La Presse Pontissalienne 157 - Novembre 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 157 - Novembre 2012

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T.G.V. : LE HAUT-DOUBS SORT DE SES RAILS Véridiques ou pas, les menaces de fermeture des lignes T.G.V. Paris-Berne via Neuchâtel et Paris- Lausanne via Frasne ont provoqué la colère de toute une région. Au sens territorial du terme avec Marie-Guite Dufay qui s’est farouchement opposée à ces hypothèses de suppression qui pénaliseraient l’activité touristique et économique du Haut-Doubs. La présidente du Conseil régional a interpellé toutes les instances ferroviaires du président de Lyria au ministre des Transports en passant par le directeur régional de la S.N.C.F. Et au sens Haut-Doubs du ter- me où les élus et associations d’usagers multiplient les prises de position engagées. L’avenir de ces lignes s’inscrit dans deux contextes distincts. Le Paris-Frasne-Lausanne qui fonctionne bien ne semble plus être concurrencé par le projet Paris-Genève-Lausanne plus trop à l’ordre du jour. Aucun changement ne devrait survenir d’ici 2015 pour cette ligne qui garantit quand même une correspondance directe pour Paris aux habitants du Haut-Doubs. Un moindre mal. Le cas du Paris-Pontarlier-Berne s’annonce beaucoup plus problématique. Vidé de son potentiel de voyageurs bernois qui s’est largement rabattu sur la L.G.V. Rhin-Rhône, cette liaison coûte plus cher qu’elle ne rapporte. Et ce ne sont pas les 70 voyageurs neuchâte- lois et pontissaliens qui prennent ce train chaque jour qui vont conforter l’activité. Si un sursis est confirmé jusqu’en 2013, on peut raisonnablement s’attendre au pire en priant aussi pour que les nouvelles liaisons transfrontalières soient couronnées de succès.

TRANSPORTS Le chant du cygne pour le Paris-Berne ? Sauvons nos T.G.V. ! C’est le branle-bas de combat après les menaces de suppression des lignes T.G.V. Lyria qui transitent à Pontarlier et Frasne avant de rejoindre Berne et Lausanne. Mobilisation.

E ntre les requêtes sur la R.N. 57 qui n’ont jamais été prises en compte et les incertitudes récurrentes sur les liaisons T.G.V. avec la capitale, le Haut- Doubs a décidément bien du mal avec ses infrastructures de transport. Côté route, la seule bonne nouvelle à annon- cer se limite à la réactivation d’études endormies depuis plusieurs années. Le contournement de Pontarlier relè- ve encore de l’utopie, tout au plus peut- on espérer voir se réaliser la déviation des Tavins. Et encore. Pour les T.G.V., ce n’est guère mieux. Le Haut-Doubs a déjà subi en 2009 la suppression d’une des deux lignes Paris- Berne via Pontarlier et Neuchâtel. Pour compenser cette perte, les Suisses ont investi dans la mise en circulation de deux rames Colibri qui effectuent des liaisons quotidiennes entre Berne et Frasne avec correspondance avec le Lausanne-Paris. “On a perdu un aller- retourT.G.V. et gagné deux allers-retours Colibri” , observe Dominique Melet de la F.N.A.U.T. Franche-Comté. La possibilité d’effectuer depuis Pon- tarlier un aller-retour sur Paris dans la même journée a de nouveau été mise à mal en décembre 2011 avec le déca- lage de la liaisonT.E.R. Pontarlier-Dole de 5 heures à 11 h 38. Les voyageurs pontissaliens se sont vus proposer un service taxi à 4 heures du matin qui les achemine en gare de Besançon- Auxon où ils peuvent prendre une cor- respondanceT.G.V. sur Paris. “On aurait pu croire que cette liaison ne servait à rien avec un départ aussi tardif. Mal- gré tout, ça tourne, même s’il est impos- sible d’avoir des informations sur la fréquentation.” La délégation T.E.R. à la direction régionale de la S.N.C.F. se refuse à diffuser toute statistique sous prétexte qu’elle pourrait servir à la concurrence… Difficile dans ces cir- constances de mesurer l’attractivité de telle ou telle ligne régionale. Inutile de dire que la tension est mon- tée d’un cran à l’annonce des projets évoqués fin septembre lors d’un conseil

prise sans avoir au préalable examiné les conséquences et les alternatives offertes aux Pontissaliens.” La ville de Pontarlier a réagi en lançant une péti- tion qui a recueilli plus de 1 000 signa- tures. Plus consensuels dans la contes- tation, les Suisses sont tout aussi solidaires. “À Neuchâtel, si le Paris- Berne disparaît, il n’y aura plus de T.G.V. du tout. Lyria n’arrête pas de changer de logique. On a le sentiment que la S.N.C.F. boycotte cette ligne. Ici, on n’a pas forcément l’impression que ce soient les C.F.F. les plus en cause” , déplore Pierre Hiltpold, le président de la Fédération du Transjuralpin. Les carottes semblent presque cuites pour le Paris-Pontarlier-Berne. Res- te plus qu’à espérer qu’une mauvaise nouvelle n’en cache pas une autre… F.C.

d’administration de la S.N.C.F. Il est question en effet de supprimer en décembre 2013 la liai- son Berne-Paris via Neu- châtel et Pontarlier. Une décision justifiée pour cause de manque de ren- tabilité. Sur les huit premiers mois de 2012, le nombre de voyageurs interna- tionaux a chuté de 30 % sur cette ligne par rap- port à 2011. Ce phéno- mène s’explique fort logi- quement par l’ouverture de la L.G.V. Paris-Ber-

La double peine pour les habitants.

ne en correspondance par Bâle. Toutes les instances régionales ont vivement réagi. “Ce T.G.V., il faut absolument le défendre. Il est indispensable à l’avenir touristique et économique du Haut- Doubs. Ce serait la double peine pour les habitants de ce territoire car ils ont aussi contribué au financement de la L.G.V. et ce serait au nom de ce nouvel équipement qu’ils seraient privés d’une desserte directe vers Paris” , résume Claude Jeannerot, le président du Conseil général. Les élus locaux ne sont pas en reste. Philippe Alpy, le maire de Frasne, s’étonne qu’on puisse investir 42 mil- lions d’euros dans l’amélioration de l’axe Dole-Frasne-Vallorbe. “À quoi ça sert ? Quelle est la gouvernance entre les gestionnaires d’infrastructures et le gouvernement ? Il en va de l’attractivité de tout le Haut-Doubs.” Interpellé par courrier sur ces enjeux, Guillaume Pépy le président de la S.N.C.F. se voulait très rassurant, notamment sur le Paris-Lausanne. “En tout état de cause, je tiens à vous assu- rer très clairement que cette desserte n’évoluera ni en 2013, ni en 2014.” L’avenir de la ligne Paris-Berne via Pontarlier est beaucoup plus flou. “En revanche, la question de la desserte de Pontarlier se poserait. Bien évidem- ment, aucune décision ne pourra être

À l’instar de Philippe Alpy, maire de Frasne, tous les élus locaux sont montés au créneau pour dénoncer les risques de désertification ferroviaires qui pèsent sur le Haut-Doubs.

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