La Presse Pontissalienne 156 - Octobre 2012

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 156 - Octobre 2012

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VAUX-ET-CHANTEGRUE Polémique Le chalet de la discorde Le projet de création d’une salle hors sac dédiée au ski de fond à Vaux- et-Chantegrue fait des vagues. Les pourfendeurs n’en veulent pas pour des raisons de coût élevé, un emplacement mal pensé et un manque de neige. La communauté de communes abandonnera-t-elle le projet ?

P as encore créé et déjà décrié. Lorsque la com- munauté de communes Frasne-Drugeon initie en 2011 l’idée de construire un chalet dédié au ski de fond sur le domaine skiable de la Hau- te-Joux à Vaux-et-Chantegrue, elle n’imaginait pas soulever la fronde d’une partie de la popu- lation. Les écologistes d’abord. Ils ont rapidement émis des réserves quant à la création de ce bâtiment, qui devrait être

situé dans la Combe Noire, au motif qu’il se trouve dans un milieu naturel protégé où des espèces endémiques y vivent. La cabale s’est confirmée lors d’une réunion publique en sep- tembre où les pourfendeurs de l’initiative se sont manifestés sans vergogne face à ce chalet dont le coût avoisinerait les 700 000 euros (le chiffre n’a pas été confirmé par la C.F.D.) .Après les “écolos”, ce fut au tour des skieurs d’entrer en piste : “Créer un nouveau chalet fra- giliserait les deux autres sites comme celui de la Bourre émet Benoît Marmier, qui parle au nomdu club de ski de fond Fras- ne-Drugeon. Nous n’avons pas les moyens de faire trop de sites, poursuit-il. Appliquons-nous déjà à faire des pistes de quali- té, et comment ferons-nous pour le faire fonctionner ?” interro- ge ce bénévole qui confirme que le nombre de skieurs ne serait pas à la hausse sur le massif. Bref, les inquiétudes semblent fondées d’autant que la neige n’est pas annoncée en masse dans les prochaines années. Des élus font amende honorable face à la levée de boucliers des administrés : “Je pense que le dossier n’a pas été assez bien potassé avant cette réunion publique dit Gérard Paulin, le maire de Boujailles et élu à la communauté de communes. Lors

de la réunion publique, nous n’avons pas été capables de dire quels seront les frais de fonction- nement, le mon- tant des subven- tions ou comment gérer les risques de vandalisme, d’accès ou d’utilisation lors de la période d’été. N’oublions pas

“Le dossier n’a pas été assez bien potassé.”

Le village de Vaux-et-Chantegrue divisé par la création d’un chalet de ski.

que notre communauté est enga- gée dans d’autres projets com- me la création de la bibliothèque- médiathèque à Frasne (environ 293 000 euros), ou la zone de Bulle (2,7 millions)” poursuit l’édile. La prochaine mission pour la C.F.D. sera donc de convaincre les élus des 10 villages du bien- fondé de l’établissement qui pourrait drainer des touristes supplémentaires à condition de recréer une véritable route d’accès digne de ce nom. Un élé- ment qui fait poindre une inquié- tude chez les habitants deVaux- et-Chantegrue de voir davantage de trafic de routier. Le chalet restera-t-il dans les cartons ? La collectivité que nous avons tenté de joindre à plusieurs reprises n’a pas apporté son éclairage. E.Ch.

AGRICULTURE Beaucoup d’entraide Le Haut-Doubs renoue

avec ses pratiques céréalières

S ûr qu’il faut avoir un petit grain de folie pour semer des céréales à la Petite Échelle située à 1 150 m d’altitude. Cet alpage du Mont d’Or n’avait pas vu l’ombre d’une charrue depuis plus d’un siècle. La conjoncture actuelle est propice au retour des céréales dans leHaut-Doubs. Le réchauffement climatique devrait favoriser la pousse des céréales en alti- tude. L’envolée du cours des céréales pèse de plus en plus sur les trésore- ries des fermes laitières plus que jamais à la recherche d’autonomie fourragè- re et protéique. Cette remise au goût du jour de pra- tiques oubliées répond aux attentes de consommateurs prêts à manger local dans la logique des circuits courts. Elle va aussi dans le sens d’une agri- culture durable, à taille humaine et respectueuse de la biodiversité. Faci- le à dire, plus compliqué à mettre en œuvre sur des exploitations agricoles qui ne sont plus équipées et formées aux cultures céréalières. La spéciali- sation laitière est passée par là. Avec une obligation de maintenir un ratio de prairies permanentes qui interdit presque le labour. Ceux qui produisent agriculture bio- logique semblent finalement les plus aptes et enclins à relever ce type de défi. “L’idée du projet Céréalpage a ger- Doubs a donné lieu à de prometteuses moissons. Bilan et perspectives. Le projet Céréalpage conduit sur un alpage et deux fermes du Haut-

Les parcelles ont été labourées pour partie à cheval et pour partie avec un tracteur de façon à comparer la méthode la plus appropriée.

une partie des parcelles, le reste étant retourné au tracteur de façon à pou- voir comparer. Céréalpage s’impose d’abord par sa dimension expérimentale. Les pion- niers ont réglé les problèmes ont fur et à mesure qu’ils se présentaient. “Le plus stressant, c’était la récolte” , recon- naît Gérard Vionnet. Angoisse de la météo et surtout de trouver la solu- tion pour ramasser le grain. Heureu- sement, le Haut-Doubs abrite des pas- sionnés demécanique agricole ancienne. Ils ont trouvé le moissonneur provi- dentiel avec Claude Lombardot à Levier qui remet en état d’anciennes mois- sonneuses qui n’ont plus rien à voir avec les mastodontes d’aujourd’hui. L’engin a opéré sur les trois sites avec une dizaine de jours de décalage à la Petite Échelle. Les résultats sont très encourageants. Les rendements varient de 35 à 57 quintaux à l’hectare. C’est loin des 100 quintaux à l’hectare de la Beauce mais là-bas, le sol ne sert plus qu’à tenir les pieds et tous les éléments nutritifs doivent être apportés artifi- ciellement. On peut y ajouter aussi la paille, une denrée très convoitée en agriculture biologique. Céréalpage n’a bénéficié d’aucune aide et Gérard Vionnet estime que c’était presqu’une chance car cela les a obli- gés à chercher les solutions les plus économiques et viables. L’expérience sera prolongée avec la volonté de pri- vilégier des semences fermières, de partir sur des céréales d’automne. “On va introduire d’autres variétés : seigle, grand épeautre, avoine noir.” D’ici là, il faudra aussi trouver une solution pour faire la farine, tester le pain et s’occuper aussi de la rotation des par- celles. Un vrai métier, la céréale.

mé suite aux interventions de bergers ou paysans boulangers invités aux cours organisés par l’association des bergers du Jura” , rappelle GérardVion- net de la ferme de Montrinsans qui participe à cette expérience. Ce ber- ger prend des bêtes en estive, élève des chevaux et des bovins rustiques. Il a choisi de cultiver 30 ares en céréales, avec du blé panifiable, de l’orge, de l’avoine et un mélange pois-orge-avoi- ne. Norbert Bournez à la Petite Échel- le est parti sur 10 ares d’orge et d’avoine. La troisième structure engagée dans Céréalpage, à savoir la ferme de la Batailleuse à Rochejean a consacré un hectare à la production de céréales fourragères. Le projet a suscité beaucoup de curio- sité et un bel élan de solidarité. “On a été bien aidé par Roland Sage le tech- nicien bio à la chambre d’agriculture. On a bénéficié des conseils de Gérard Méot, paysan-boulanger en Côte-d’Or. Le groupement régional d’agriculture biologique nous a accompagnés dans la mise en place. Sans oublier les agri- culteurs du secteur qui nous ont prêté le matériel : herse, semoir, rototilleur…” Gérard Vionnet cite aussi le prêt d’un cheval comtois utilisé pour labourer

EN BREF

Absinthiades Dans le contexte sur l’on connaît, les 12 èmes Absinthiades ont lieu les 6 et 7 octobre à Pontarlier, avec animations, collections, dégustations, expositions. Au musée, à la chapelle des Annonciades et au Théâtre. Le programme complet au 03 81 38 82 12. Malbuisson Le complexe nautique de Malbuisson est ouvert les mercredis de 14 heures à 17 heures et les dimanches de 9 h 30 à 12 heures, jusqu’au 28 octobre. Renseignements au 03 81 69 31 21. Octobre rose Samedi 6 et dimanche 7 octobre, la Ville de Pontarlier s’engage dans l’opération Octobre rose destinée à sensibiliser les femmes de 50 à 74 ans au dépistage du cancer du sein. Stands de sensibilisation place d’Arçon le samedi et marché solidaire le dimanche à 10 heures au départ de la place d’Arçon. Tee-shirt rose recommandé. Ski Les gestionnaires du ski nordique fédérés au sein de l’Espace Nordique Jurassien proposent le Pass Saison Montagnes. Jusqu’au 21 décembre, c’est moins cher : toutes les pistes de ski nordique du massif du Jura, françaises comme suisses, pour moins de 100 euros. Renseignements au 03 84 52 58 10. Expo Exposition spéciale “Paysages” avec 10 artistes et autant de visions différentes du paysage, à la galerie Art et Lithographie de Pontarlier (5, rue de la République), du 6 au 27 octobre. Renseignements au 03 81 46 89 10. Bâtiment La Fédération Française du Bâtiment, section du Doubs, a acquis des nouveaux locaux à Pontarlier au 6, place d’Arçon où elle ouvre un bureau. Biathlon Championnat régional Police de biathlon le 4 octobre à Arçon. Remise des prix à 12 heures.

Les néocéréaliers du Haut-Doubs ont eu la chance de trouver à Levier un passionné de mécanique agricole qui utilise encore d’anciennes moissonneuses.

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