La Presse Pontissalienne 157 - Novembre 2012

La Presse Pontissalienne n° 157 - Novembre 2012

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LYRIA L’approche économique Alain Barbey : “On perd de l’argent” Le directeur de la société Lyria se défend de torpiller sournoisement l’avenir des lignes T.G.V. qui passent dans le Haut-Doubs. Il livre son ana- lyse économique de la situation. Celle d’une société qui doit équilibrer financièrement chaque ligne dont on lui a confié l’exploitation.

L a Presse Pontissalienne : Doit-on s’attendre à la suppression des lignes T.G.V. qui passent par le Haut-Doubs ? Alain Barbey : Aucune décision n’a été prise dans ce sens, ni pour un cas, ni pour l’autre. On ne nie pas pour autant les choses évoquées. Il est bon de rap- peler que Lyria évolue dans un contex- te d’économie de marché. On doit fai- re des propositions par rapport à la disponibilité de nos rames en tenant compte de critères économiques. D’autres éléments stratégiques ne sont pas de notre ressort, en particulier les éléments politiques. L.P.P. :Vous semblez dissocier les deux lignes T.G.V. ? A.B. : Tout à fait. Il faut séparer les deux contextes. La fermeture de la ligne Paris-Lausanne n’est pas du tout à

l’ordre du jour. On regarde seulement ce qui se passe. Pas d’inquiétudes à avoir d’ici 2015. L’autre élément déter- minant dans notre évolution concer- ne l’envolée des coûts d’infrastructure qui plombent les comptes des sociétés comme la nôtre. Cela représente plus de 40 % des prix du billet de train. On est contraint d’avoir des taux de rem- plissage au moins équivalents à75 %. L.P.P. : Qu’en est-il du Paris-Lausanne ? A.B. : Son taux de remplissage avoisi- ne 78 %. C’est une ligne qui marche très bien. On atteint les critères pour pouvoir dégager une marge légère- ment inférieure au Bâle-Zurich. On a aussi analysé l’opportunité Paris-Genè- ve. Dans le contexte actuel, ce n’est plus une question d’actualité.

L.P.P. : Le Paris-Berne via Pontarlier est-il dans une situation plus délicate ? A.B. : Même si aucune décision n’est prise, on a toujours dit qu’on mesure- rait l’impact de la L.G.V. Rhin-Rhône. Il faut 4 h 49 pour effectuer Berne- Paris par Neuchâtel et 4 h 03 par Bâle. Pour la clientèle affaire toujours pres- sée, 45 minutes de différence, ça com- mence à compter. Depuis la mise en service de la L.G.V., on enregistre 32 % de baisse de fréquentation sur Neu- châtel au profit de Bâle. Et ce phéno- mène va crescendo. Sur des trains qui ont 350 places, les dessertes de Neu- châtel et Pontarlier représentent 70 clients. Rappelons aussi que Pontar- lier n’est qu’à 10 minutes de Frasne. C’est très rare d’avoir deux lignes T.G.V. reliées directement sur Paris entre deux gares aussi rapprochées. Pon- tarlier est avant tout tourné vers Paris. Dans les chiffres, on est à 14 passa- gers embarqués à Pontarlier. L.P.P. : Cette ligne est donc en déficit ? A.B. : On perd de l’argent mais ce n’est pas l’unique souci. Cette ligne mobili- se une rame dont on aurait extrême- ment besoin sur le Rhin-Rhône ou même le Paris-Lausanne.

tarifaire décourageante sur cette ligne ? A.B. : C’est tout le contraire. On a fait beaucoup pour rendre cette ligne attractive. On a essayé de limiter au mieux les inconvé- nients liés aux travaux. Au niveau horaire, on a optimisé en privilé- giant la ligne de Ber- ne au détriment du Paris-Lausanne. On transporte aussi des passagers domestiques

“On perd de l’argent sur le Paris- Neuchâtel-Berne. Cette ligne mobi- lise une rame dont on aurait extrê- mement besoin sur le Rhin-Rhône ou le Paris-Lausanne”, commente Alain Barbey, le directeur de Lyria.

“Seulement 14 passagers embarqués à Pontarlier.”

PERSPECTIVES Confirmation le 29 novembre Bientôt deux nouvelles

en faisant en sorte qu’il y ait plus de monde dans le train de Berne. On apporte ainsi du revenu additionnel pour optimiser le remplissage du Paris- Berne. On a aussi cherché à diversi- fier avec un nouveau créneau de clien- tèle en prolongeant le trajet jusqu’à Interlaken. Au niveau des prix, le pas- sager suisse ou français qui va à Bâle depuis Paris paiera plus cher que sur la ligne directe Paris-Neuchâtel-Ber- ne. Cela lui coûtera 20 % en plus jus- qu’à Bâle sans compter le prix du billet jusqu’à Berne. Au global, on a fait des efforts et on ne pourra pas nous le reprocher. À présent, et je me répète, on a fait cette étude parce que c’est notre mission. D’autres sont en cours. Les C.F.F. et la S.N.C.F. siègent au conseil d’administration du Lyria. Ce sont eux qui prennent toutes les déci- sions stratégiques. L.P.P. : L’avenir du Paris-Pontarlier-Neuchâtel- Berne semble être déjà scellé ? A.B. : On sera fixé en 2014 et la prési- dente de la Région Franche-Comté sera informée en premier lieu. Lyria peut alors intervenir pour harmoni- ser les correspondances. À force de pénaliser le Lausanne, on peut risquer de faire ressortir d’autres menaces. L.P.P. : On sacrifie l’un pour sauver l’autre ? A.B. : Je n’ai pas dit ça. Mais si Paris- Neuchâtel-Berne disparaît, cela amé- liorerait forcément le Paris-Lausan- ne. La ligne Pontarlier-Berne n’est pas du tout adaptée au T.G.V. L.P.P. : Quand sera prise la décision définiti- ve ? A.B. : J’espère le plus rapidement pos- sible pour qu’on puisse s’organiser au mieux. L’agenda de la décision n’est pas entre mes mains mais dans celles des maisons mères. Propos recueillis par F.C.

lignes transfrontalières

Le Conseil régional devrait annoncer au prochain comité de lignes T.E.R. l’ouverture des liaisons Pontarlier-Frasne-Vallorbe et Pontarlier-Neuchâtel via le Val de Travers.

viendront étoffer l’offre de station- nement en centre-ville. Le montant global du projet avoisine les 3 mil- lions d’euros. le Conseil régional a déjà voté une subvention de 715 000 euros pour ce pôle multi- modal. Le Conseil général versera son obole dans la reconfiguration de la rueMorand. R.F.F. et la S.N.C.F. s’engagent également dans la mise à disposition du foncier. “Les finan- cements sont actés. On finalise le dossier administratif. Les premiers coups de pioche sont prévus d’ici un an” , conclut le maire de Pontarlier.

À défaut de pouvoir intercéder auprès des instances ferro- viaires françaises pour confor- ter l’avenir des T.G.V. dans le Haut- Doubs, le Conseil régional va peut-être apporter un début de solu- tion au sempiternel problème des bouchons de frontaliers. Le projet qui devrait être officialisé tout pro- chainement à Pontarlier se tradui- ra par la mise en service de nou- velles lignes franco-suisses. “On y travaille depuis 18 mois avec les ser- vices des cantons de Vaud et Neu- châtel. On va avoir un comité de

mérite en tout cas d’être tentée au vu du succès retentissant de la ligne Morteau-Le Locle-La Chaux-de- Fonds. Alain Fousseret regrette même qu’on ne puisse pas mettre plus de trains en circulation sur la ligne des horlogers. “On a fait une étude avec le canton de Neuchâtel pour améliorer son fonctionnement et renforcer le débit aux heures de pointe.” Le conseiller régional revient aussi sur cette suppression duT.E.R. Pontarlier-Dole à 5 heures que per- mettait aux voyageurs d’avoir une correspondance pour Paris. “Ce train coûtait 700 000 euros et transpor- tait en moyenne 6 voyageurs. D’où la solution du taxi moins onéreuse. Il y a des choix politiques à faire. Mieux vaut mettre des trains là où il y a du monde et que cela rende vraiment service aux gens.” Avec ou sans T.G.V., la ville de Pon- tarlier s’engage toujours dans son projet de gare multimodale. “L’avenir de la ligne T.G.V. ne remet pas en cause le projet de requalification de la gare dont l’activité repose princi- palement sur les T.E.R.” , confirme Patrick Genre. L’option transfron- talière imposera notamment d’aménager un parking important. Soit 300 places supplémentaires qui

L.P.P. : Beaucoup critiquent aussi la politique

lignes le 29 novembre à Pontarlier où l’on pré- sentera ce que nous sommes en mesure de faire au niveau des T.E.R. sur le Haut- Doubs” , indique Alain Fousseret. Le vice-pré- sident du Conseil régio- nal chargé des trans- ports n’en dira pas plus, probablement par res- pect du calendrier. Tout laisse à penser que ces ouvertures de lignes vont aboutir, au moins celle du Val-de- Travers. L’expérience

300 places de parking supplé- mentaires.

“L’avenir de la ligne T.G.V. ne remet pas en cause le projet de requalification de la gare de Pontarlier”, explique le maire Patrick Genre.

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