La Presse Pontissalienne 145 - Novembre 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 145 - Novembre 2011

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Éditorial

LE PRÉFET DU DOUBS L’État et le Haut-Doubs Christian Decharrière : “L’intérêt d’une voie verte n’est pas discutable”

Locomotive On l’a dit dans notre précédente édi- tion, la primaire socialiste était une formidable idée, celle que le citoyen attendait pour se réconcilier avec la politique. Plus qu’une bonne idée, elle a été aussi un magnifique succès popu- laire, quoi que s’en soient autoper- suadé certains barons de la droite qui ont fait preuve en l’espèce d’une mau- vaise foi crasse. Seulement, malgré l’engouement de toute la gauche pour ce rendez-vous démocratique qui a eu le mérite de bousculer les institutions poussiéreuses de la V ème République, paradoxalement, cette primaire socia- liste n’aura peut-être pas l’effet escomp- té et que les partisans de la gauche étaient en droit d’espérer : le chan- gement. Cette primaire a été rem- portée par un homme, François Hol- lande, dont on ne peut pas dire qu’il soit un jeune espoir de la gauche réfor- miste. Qu’en est-il de ce souffle de gauche dans le Haut-Doubs ? Si on analyse de près les résultats de ce ter- ritoire, on s’apercevra que la partici- pation a été moins forte que dans le reste du département. Et même si on suppute aussi que la sociologie du Haut-Doubs est en train d’évoluer - les nouveaux arrivants, frontaliers notamment, seraient plus à gauche qu’à droite -, encore faudrait-il, pour que ce territoire bascule à gauche, un vrai leader en mesure de contester en juin 2012 le candidat de droite Jean- Marie Binétruy s’il brigue un troisiè- me mandat de député, ou Annie Gene- vard si M. Binétruy décide de lui laisser la place au dernier moment comme on peut déjà l’entendre ici ou là. Le problème éternel de la gauche locale est qu’elle n’a pas de locomotive. Un Gilles Robert, maire du Russey, aurait certainement le bon profil pour ras- sembler. Il ne souhaite pas se lancer dans la bataille des législatives. Alors qui ? Les Pontissaliens Liliane Lucchesi, Christian Bouday ? Non. Si la gauche progresse sans doute dans le Haut- Doubs - on le constate sur les derniers scrutins - elle ne bousculera jamais la droite tant qu’elle ne sera pas incar- née par un vrai pilote. On peut sans doute affirmer que même si la droite perd le pouvoir au niveau national en mai 2012 (ce qui est loin d’être joué), elle a encore une sérieuse longueur d’avance sur la gauche dans le Haut- Doubs, ce territoire qui aime laisser du temps au temps… est éditée par “Les Éditions de la Presse Pontissalienne”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Thomas COMTE Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : S.A.R.L. BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Novembre 2011 Commission paritaire : 1102I80130 Jean-François Hauser

Le préfet Christian

Decharrière estime que les projets routiers seront forcément contraints par

la situation budgétaire de l’État.

Le préfet du Doubs commente les principaux sujets d’actualité qui concernent le Haut-Doubs, des questions de sécurité routière aux relations transfrontalières, en pas- sant par la voie verte. Interview. L a Presse Pontissalienne : À votre arrivée dans le Doubs en décembre dernier, vous avez fait de la sécurité - routière notamment - une de vos priori- tés. L’accidentologie inquiétante ces dernières semaines est un constat d’échec à la politique de l’État en la matière ? Christian Decharrière : Nous avions eu un “bon” pre- mier semestre avec 16 tués à déplorer. Et depuis fin juin, la situation s’est dégradée avec 18 nou- veaux tués en trois mois à peine. Le problème, c’est que ces accidents ont toujours la même cause : la vitesse et l’alcool. Il s’agit bien du comportement de chacun. Plusieurs des jeunes qui par exemple se sont tués encore récemment dans le Haut-Doubs roulaient “comme des fous”, c’est cela qu’il faut changer impérativement. L.P.P. : La politique répressive liée aux radars s’avère donc inefficace ? C.D. : Non, au contraire. Depuis leur mise en place en 2002, les radars ont prouvé leur utilité. Les radars, ce n’est d’ailleurs pas que de la répression. Et nous continuerons à en installer. Nous en avons installé 16 dans le Doubs. D’ici la fin de l’année, 6 nouveaux radars-sanctions seront installés dans le Doubs, dont 2 dans le Haut-Doubs (nous précise- rons leur emplacement en temps voulu). Ils seront tous précédés de radars pédagogiques. Car contrai- rement à ce que certains affirment, le but des radars n’est pas que l’État s’en mette plein les poches. D’ailleurs, les collectivités locales en bénéficient aussi. Mais il faut bien que les gens se mettent dans la tête que les radars sont faits pour encourager des comportements respectueux des règles de cir- culation. Les radars ont eu un effet clair en matiè- re de préservation des vies humaines. C’est de la pédagogie positive.

L.P.P. : D’autres, à l’image du C.O.D.A.R.F. présidée par Patrick Genre, réclament une amélioration de la desserte routière. Le contournement de Pontarlier a-t-il une chance de voir se réaliser un jour ? C.D. : Premièrement, il faut d’abord avoir en tête que la question des finances publiques est un sujet d’actualité tout à fait palpable en ce moment. C’est une toile de fond dont il faut tenir compte. Le P.D.M.I. (plan de modernisation des itinéraires) 2009-2014 a fixé des priorités pour l’ensemble de la région Franche-Comté. Pour le Haut-Doubs, nous avons inscrit une étude d’opportunité sur le contourne- ment de Pontarlier et j’ai demandé à obtenir les crédits d’études sur le budget 2012. On fera donc avancer ce dossier pour voir quelles sont les solu- tions financièrement possibles. Quant aux autres sujets (déviation des Tavins, travaux à la Main…), ils ne seront pas examinés avant le prochain P.D.M.I. en 2014. L.P.P. :Vous avez récemment donné votre accord au projet de voie verte autour du lac de Saint-Point et ce, malgré les nom- breuses oppositions. Pourquoi ? C.D. : Mon rôle est de faire du droit, pas de l’opportunité. Et sur le plan du droit, il y a eu une commission d’enquête avec trois commissaires-enquêteurs indé- pendants, qui a donné un avis unanimement favo-

L.P.P. : La pollution récurrente de la Loue ou du Doubs fran- co-suisse est un autre sujet de préoccupation dans le Haut- Doubs. Que fait l’État dans ce dossier ? C.D. : Il y a eu en effet sur ces cours d’eau des mor- talités de poissons. On sait qu’il y a des soucis de cyanobactéries. C’est pourquoi l’État a mandaté une douzaine d’experts qui sont en train de tra- vailler sur les sources de ces pollutions. Les résul- tats seront connus début 2012 mais on sait déjà que cette pollution est multi-factorielle : elle dépend du débit, des obstacles le long des rivières, du réchauf- fement climatique… Et surtout pas d’un facteur exclusif qui serait l’agriculture. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas progresser sur le plan agri- cole avec une meilleure gestion des épandages par exemple. La profession agricole a engagé la réflexion. Il faut aussi regarder du côté des collectivités locales et la façon dont elles traitent les effluents, il faut voir avec le monde industriel concernant le traite- ment du bois. C’est un plan d’action très large que nous avons engagé et qui donnera ses résultats dès l’année prochaine. L.P.P. : Les communautés de communes ont jusqu’au 31 décembre pour organiser leur rapprochement. Y a-t-il encore des points de friction ? C.D. : Nous sommes là dans une logique de dialogue et de coproduction. Nous n’imposerons rien, nous suggérons. Par exemple, les présidents des deux com- munautés de communesMont d’Or-Deux lacs et Lar- mont sont d’accord sur le principe de se regrouper car cette zone peut être un vrai pôle de développe- ment touristique. Il faut supprimer les incohérences comme par exemple la commune de Longeville qui est la seule du canton d’Ornans à être rattachée à la communauté de communes d’Amancey. L.P.P. : Un mot sur les accords bilatéraux entre l’Union euro- péenne et la Suisse. La Suisse ne reverse plus les cotisations chômage à la France depuis 2009 quand un frontalier est licencié et c’est l’assurance-chômage française qui paye. Est-ce normal ? C.D. : C’est une décision au minimum discutable. 25 000 frontaliers vont chaque jour travailler en Suisse. Il y a clairement un trou dans le dispositif. Il faudrait que l’on puisse rapidement décliner les nouvelles règles européennes qui permettraient de revenir à une situation plus logique. Propos recueillis par J.-F.H.

rable à la voie verte, avec deux réserves et recommandations. Vous constaterez que j’ai pris le temps d’analyser ce dossier à fond, je me suis même rendu plusieurs fois sur place discrètement. La vitesse et la sécurité autour de plusieurs alter- nats étaient deux sujets majeurs, j’ai voulu avoir des avis d’experts. C’est pourquoi j’ai consulté le centre d’étude technique des équipements (C.E.T.E.) de Nancy qui a suggéré de supprimer les alternats 8 et 9 et de réduire l’alternat 1. J’ai deman- dé au président du Conseil général de le faire. Au vu de tout cela, j’ai donné mon feu vert. L’intérêt d’une voie verte n’est pas discutable sur le développement du tourisme. Je ne voyais aucune raison juridique légitime pour ne pas délivrer cette déclaration d’utilité publique.

“Les radars ont prouvé leur utilité.”

Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Paul Chevallier, Virgnie Faivre-Rampant, ` Philippe Parriaux.

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