinateur de métier, et artiste photographe par passion. Pourquoi ne pas avoir fait de la photographie votre métier ? Alain Parizet : J’ai commencé la photo- graphie à 12 ans. Mon grand-père était lui-même photographe titulaire d’une carte de presse. Ma grand-mère a posé pour Doisneau. Mon père était photo- graphe amateur. J’ai passé le concours d’art appliqué. J’ai été reçu, mais mon père m’a dit à ce moment-là : “L’art ne paie pas alors trouve autre chose.” Il n’avait sans doute pas tort quand je vois aujourd’hui les difficultés que ren- contrent la presse et les photographes. L’arrivée du numérique a complètement chamboulé le système. Tout le monde peut faire des images aujourd’hui, alors qu’avant, l’argentique imposait la maî- trise d’une certaine technique.À l’inverse, la technologie numérique a permis à des photographes de se faire discrets et ainsi de réaliser des reportages en Afghanistan avec des téléphones por-

tables.

dans l’intimité d’un couple de femmes. Pour- quoi avoir illustré ainsi ce thème ? A.P. : Je suis issu d’une famille de femmes. J’ai toujours trouvé que la complicité féminine était très différente de la com- plicité masculine. Les hommes n’ont pas ce côté tactile et cette intimité pro- fonde qu’ont les filles. J’ai voulu mettre en image ce ressenti. L.P.P. : L’autre série narrative, “Fracture”, nous confronte à l’intimité d’un couple au bord de la séparation. Pourquoi avoir choisi ce thème ? A.P. : La série “Fracture” interpelle car elle parle véritablement de la vie des gens de manière frontale. Tout le mon- de a connu un jour une séparation. L.P.P. : Vous avez réalisé une série de photos sur des personnes tatouées au mois de juin. Il y a dans ces images une forme de pudeur et de simplicité, c’est d’ailleurs ce qui donne leur force à ces images. On est moins dans l’art que dans le sujet de société n’est-ce pas ? A.P. : J’ai souvent vu des photographies de personnes tatouées dans la presse. Je leur trouvais un côté très “lolita sexy”. J’ai voulu faire des images moins éli- tistes en montrant des gens qui ont choisi de se faire tatouer. L’intérêt de ce travail est que des personnes tatouées qui ne sont pas des modèles se sont prê- tées au jeu en posant devant l’objectif. L.P.P. : Est-ce que l’on peut vous définir com- me un photographe social ? A.P. : La photographie sociale, c’est une personne qui s’assoit à un endroit et qui photographie ce que tout le monde voit sans vraiment prendre le temps de regarder. Quand je fais des images sur les personnes tatouées, je pense être un photographe social. C’est ce que j’aime. Je prépare actuellement un nou- veau projet qui va me demander deux ou trois ans de travail. Mon but est de m’attaquer en quelque sorte à tous les maux de la société qui sont multiples. Je vais les mettre en image. Je n’aime pas reproduire les mêmes choses. Sou-

photos de la série “Fractu- re et complicité”, on a l’impression qu’elles sont très scénarisées, comme extraites d’un film. Pouvez- vous nous expliquer ce par- ti pris ? A.P. : Mon travail évolue. J’écris des formes de scé- narios, et de l’écriture naissent des photos. En 2013, tout mon travail reposera sur ce princi- pe. La photo doit orien- ter l’histoire, ou la fai- re imaginer. Lorsqu’on

L.P.P. : Retouchez-vous vos photos ? A.P. : Non, je ne retouche pas mes pho- tos. Je suis photographe et pas infor- maticien. L.P.P. :Vous êtes donc du côté des puristes, des adeptes de la photo sans trucage, même si vous utilisez aussi le numérique ? A.P. : Dans la photographie, il y a deux familles : les purs et durs d’un côté et

“ Je pense être un photographe social.”

de l’autre, ceux qui cher- chent à vendre des pho- tos à la presse en quête d’images qui “cognent”. Personnellement je tends toujours vers des photos qui amènent un messa- ge, des émotions. Quand l’art de l’image com- mence à vous déranger, alors nous ne sommes pas loin de la vérité. L.P.P. : Quand on regarde vos

“La notoriété ne m’intéresse pas en soi.”

parvient à éveiller l’imaginaire, alors nous sommes dans l’art. Les deux séries que je vais exposer en janvier, “Frac- ture et complicité” marquent le début de ce travail défini par le scénario et l’écriture. Je suis clairement sur des photos de plateau.

L.P.P. : La série “complicité” nous fait entrer

Alain Parize

vent je fais un virage à 180°. Ce travail en est un. L.P.P. :Avez-vous d’autres projets dans le gen- re “photographie sociale” ? A.P. : Je vais réaliser une série de pho- tographies sur mon village des Ville- dieu. Je vais suivre des gens de ma com- mune, comme des agriculteurs, avec toujours cette idée de laisser une tra- ce, une mémoire grâce à l’image. Les personnes se prêtent au jeu à partir du moment où elles me connaissent. L.P.P. : On se souvient qu’à la fin des années quatre-vingt-dix la loi Guigou sur le droit à l’image a soulevé un tollé chez les photographes puisqu’elle renforce le droit à l’image. Qu’en pensez-vous ? A.P. : La loi Guigou a complètement modi- fié l’approche photographique des gens.

Une des 45 images de la série “Fracture et complicité” qui seront exposées fin janvier à Pontarlier.

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