La Presse Pontissalienne 145 - Novembre 2011

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 145 - Novembre 2011

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ORNANS

Rembourser 10 % par an Syratu fait face à ses dettes L’entreprise touristique majeure de la vallée de la Loue est en partie tirée d’affaire puisque le Tribunal de Commerce de Besançon a adopté le plan de redressement la concernant le 4 juillet. Mais il reste des ombres au tableau.

Syratu Tourisme Loisirs aurait fait l’objet d’une recapitalisation. “Les actionnaires ont suivi l’entreprise” explique Emmanuel Caillot, le directeur.

L e 4 juillet, le Tribunal de Commerce de Besançon a approuvé le plan de redres- sement de la société SyratuTou- risme et Loisirs (S.T.L.). Cette décision fait suite à la procé- dure de redressement judiciai- re dans laquelle la base de loi- sirs d’Ornans est entrée le 5 juillet 2010 après qu’elle ait vu sa fréquentation chuter sui- te aux problèmes de pollution de la Loue. Elle poursuit donc son activité. En revanche, confor- mément à la procédure, elle ne commencera à rembourser ses créanciers qu’à partir du 4 juillet 2012 à raison de 10 % par an sur dix ans du montant global du passif. “Le premier dixième est déjà provisionné. Les choses vont plutôt bien” affirme Emma- nuel Caillot, le directeur de S.T.L. qui précise que sa société a per- du plus de 350 000 euros suite à ce problème environnemen- tal. Parmi les créanciers déclarés, on retrouve la commune de Pesmes à laquelle S.T.L. doit un peu plus de 25 000 euros. Cet-

te somme correspond à un rem- boursement de T.V.A. à l’époque où l’entreprise ornanaise gérait la base nautique pesmoise. Figu- re également un prestataire touristique basé dans le Haut- Doubs auquel S.T.L. doit 5 382 euros. “Syratu existe depuis 20 ans. On fait tout ce qu’on peut pour faire à nos créances. Tout a été remis à plat dans l’entreprise. On a arrêté des acti- vités comme le camping et l’hôtellerie de plein air. Je rap- pelle que nous avons malgré tout

des problèmes de pollution. Syra- tu fait partie d’un ensemble cohé- rent. Cette base de loisirs vient s’adosser à des structures com- me Nautiloue ou même le musée Courbet. Cela permet de diver- sifier l’offre” explique-t-il. Cependant, il reste encore des ombres au tableau qui pour- raient freiner Syratu dans son retour à l’équilibre. Aux créan- ciers déclarés, s’en ajoute au moins un autre qui a été en affai- re avec cette société ces der- nières années et qui compte maintenant sur la bonne foi de sa direction pour qu’elle hono- re sa dette. C’est le cas de Pro- fession Sport 25, une structure à laquelle Syratu Tourisme et Loisirs doit 23 000 euros. Cet- te somme correspond principa- lement à des retards dans le paiement des loyers du camping municipal de Port-Lesney. S.T.L. en avait pris la gestion en 2008. Si, selon la mairie, ce presta- taire est parvenu à régler les loyers “tant bien que mal” la première année, l’affaire s’est compliquée en 2009. Conscien-

te que les choses étaient mal engagées, la municipalité a accepté que S.T.L. se retire au profit de Profession Sport 25 qui a repris la gestion du camping. L’opération n’aurait pu se faire qu’à la condition que S.T.L. épon- ge sa dette envers la commune jurassienne. Profession Sport 25 s’en est chargée par le biais d’une avance financière que S.T.L. n’a pas comblé. Hélas, en n’étant pas déclarée parmi les créanciers, la société bisontine ne fait pas partie du plan d’apurement de la dette de Syratu. Ce prestataire a donc peu de chance de revoir son argent dans l’immédiat. Une autre affaire vient s’ajouter, indépendante du règlement judi- ciaire. Elle date de quelques mois quand Emmanuel Caillot était encore Trésorier de l’Office de Tourisme d’Arc-et-Senans (il dit avoir démissionné aujour-

d’hui de cette fonction). Le car- net de chèque de l’association aurait été confondu avec celui de l’entreprise. Résultat : un trou de “10 700 euros dans le compte de l’Office de tourisme. C’est presque la moitié du bud- get” confie-t-on au bureau d’Arc- et-Senans. “C’est une erreur de notre service comptable surve- nue au moment du règlement des charges, je l’ai cautionnée, je l’assume” explique Emma- nuel Caillot. Selon nos infor- mations, lors d’une réunion qui s’est tenue à la fin de l’été, le directeur de Syratu s’est enga- gé à rembourser cette somme en quatre échéances à l’Office d’Arc-et-Senans qui l’aurait menacé d’engager des poursuites dans le cas contraire. Emma- nuel Caillot affirme avoir com- mencé à réparer ce préjudice. Malgré ces écarts de gestion, SyratuTourisme et Loisirs conti-

nue de se développer. Cet acteur majeur du tourisme dans laVal- lée de la Loue, spécialisé dans les sports outdoor a encore appor- té une nouvelle activité pour élargir son offre de service. Il s’agit du Spider Jump, qui consis- te à se jeter d’un pont d’une hau- teur de 25 mètres accroché à un filin. Certains acteurs touris- tiques reprochent justement au directeur de Syratu de sauter les yeux fermés dans les inves- tissements, sans filet. Si les idées sont bonnes, la rentabilité ne serait pas toujours au rendez- vous et les comptes finiraient par coincer. “Chacun joue sa par- tie comme il le peut dans le contexte actuel” note un créan- cier qui ne jette pas la pierre à S.T.L. Pas facile en effet de jouer juste avec des touristes qui vont et viennent au gré de la météo et de la pollution de la Loue. T.C.

gardé nos six emplois en C.D.I.” précise Emma- nuel Caillot. Pour Jean-Fran- çois Longeot, le maire d’Ornans, la décision duTri- bunal de Com- merce est une bonne nouvelle pour le tourisme dans la vallée de la Loue victime selon lui “d’une surmédiatisation

Un chèque de 10 700 euros.

Le directeur du comité départemental du tourisme (C.D.T.) “Les entreprises du tourisme sont soumises à des aléas” Météo capricieuse, pollution, les acteurs du tourisme doivent composer avec ces facteurs extérieurs à leur activité. Pour Philippe Lebugle, directeur du C.D.T., l’équilibre n’est pas simple à trouver. La Presse Pontissalienne : Les entreprises du tourisme semblent plus vulnérables que les autres. Quel est votre sentiment ? Philippe Lebugle : Si l’on prend le cas de Syratu, le problème est indépen- dant de l’entreprise puisqu’il est lié à la pollution de la Loue. Comme d’autres, cette société est vulnérable car elle dépend des éléments exté- rieurs. C’est le lot des entreprises du tourisme soumises à un certain nombre d’aléas. Sans neige, il n’y a pas de ski, avec la pluie, le camping est difficile. Les professionnels qui vivent du tourisme n’ont pas les moyens d’appréhender ces choses-là. En 2010, on a pu le constater à une plus grande échelle lors de l’irruption du volcan islandais qui a pertur- bé le trafic aérien pendant plusieurs semaines. L.P.P. : Les aléas climatiques compliquent la gestion de ces sociétés. De quels outils disposent-elles pour s’adapter ? P.L. : L’enjeu, lors des années favorables, est de parvenir à constituer de la trésorerie pour absorber le déficit d’une saison plus difficile. Mais quand les événements s’accumulent comme sur la Loue, on amplifie les problèmes. L.P.P. : Quelle stratégie a le C.D.T. pour la vallée de la Loue qui souffre de l’image d’une rivière moribon- de ? P.L. : Il y a eu une grande campagne de communication sur Courbet qui a véritablement donné du peps à l’activité sur ce territoire. Le musée a déjà enregistré 50 000 entrées depuis son ouverture. Certes, il y a un effet de lancement, mais c’est un très bon résul- tat. Quelqu’un qui vient visiter ce lieu va en profiter pour consommer sur place. Ce sont toutes les entreprises de loisir qui en tirent les bénéfices. L.P.P. : Comment est le moral des professionnels du tourisme à la veille de la saison hivernale ? P.L. : Globalement, le moral est plutôt bon. C’est une grande moyenne qui cache toutefois un grand nombre de disparités. 2011 est une assez bonne année. Au niveau de la centra- le départementale de réservation, l’activité a progressé de 9 % cet été. Mais sur l’ensemble de l’année, la progression n’est que de 0,8 %. Ce résultat s’explique par le fait que l’hiver n’a pas été bon et que le mois de mai a été très compliqué car il n’y a pas eu de ponts. Juin a été meilleur mais il n’a pas suffi à compenser le déficit précédent. Le mois de juillet a lui aussi été très contrasté. En revanche, août et septembre sont bons. Avec une aug- mentation de 0,8 %, nous sommes dans une quasi-stabilité par rapport à 2010. Propos recueillis par T.C. “Globalement, le moral est plutôt bon.”

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