La Presse Pontissalienne 157 - Novembre 2012

ÉCONOMIE

40 La Presse Pontissalienne n° 157 - Novembre 2012

CONSEIL

Un accompagnement bénévole

Les ficelles du métier L’association A.P.R.O.J.E. rassemble des cadres qui font profiter de leur expérience aux plus jeunes et aux petites collectivités. Explications avec Pierre Bonvarlet, président coordinateur sur le Haut-Doubs.

voit passer près de 500 lycéens ou étudiants au cours de ces journées. On travaille par exemple avec la fac de droit, l’E.N.S.M.M. et quelques lycées bisontins. Dans le Haut- Doubs, on intervient assez régulièrement à l’école d’agriculture de Levier, au lycée Xavier- Marmier, à Jeanne d’Arc ou Saint-Bénigne. En complément, on peut faire du tutorat per- sonnalisé pendant plusieurs semaines. On aide parfois des classes engagées sur des pro- jets pédagogiques de mini-entreprises. L.P.P. : Vous évoquiez de l’accompagnement auprès des petites collectivités ou des entreprises, de quoi s’agit-il ? P.B. : On intervient dans le domaine de la sécu- rité. Nos intervenants les aident à établir le document unique qui doit lister et hiérar- chiser les risques pouvant nuire à la sécuri- té de tout salarié. C’est maintenant obliga- toire. Ces prestations sont assez complexes. Localement, on a assisté la commune de Roche- jean ou la communauté de communes Mont d’Or-Deux Lacs. Au niveau des entreprises, on peut citer Enett, Mobalpa, Literie Girard ou l’association Espace Mont d’Or. L.P.P. : D’autres actions à signaler ? P.B. : On peut donner un coup de pouce aux entreprises d’aide à domicile qui sont contraintes de faire de l’auto-évaluation qua- lité. On fonctionne actuellement dans ce sens- là avec l’A.D.M.R. On s’implique aussi mais de façon plus anecdotique dans le domaine de la réinsertion sociale. Le champ de com- pétences de l’A.P.R.O.J.E. s’arrête à celui de ses membres. L.P.P. : Êtes-vous rémunéré ? P.B. : Nos règles d’intervention sont claires. On ne demande aucune compensation finan- cière à titre personnel pour les membres de l’association. On facture seulement les frais directs des intervenants auxquels s’ajoute une quote-part pour le fonctionnement de l’association. On respecte bien sûr les règles de confidentialité conformes à nos actions. Propos recueillis par F.C.

La Presse Pontissalienne : Que signifie A.P.R.O.J.E. ? Pierre Bonvarlet : Accompagnement Professionnel Pour les Jeunes et l’Entreprise. L’A.P.R.O.J.E. a été fondée fin 2008. Elle a une dimension régionale. C’est la suite d’une association nationale dont on s’est détaché pour s’affranchir du parisianisme dans un souci de proximité. On s’appuie donc sur une longue expérience. L.P.P. : Quelle est sa raison d’être ? P.B. : Nos membres sont des bénévoles retrai- tés ou sur le point de l’être. Tous sont ou ont été cadres de grandes entreprises ou de P.M.E. de l’administration, de l’Université, des entre- prises publiques, du secteur bancaire, de pro- fessions libérales. L’A.P.R.O.J.E. répond à un double besoin. En premier lieu : faire profi- ter de l’expérience des anciens aux plus jeunes et aux petites collectivités. Dans l’autre sens, cela permet à des personnes d’un certain âge de rester en contact avec la vie active et de se rendre utile. L.P.P. : Êtes-vous nombreux ? P.B. : L’association compte aujourd’hui une trentaine de membres dont une poignée ins- tallée sur le Haut-Doubs. Elle a son siège à la C.C.I. du Doubs et son rayon d’intervention correspond à peu près aux limites du dépar- tement. On a encore besoin de se faire connaître.

INSERTION Condamnée à réussir Retour aux fondamentaux chez E.P.P.I. Sortie d’un redressement, cette entreprise d’insertion par

l’économie évolue vers un mode de fonctionnement plus

“Faire profiter de l’expérience.”

L.P.P. : Pouvez-vous nous présen- ter vos actions ? P.B. : Elles s’articulent autour de trois ou quatre activités. On s’occupe en premier lieu des jeunes de niveau bac à ingénieur en leur proposant différents types de services. On organise des journées de simulation où plusieurs inter- venants de l’association endos- sent le rôle d’employeur. Ils conduisent des entretiens indi- viduels, font le bilan et appor- tent des conseils aux futurs candidats à l’embauche. On

professionnel et revient dans son champ d’activité historique.

E.P.P.I. a investi dans le

renouvelle- ment de ses véhicules.

L a partie n’est pas enco- re gagnée, mais l’équipe a retrouvé le moral et une nouvelle directrice, Pascale Philipps, en poste depuis septembre 2011. “On a obtenu l’accord du tribunal pour sor- tir de la situation de redresse- ment en juillet 2011. E.P.P.I. est maintenant engagée dans un plan de continuation sur 10 ans. Elle devra rembourser sa dette pendant cette période.” Fini les doutes, les méthodes de travail archaïques et les choix straté- giques hasardeux. Une remise à niveau dans l’organisation interne de l’entreprise s’imposait avec le souci d’être plus moder- ne, rigoureux et efficace. Les efforts ont porté sur la pro- fessionnalisation de la struc- ture notamment au niveau des outils de pilotage et de gestion. “On a investi dans de nouveaux logiciels. Aujourd’hui, tous les services sont en réseau. La volon- té d’être plus opérationnel se tra- duit aussi par le renouvellement du parc de véhicules” , indique Bernard Ménigoz qui a succé- dé en juin dernier à Gaston Jouf- froy à la tête du conseil d’administration. Si la méthode a évolué et quelques têtes ont changé, le fonds de commerce s’articule toujours autour de l’insertion par l’activité économique. E.P.P.I. peut accueillir une trentaine de personnes en situation d’insertion sur des postes conventionnés. L’entreprise s’est recentrée sur les métiers qu’elle

maîtrisait le mieux. En premier lieu, le secteur du bâtiment qui représente aujourd’hui la plus grosse part du chiffre d’affaires. “On fonctionne avec quatre équipes d’encadrants techniques et une quinzaine de salariés en réinsertion. On fait de la réno- vation intérieure, petite maçon- nerie, menuiserie, serrurerie pour le compte de particuliers, col- lectivités, bailleurs sociaux.” Le secteur d’intervention va de Maîche à Mouthe et jusqu’à Ornans dans la vallée de la Loue. Si le Haut-Doubs dans sa bul- le frontalière échappe en par- tie à la crise, les besoins en matière d’insertion profession- nelle n’ont pas disparu pour autant. “Ils sont toujours aussi importants. On constate même une dégradation avec des gens de moins en moins motivés. On se retrouve aujourd’hui à gérer le public le plus éloigné de l’emploi, le plus en difficulté” , note la directrice. Le volet “Net- toyage et propreté” arrive en second dans la liste des activi- tés support d’insertion gérées par E.P.P.I. Il concerne un public féminin pour l’essentiel. Ces personnes travaillent chez les particuliers, dans les co-pro- priétés, dans les commerces ou les locaux industriels. “C’est un secteur très efficace en terme de réinsertion dans les entreprises de nettoyage.” Le public d’E.P.P.I. ne reste pas

plus de deux ans dans la struc- ture. L’entreprise encadre aus- si un secteur espaces verts : ton- te, taille d’arbres, aménagements paysagers et déneigement en hiver. Six personnes en moyen- ne travaillent dans ce service plus actif à la belle saison, ce qui semble assez logique. “On a conservé un petit volet sous- traitance industrielle qui se limi- te pour l’instant à un seul client. Mais on compte bien dévelop- per ce secteur.” E.P.P.I., qu’on aurait tort de ne pas considérer comme une entre- prise à part entière, veut aus- si aller de l’avant. La profes- sionnalisation s’inscrit dans cette logique. Soumise aux mêmes règles que la concur- rence, elle a recruté un techni- co-commercial en charge de trou- ver et négocier de nouveaux marchés. “C’était nécessaire car les aides de l’État qui compen- sent la prise en charge de l’insertion correspondent à 20 % du chiffre d’affaires. Le reste provient uniquement de nos pres- tations.” La directrice comme son prési- dent ont aussi apprécié la soli- darité des clients et des four- nisseurs restés fidèles à l’entreprise au plus fort de ses difficultés. “Maintenant, on est condamné à être efficace et ren- table” , conclut le président plu- tôt serein.

“Chaque année, près de 500 étu- diants parti- cipent aux journées simulations d’entretien d’embauche animées par l’A.P.R.O.J.E.”, observe Pierre Bon- valet, coor- dinateur de l’association sur le Haut- Doubs.

Renseignements : Pierre Bonvarlet : 09 65 11 27 26

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