La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

VALDAHON - VERCEL 34

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

LANDRESSE

La Guerre des Boutons apporte des visiteurs Que reste-t-il de la “Guerre des boutons” ? Visite à Landresse

S i les deux films (1) actuellement projetés au cinéma n’ont pas été tournés à Landresse, les racines de la Guerre des bou- tons sont ici “et nulle part ailleurs” cla- me haut et fort le maire de la com- mune Michel Devillers. Un sentier découverte régulièrement entretenu par GérardArnoux, membre de l’association “Les Amis de Louis Pergaud”, permet aux visiteurs de vivre la “Guerre des Boutons” en version ori- ginale. Du gros tilleul à la carrière à Pépiot le bancal, sans oublier le sec- teur où se trouvait la cabane des “Lon- geverne” abritant le fameux trésor, la Guerre des boutons fait corps avec Landresse. Comptez 1 h 30 de balade en suivant les pancartes. Depuis la sortie des deux adaptations cinématographiques courant septembre, les allées et venues de touristes s’intensifient, surtout le week-end, dans ce village situé entre Vercel et où Louis Pergaud s’est inspiré du cadre et de ses habitants pour écrire son livre adapté au cinéma. Des villageois nourrissent encore des anecdotes. En 2012, la mairie rendra hommage à son ancien instituteur qui n’a pas laissé que de bons souvenirs…

Michel Devillers, maire de Landresse, et Gérard

Arnoux posent devant le Tilleul, lieu où se rassemblaient les “Longeverne” avant et après bataille. Arrivés en février 2010, les nouveaux pro- priétaires ont rebaptisé le nom du restau- rant à la sauce “Guerre des Boutons”.

Pierrefontaine-les-Varans. “On sent un agitement médiatique et plus de visi- teurs, c’est certain” déclare le maire. Des classes scolaires sont attendues en octobre et un guide-conférencier (Henri Boillot) organise des visites gui- dées payantes sur les pas de Pergaud, auteur lauréat du Prix Goncourt en 1910 avec son livre “De Goupil à Mar- got”. “Avec l’argent du Goncourt, Per- gaud s’était acheté un superbe fusil de la manufacture de Saint-Étienne. Per- gaud adorait la chasse” explique Paul Picard, 80 ans, dont le parrain serait

Thérèse Picard, membre de l’association des amis de Pergaud.

Zoom Qui sont les Verlans ? “Pour moi, cʼest sûr, les Verlans sont les habitants dʼOuvans !” dit Paul Picard, un des amoureux de la saga Pergaud. Tous ne sont pas dʼaccord. Pour argu- menter son propos, il utilise les des- criptions faites par Pergaud. Lʼauteur parlait de “grands communaux.” Dʼaprès la topographie, les communaux de Lan- dresse et ceux de dʼOuvans se tou- chaient. Souvent, les vaches passaient dʼun côté et de lʼautre causant de nom- breuses chamailleries. “Ce ne peut pas être Courtetain car il y avait une gran- de forêt” poursuit Thérèse Picard. L’auteur en bref Né en 1882 à lʼécole de Belmont, Louis Pergaud passa sa petite enfance dans ce village, avant de vivre plusieurs épi- sodes de son livre à Nans-sous-Sain- te-Anne et Guyans-Vennes, où son père avait successivement été nom- mé instituteur. Lui-même devint ensei- gnant, dʼabord à Durnes, puis à Lan- dresse (le futur “Longeverne”) avant de quitter le Doubs pour sʼinstaller en 1907 à Paris. Lauréat du prix Goncourt en 1910, sa carrière littéraire fut bru- talement interrompue en avril 1915 à Marcheville, près de Verdun, où il dis- parut durant un combat nocturne.

Lebrac dans le livre, le commandant des enfants de Longeverne. Paul est fier de montrer une photo de classe sur laquelle son papa pose avec Per- gaud l’instituteur. Landresse est donc comme imprégné de Pergaud : le restaurant tenu depuis février par les époux Audrey Varey et Cédric LeMeur se nomme le Petit Gibus. Il a rouvert en février après un incen- die au centre. Plus loin, le nouveau groupe scolaire accueillant les élèves est baptisé du même nom. Sur le fron- ton de lamairie, une plaque “Louis Per- gaud” rappelle que le célèbre auteur - décédé en 1915 sur le champ de bataille et dont le corps n’a jamais été retrou- vé - enseigna ici de 1905 à 1907. “Vous savez, Pergaud n’était pas trop aimé à son arrivée. Il n’allait pas à la messe. C’était mal vu ici. À l’époque, des vil- lageois avaient même fait une pétition pour qu’il parte” expliqueThérèse Picard, née Voinet. Membre de l’association des Amis Per- gaud, cette retraitée voue une passion et une admiration à l’auteur. Lors d’un violent incendie à Landresse, c’est elle qui garda précieusement la cantine de Pergaud où celui-ci avait rangé ses affaires militaires. L’élément est aujour- d’hui conservé au musée de Verdun. À Landresse, Pergaud l’instituteur défraya la chronique : “Pour écrire, il lui arri- vait de se retirer dans son appartement. Il laissait alors les enfants sans sur-

veillance. C’était le chahut. Cela ne plai- sait pas à tous les parents. Il avait aban- donné sa femme en 1907 : les villageois parlaient beaucoup” raconte Paul Picard. Pour l’anecdote, le portrait de Pergaud a été affiché très tardivement à l’école de Landresse. Quant à son inscription sur le monument aux morts de 1914- 1918, elle a été gravée il y a une tren- taine d’années seulement. Légèrement décrié dans ses années d’instit, Pergaud est aujourd’hui adu- lé. La mairie prévoit de construire un monument devant la place de la mai- rie. Il pourrait être inauguré au prin- temps 2012 pour fêter le 100 ème anni- versaire de la Guerre des Boutons. Un rendez-vous que Bernard Picolli ne devrait pas manquer. Il fut le premier instituteur à conduire une classe sur les traces de la Guerres des boutons : “C’était il y a quarante ans… On dor- mait dans la paille” dit-il. Depuis, il est le président des Amis de Pergaud. Domicilié dans la Drôme, il vient régu- lièrement sur ces terres. À Landres- se, on ne dit plus “si j’avais su, j’aurais pas venu !” E.Ch. (1) : La Nouvelle Guerre des boutons, de Christophe Barratier (1 h 40) avec Laëtitia Casta, Kad Merad, Gérard Jugnot, Guillaume Canet. La Guerre des Boutons, deYann Samuel (1 h 49) avec Mathilde Seigner, Éric Elmosnino…

Même le nouveau groupe scolaire a été rebaptisé.

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