La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

A g e n d a

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

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“Nous sommes des passeurs Co-gérants de la galerie Art et Lithographies, Pascal Brisebard et Laurent Millot accueillent jusqu’au 22 octobre une exposition dédiée au peintre franc-comtois Jean-Marie Vuillier. Pour ses dernières créations, cet artiste est allé explorer d’autres contrées sans renier ses racines. PONTARLIER - LE PEINTRE JEAN-MARIE VUILLIER EXPOSE

L a Presse Pontissalienne : Comment a évo- lué le travail de Jean-Marie Vuillier ces dernières années ? Pascal Brisebard et Laurent Millot : Au départ, sa peinture est assez classique. La par- ticularité de cet artiste est qu’il s’est éloigné du sujet comtois traditionnel. Il ne l’a pas abandonné, mais il a élar- gi la source de ses sujets. Ce coloriste d’exception s’est autorisé quelques échap- pées à Annecy pour peindre le Pont des Amours par exemple, en Corse, ou enco- re à Aix-en-Provence pour le marché aux fleurs. Il avait besoin de cela pour continuer à faire progresser sa créati- vité. C’est très poétique. Certaines toiles sont presque abstraites. L’exposition qui réunit une cinquantaine de tableaux est le fruit d’une année de travail du peintre. L.P.P. : Y a-t-il une rupture ou au contraire une continuité dans l’évolution du travail de ce peintre ? P.B. et L.M. : Ce n’est pas disparate. Il y a une véritable harmonie. Jean-Marie Vuillier ne change pas de style même si nous sommes sur des palettes diffé- rentes dont on retrouve toute la riches- se d’une toile à l’autre. Son travail sur l’eau et les reflets est en quelque sorte son fil rouge. L.P.P. :Âgé de 70 ans,Jean-MarieVuillier s’inscrit dans la lignée des peintres figuratifs francs- comtois tels que Fernier ou Charigny. Ont-ils de dignes héritiers dans la nouvelle généra- tion de peintres régionaux ? P.B. et L.M. : La jeune peinture comtoise prend des chemins différents. Le style est plus contemporain. C’est de l’expressionnisme qui n’a plus rien a voir avec la peinture comtoise que l’on connaît. L.P.P. : En ce moment, le public a rendez-vous avec Jean-Marie Vuillier. Mais il vous arrive d’exposer également des artistes d’une enver- gure nationale tels que Goupil et Micha. Qu’est- ce qui fait la notoriété d’une galerie telle que

avons peut-être été les accompagna- teurs modestes de leur passion. L.P.P. : Qui sont les clients de la galerie ? P.B. et L.M. : Ils sont essentiellement francs-comtois. Mais, entre 20 et 25 % de notre clientèle est extra-régionale. Elle vient du grand Est, un secteur qui s’étend de Lyon à Strasbourg. Les ama- teurs de peinture n’hésitent pas à se déplacer. Pontarlier reste une ville de passage. L.P.P. : Est-ce que la culture de l’art à laquelle vous faites référence se transmet d’une géné- ration à l’autre ? P.B. et L.M. : La clientèle des acheteurs d’art est plutôt vieillissante. Depuis cinq ans, on sent de façon flagrante qu’il y a un problème de renouvellement de celle-ci. Leur culture n’est pas celle des jeunes qui sont plus dans la consom- mation immédiate et le “zapping”. Leurs priorités sont différentes. L.P.P. : Le paradoxe, c’est que les cours de pein- tures n’ont jamais été aussi prisés ! P.B. et L.M. : Beaucoup de personnes pei- gnent aujourd’hui. Mais dans les ate- liers de peintures, il y a surtout des seniors. Ce sont eux que l’on retrouve dans les galeries. L.P.P. : Votre métier est-il touché par la crise ? P.B. et L.M. : Une fois encore, nous sommes des passeurs d’émotion et en ce moment l’émotion est en panne dans le public. Les gens sont préoccupés par la conjonc- ture. Ils peinent à se laisser aller à la curiosité. Paradoxalement, il y a beau- coup de monde dans les musées. En tant que galeristes, nous ne restons pas passifs face à cette situation. Il y a la crise certes à laquelle s’ajoute une offre abondante. Nous devons nous adapter, nous diversifier, créer plus d’événements. En ce qui nous concerne, nous allons au-delà de la peinture comtoise en nous ouvrant à d’autres arts comme la sculp- ture, et à d’autres peintres.

la vôtre dans le petit monde de l’art ? P.B. et L.M. : La notoriété de la galerie est liée à deux choses. La première est la démarche qualitative dans laquelle nous nous inscrivons depuis sa création il y a 23 ans. Ensuite, la peinture, c’est aus- si une histoire d’hommes.Micha et Gou- pil, deux artistes issus de la galerieVen- dôme à Paris, sont des personnes avec lesquelles nous avons tissé des rela- tions amicales. Ils parlent de nous. Ce bouche à oreilles est important pour la réputation d’un lieu comme le nôtre. L.P.P. : On dit souvent que les amateurs d’art investissent dans une œuvre dans le but de placer leur argent. L’art est une valeur-refuge notamment en temps de crise. Le constatez- vous ? P.B. et L.M. : Non, pas à notre niveau. Le placement financier ne porte que sur les grands noms de l’art. Même si l’art reste une valeur sûre, il n’y a pas ici cette idée de placement, mais de coup de cœur. Nous sommes des passeurs d’émotion. On a affaire à une clientèle qui a envie de se faire plaisir en ache- tant un tableau qui ornera son inté-

rieur. C’est une his- toire d’émotion.Nous avons vu des gens pleurer devant un tableau. Chaque tableau a son ama- teur. L.P.P. :Y a-t-il localement des collectionneurs d’art ? P.B. et L.M. : Il y a ici de vrais amateurs d’art et des collec- tionneurs. Nous connaissons des clients qui ont déjà acquis une cinquan- taine de toiles. Ce sont des gens qui ont une bonne culture de la peinture. Nous

“Jean-Marie Vuillier est un alchimiste.”

éprouvera le besoin de créer et l’autre de recevoir ses créations. L.P.P. : Internet est-il le nouveau concurrent des galeries d’art ? P.B. et L.M. : Internet est un vecteur d’information. Mais il n’est pas adap- té pour transmettre la passion de l’art. Toucher, voir, regarder, sont des com- posantes essentielles de notre métier. L.P.P. : Qu’est-ce qui fait la différence entre un peintre amateur et un autre qui a sa place dans une galerie ?

L.P.P. : Comment voyez-vous votre métier dans dix ans ? P.B. et L.M. : Bien, malgré les difficultés du moment. Les galeries se sont déve- loppées après la première guerre mon- diale. Depuis, toutes les grandes gale- ries ont toujours passé les périodes tourmentées. Les gens auront toujours envie de se faire plaisir en achetant une œuvre d’art. Ce sera peut-être moins de la peinture que des installations. Nous irons peut-être vers des choses plus conceptuelles. Mais il y aura tou- jours des galeries tant que l’homme

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