La Presse Pontissalienne 155 - Septembre 2012

24 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 155 - Septembre 2012

BÂTIMENT 4 100 euros bruts La construction retrouve

son niveau d’avant-crise Dans le canton de Vaud, le secteur de l’industrie et de la construction, avec 65 900 emplois à fin juin, se rapproche à grands pas de son niveau d’avant-crise. Les offres sont néanmoins temporaires pour la plupart.

Q uand le bâtiment va, tout va ! L’adage français vaut pour la Suisse qui voit son secteur du bâtiment retrouver des cou- leurs. “Le secteur de l’industrie et de la construction, avec 65 900 emplois à fin juin 2012, se rapproche à grands pas de son niveau d’avant-crise (66 100 emplois au troisième trimestre 2008)” explique le service de l’emploi du can-

ton de Vaud. Pour le canton de Neu- châtel, la conjoncture est sensiblement la même. À La Chaux-de-Fonds par exemple, la commune recherchait fin août un maçon, un peintre, un ouvrier de voirie, un maçon. “Nous avons régu- lièrement besoin de monde” précise le service des ressources humaines. Mais dans ce cas précis, les frontaliers auront des difficultés à décrocher le job : “Les

frontaliers peuvent postuler mais nous exigeons d’habiter sur le territoire suis- se” précise la commune. Avec l’arrivée importante d’immigrants en 2011 (50 000 personnes en solde migratoire positif installées en Suis- se en 2011, contre 41 000 en 2009), et un taux de logements libres très faible, le pays doit construire de nombreux logements. Logique donc que les entre- prises recherchent du personnel qua- lifié d’autant que les taux d’intérêt en Suisse assez bas stimulent l’achat des biens immobiliers et les prêts accordés par les banques suisses aux particu- liers. À La Chaux-de-Fonds par exemple, l’agence d’intérimRandstad recherche un conducteur de travaux. Comme sou- vent, le travail est temporaire. Il faut avoir plus de 30 ans et moins de 55 ans. Les salaires sont souvent alléchants : 5 900 C.H.F. pour un poste qualifié (4 100 euros bruts). Les agences trans- frontalières confirment que le secteur du bâtiment n’est pas un gros pour- voyeur d’emplois pour le Haut-Doubs. La plupart du temps, ce sont des sai- sonniers qui vont en Suisse et chan- gent de job une fois l’hiver venu.

Des missions temporaires plus courtes L a société dʼintérim Adecco livre des pistes sur lʼactivité dans la région du Léman, qui croît moins rapidement que la Suisse du Nord-Ouest dans le sec- teur du bâtiment. Selon les valeurs trimestrielles actuelles de lʼAdecco Swiss Job Market Index (A.S.J.M.I.), lʼoffre dʼemploi a accusé un recul de 7 % dans la région lémanique en général. “Notre succursale confirme cette évolution dans le secteur du bâtiment ainsi que dans le secteur de la restauration. Néanmoins, com- parés avec lʼannée dernière, les chiffres sont plus ou moins identiques. Selon nos succursales de la restauration, il y a beaucoup de demande pour du personnel qualifié en épluchage, personnel assez dur à trouver, car beaucoup de gens sou- haitent des horaires continus” dit le porte-parole de la société José Maria San José. “En outre, on peut observer que les missions en temporaire sont de plus en plus courtes : avant il y a eu plus des demandes soit de semaine complète soit au moins des journées de 6-8 heures. Le taux dʼactivité passé de 6-8 heures à 3- 4 heures. Le nombre de C.V. de frontaliers est assez haut.”

ARGENT L’écart s’est creusé Salaires français-salaires suisses : 50 % de différence C’est l’enseignement d’une étude menée par l’obser- vatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien.

L e niveau des salaires de part et d’autre de la fron- tière suisse est un sujet fréquemment évoqué à la fois enFranche-Comté et dans l’Arc jurassien suisse. Cependant, analyser les écarts de salaire entre deux pays ne suffit pas pour expliquer d’éventuelles dif- férences de revenu disponible, particulièrement difficiles à mesurer. Néanmoins, l’O.S.T.A.J. (obser- vatoire statistique transfronta- lier de l’Arc jurassien, l’équiva- lent de l’I.N.S.E.E. côté suisse) a sorti une étude sur le salaire horaire brut. En 2006, un fron- talier travaillant dans l’Arc juras- sien suisse percevait un salai- re horaire brut supérieur de 50 % à celui d’un salarié tra- vaillant en Franche-Comté. Même si salaire n’équivaut pas forcément à niveau de vie. En2006 (derniers chiffres dis- ponibles), un salarié du secteur privé travaillant en Franche- Comté perçoit,enmoyenne,une rémunération brute de 14,20 euros de l’heure.Le salai- re horaire moyen dans l’Arc jurassien suisse s’élève à 22,50 euros, soit un écart appa- rent de 59%.Un frontalier tra-

vaillant dans l’Arc jurassien suisse gagne, quant à lui, 20,60 euros de l’heure enmoyen- ne. Les secteurs les plus rému- nérateurs pour les travailleurs frontaliers sont les suivants : c’est dans l’industrie chimique que l’écart entre le salaire horai- re brut des frontaliers et des Francs-Comtoisatteintsonmaxi- mum (86 % contre 50 % en moyenne).L’écart est également important dans les services aux entreprises (y compris immobi- lier). Ceci dit, les frontaliers ne tra- vaillent pasnécessairement dans les secteurs qui versent les salaires les plus élevés. Envi- ron un tiers d’entre eux occupe

LA QUESTION DES SALAIRES

5 591 euros bruts

Quels salaires dans

le canton de Neuchâtel ? Le département de l’éco- nomie du canton de Neu- châtel a publié une étude sur la structure des salaires dans le canton. Principaux enseignements.

un emploi dans la fabricationd’équi- pements élec- triques et électro- niques (comprenant notamment l’hor- logerie). Le servi- ce du commerce et de la réparation rassemble envi- ron15%des fron- taliers, les services aux entreprises 12 %.

Salaire n’équivaut pas forcément à niveau de vie.

L es chiffres datent de 2008, ils évoluent d’environ 2 % par an. En 2008, dans le canton de Neu- châtel, le salaire médian s’éta- blissait à 5 591 euros par mois (bruts). Salaire médian signifie que la moitié des salariés en Suisse gagne moins que cette somme, l’autre moitié gagne plus. Ce salaire neuchâtelois reste tou- tefois inférieur au salaire médian natio- nal suisse qui atteignait les 5 777 francs suisses. Entre 2002 et 2008, le salaire brut médian du canton de Neuchâtel avait augmenté de 11 % (+ 545 F.S.). Le salaire varie d’une branche écono- mique à l’autre. Les salariés de la

salairemédian d’une femme travaillant dans le canton de Neuchâtel atteint 4 861 francs bruts par mois contre 6 118 francs pour un homme, c’est une différence de plus de 1 200 F.S. Les écarts se creusent pour les postes à un niveau hiérarchique élevé : une fem- me touche un salaire médian de 7 149 francs par mois contre 10 004 francs pour un homme. L’écart salarial se monte ainsi à près de 2 900 F.S. Les statisticiens neuchâtelois notent aussi que “les étrangers œuvrant sur des postes de travail demandant des connaissances très pointues reçoivent

en moyenne un salaire plus élevé que les Suisses occupant le même type de poste.” Mais de manière générale, un travailleur suisse touchera un salaire médian de 5 755 francs par mois contre 5 417 francs pour un étranger, soit une différence de 6 %. Malgré ces chiffres qui paraissent très élevés côté français, il n’en reste pas moins que 6,8 % des salariés du can- ton occupent un poste à bas salaire. De l’autre côté de la frontière, on appelle “bas salaire” un revenu mensuel de… 3 727 francs suisses bruts. J.-F.H.

branche “recherche et développement” possè- dent le salaire médian le plus élevé. Il atteint 8 275 francs bruts par mois. À l’opposé, dans la branche des services personnels, le salaire médian est de 3 479 F.S. Comme enFrance,l’éga- lité hommes-femmes en matière salariale est loin d’être atteinte. Le

Un bas salaire à 3 727 francs suisses.

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