La Presse Pontissalienne 155 - Septembre 2012

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 155 - Septembre 2012

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Denis Leroux est un “pré-requis”. C’est ainsi que l’on surnomme les avocats étrangers qui viennent chercher une qualification en Suisse. Ils sont une quinzaine à Neuchâtel toutes

JUSTICE

Un Français à la fac de droit de Neuchâtel Denis Leroux planche pour devenir avocat en Suisse À 45 ans, cet avocat au barreau de Montbéliard suit des cours à Neuchâtel dans le but d’obtenir en plus le diplôme

U n avocat français peut plaider en Suisse et inversement. “Mais si on commet la moindre fau- te disciplinaire, on est non seu- lement sanctionné en Suisse, mais on peut l’être également en France.” Une déconvenue pro- fessionnelle que Denis Leroux veut éviter. À 45 ans, cet avocat du Barreau de Montbéliard a donc décidé en août 2011 de prendre le chemin de la fac de Neuchâtel pour se former au droit helvétique. “Ils ont regar- dé mes diplômes et m’ont pro- posé une équivalence en Master

sous réserve que je valide cinq matières importantes en pré- requis.” Un passage exigé pour poursuivre le cursus et décro- cher le diplôme d’avocat suisse. Le droit institutionnel et consti- tutionnel ou le droit des contrats figurent parmi les matières demandées. Des gros morceaux à potasser qui ont obligé Denis Leroux à aménager son emploi du temps ces derniers mois. “J’ai bossé comme un fou. Mais c’est passionnant car j’ai l’impression d’entrer en quelque sorte dans l’intimité du pays en connais- sant le droit de celui-ci. Le gros

problème de l’avocat français qui va en Suisse, c’est la barrière de la langue. N’oublions pas qu’il y a dans ce pays 63 % d’Alémaniques. Beaucoup de textes sont rédigés en allemand. Pour cette raison, je ne plaide- rai pas au-delà du canton de Neuchâtel.” La fac ne lui laisse pas d’autre choix que de réussir. “Je n’ai droit qu’à une session de rat- trapage” précise l’étudiant. En cas d’échec, l’université ne lui donnera pas de seconde chance, ni àNeuchâtel, ni dans une autre faculté de Suisse. En cela le sys-

d’avocat suisse. Il est encouragé dans cet- te voie par l’évolution des relations

nationalités confondues.

tème diffère de celui que l’on connaît en France. L’avocat a déjà validé quatre matières sur les cinq demandées.Il est presque assuré de pourvoir poursuivre son Master qu’il fera en cinq semestres au lieu de trois, comp- te tenu de la densité de son emploi du temps. Denis Leroux doit en effet mener de front ses études, son activité d’avocat et sonmandat d’élu local (il est pré- sident de la communauté de com- munes du plateau du Russey). Malgré tout, il a bien l’intention d’aller au bout de la démarche, encouragé par l’évolution des relations transfrontalières qui

l’ont poussé à s’engager dans cette voie. Il est de plus en plus souvent amené dans son métier à démêler des affaires franco- suisses comme des dossiers de succession. Cette double com- pétence va lui permettre de se poser en interlocuteur unique pour un client suisse qui a un litige en France et inversement. “À terme, j’ouvrirai probablement un bureau en Suisse” annonce- t-il. Peu d’avocats français ont entrepris comme lui une telle démarche. Mais il est probable que son initiative donne des idées à d’autres. T.C.

transfrontalières qui s’intensifient.

SANTÉ Surtout des infirmières 25 000 emplois supplémentaires d’ici 2020 La santé fait partie des secteurs en Suisse où les besoins en personnel sont les plus importants. Les hôpitaux recrutent souvent des cadres infirmiers. S ur le site Internet pronoxa.com, les offres d’emplois dans le secteur de la santé foisonnent. La plupart d’entre elles concernent des postes d’infirmières, mais aussi de méde- cins spécialistes, des auxiliaires de santé, des kinés, des tech- niciens en analyses biomédicales. À Lausanne, le centre hospi- talier universitaire vaudois met directement en ligne ses offres d’emplois ouvertes aussi aux candidats étrangers. La main- d’œuvre frontalière compte dans les effectifs des hôpitaux hel- vétiques. À l’hôpital de Neuchâtel, elle représente 12 % du per- sonnel, soit 300 collaborateurs (dont 250 femmes) sur 2500. 281 salariés français sont affectés au département des soins, ce qui est le cas des infirmières. 7 frontaliers travaillent pour le dépar- tement médical dont deux médecins. En Suisse, comme dans la plupart des pays d’Europe, les cli- niques, les hôpitaux, les maisons de retraite recrutent pour pré- venir une pénurie de personnel. L’observatoire suisse de la san- té estime en effet que d’ici 2020 les institutions de santé auront besoin d’au moins 25000 personnes qualifiées supplémentaires. “La hausse du vieillissement démographique s’accompagnera d’une hausse des besoins de soins. La population âgée de plus de 65 ans et plus augmentera de 400000 personnes (+ 34 %) d’ici 2020” remarque l’Observatoire. L’hôpital de Neuchâtel indique que dans 5 à 7 ans, 30 % des cadres de soin vont partir en retrai- te. “Nous recruterons les infirmières prioritairement en Suisse. Mais sur ces postes d’encadrement, nous n’avons pas un vivier de recrutement suffisant en local. On attire beaucoup d’infirmières françaises qui viennent chercher en Suisse d’autres conditions de travail” explique le service des ressources humaines de l’hôpital de Neuchâtel. Le cas échéant, il peut solliciter des compétences françaises pour pourvoir des postes dans le département de soins. “En revanche, nous ne recrutons généralement pas d’aide- soignante frontalière, car les emplois du temps ne sont pas com- patibles avec une vie de frontalier.” Le fait que les établissements de santé suisses recrutent du per- sonnel français agace Bernard Gruson, le directeur des Hôpi- taux Universitaires de Genève. Avant l’été, il déclarait à nos confrères de la presse Suisse : “Je constate que sur les 165 res- ponsables d’unités de soins, 110 d’entre eux sont des frontaliers. Certains collaborateurs qui résident à Genève s’en sont plaints. J’ai donc décidé de privilégier un retour à l’équilibre. Pour tout engagement, ce sera ma priorité.” Une remarque qui a conster- né le Groupement Transfrontalier Européen.

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