La Presse Pontissalienne 156 - Octobre 2012

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 156 - Octobre 2012

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LES FOURGS

Le parcours d’un autodidacte

Les pieds dans la pâture, la tête dans le bicorne Quand il ne s’occupe pas de sa ferme aux Fourgs, Gérard

L a culture n’est pas l’apanage des classes bourgeoises. On aurait tort de réduire la pay- sannerie à une classe labo- rieuse sans ouverture d’esprit. Entre une grand-mère “d’une érudi- tion hors du commun” , un grand-père ancien combattant et des parents épris de littérature, Gérard Tissot-Robbe a grandi dans un environnement fami- lial propice à éveiller bien des pas- sions intellectuelles. “J’ai aussi appris beaucoup de choses à la communale. On avait des instituteurs qui nous sen- sibilisaient à la curiosité des choses.” Dès qu’il est en âge de comprendre ce qu’il lit, Gérard Tissot-Robbe se pas- sionne pour l’histoire en général.Aurait- il raté sa vocation ? N’avait-il d’autre choix que d’assurer la succession pater- nelle ? Ni l’un, ni l’autre. Le jeune Bourri appréciait tout autant le plan- l’époque napoléonienne. Le passionné a plusieurs ouvrages à son actif. Tissot-Robbe s’intéresse à l’histoire en général et plus spécialement à

En tant qu’agriculteur, Gérard Tissot- Robbe ne pou- vait se per- mettre aucun faux pas pour asseoir sa crédibilité d’historien.

cher des vaches. “On ne m’a obligé en rien à m’orienter dans l’agriculture. C’est unmétier qui me plaît” , explique celui qui après avoir été associé avec son père a repris seul les rênes de la ferme familiale. Il s’occupe aujourd’hui d’une exploitation de 175 000 litres de quotas. De sa propre histoire agrico- le, il regrette le temps d’avant les quo- tas qui ont instauré selon lui de gros changements de mentalités. “Je ne conteste pas l’intérêt du contingente- ment laitier mais avec ce dispositif, c’est la guerre pour le moindre bout de terrain” estime-t-il. Entre deux traites, l’apprenti histo- rien poursuit sa formation. Il assiste assez régulièrement à des conférences en regrettant parfois le manque d’objectivité de certains. Au cours de son parcours initiatique, il croise dans les années quatre-vingt-dix l’homme providentiel, en la personne de Jean- MarieThiébaud. “Il avait une attirance pour la Révolution et moi pour le Pre- mier Empire. Ces périodes ont en com- mun d’être très riches en événements de toute nature et en plus, il n’y a plus prescription. Contrairement à la Résis- tance où il faudra attendre encore long- temps avant de savoir tout ce qui s’est vraiment passé.” Auprès de sonmaître à penser, GérardTissot-Robbe va com- pléter son bagage. “Il m’a inculqué les rudiments de l’investigation historique. À ses côtés, j’ai aussi appris à voir plus loin que les limites du can- ton de Pontarlier.”

teur. Je n’ai jamais été intéressé par les livres“cartes postales”ou les ouvrages à compte d’auteurs qui n’apportent pas grand-chose de nouveau, si ce n’est de réactualiser sous une autre forme ce qu’on savait déjà.” L’homme est très critique sur son temps. Trop lucide peut-être.Dans son registre historique, il ne souffre pas l’approximation et se sait sûr de son fait. Ses recherches l’ont peu à peu amené à côtoyer les plus grandes plumes de la littérature napoléonien- ne. Il apprécie d’ailleurs beaucoup l’état d’esprit de ce réseau où person- ne ne garde ses informations secrètes. Bien au contraire, le partage est de mise car tous œuvrent au service de la même cause. Le duo d’auteurs qu’il forme avec Jean-Marie Thiébaud a récemment publié un volumineux ouvrage sur les Corps Francs de 1814 à 1815, à savoir ces résistants qui accompagneront Napoléon dans sa dernière croisade. “Ce travail marque l’aboutissement de sept années de recherche” , rappelle Gérard Tissot- Robbe qui s’est rendu près d’une ving- taine de fois à Paris pour effectuer des recherches aux archives nationales. Son père et le service de remplace- ment agricole ont assuré l’intérim sur l’exploitation. Pas toujours facile d’associer l’histoire et l’agriculture. “Ce livre nous a valu un article dans la revue de l’Institut Napoléon et un prix littéraire qui a souvent été attri- bué aux grands spécialistes napoléo- niens” , apprécie GérardTissot-Robbe qui ne boude pas cette reconnaissan- ce. Tout comme il avait été ravi de la critique très positive à la sortie de l’ouvrage écrit avec le docteur Thié- baud sur ÉlisabethLeMichaud d’Arçon qui fut en son temps l’une des maî- tresses de Napoléon. Pour l’anecdote, son père était l’architecte de la porte Saint-Pierre, le symbole architectural de Pontarlier. La boucle est bouclée. Retour sur le plancher des vaches. F.C.

L’homme est très

Après l’absorption des connaissances, vient le temps de la restitution. Le lecteur cède peu à peu sa place à l’auteur.Gérard Tissot-Robbe rédige de nombreuses publications en lienavec l’histoire napo- léonienne. Il écrit plu- sieurs ouvrages avec le docteur Thiébaud et le professeur Thierry Chof- fat. “On n’a jamais eu de soucis pour trouver un édi-

critique sur son temps.

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