La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

24 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

CHANTIER Pas de budget de fonctionnement La nouvelle unité psychiatrique pourrait ne pas ouvrir C’est un scénario ubuesque auquel est confronté l’hôpital de Pontar- lier. La nouvelle unité psychiatrique en cours de construction pourrait ne pas ouvrir, faute d’avoir prévu les crédits de fonctionnement.

POSITION Du côté des usagers de l’hôpital “Le Haut-Doubs a évité le désert médical” Président de l’association des usagers de l’hôpital, Christian Magnin-Feysot se dit “optimiste” pour l’avenir médical du Haut-Doubs. Il prend l’exemple du maintien du centre de dialyse à Pontarlier.

Ce nouveau bâtiment pourrait accueillir finalement une activité autre que la psychiatrie

L a Presse Pontissalienne :Le défi- cit de l’hôpital de Pontarlier peut- il avoir des conséquences pour les patients ? Doivent-ils s’inquiéter ? Christian Magnin-Feysot (président de l’association des usagers de l’hôpital) : Je suis plutôt confiant car notre territoire de santé - comprenant le Haut-Doubs et le Haut-Jura - possède une anté- riorité qui lui a permis de créer un réseau grâce au travail réa- lisé entre 2006 et 2010 par l’agence régionale d’hospitalisation. Sur l’ensemble de la région, s’il y a bien un ter- ritoire qui a de l’avance, c’est celui-ci. Grâce à un maillage mené avec les professions libé- rales, les spécialistes, laMutua- lité sociale agricole…, des hôpi- taux comme celui de Morteau et de Nozeroy ont été mainte- nus. L’hôpital de Morteau est une pépite, comme celui de Mouthe qui vient d’être refait,

ou comme l’E.P.H.A.D. (éta- blissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Doubs qui accueille près de 300 patients. L.P.P. : Peut-on en revanche penser que la médecine va disparaître au profit de la gériatrie ? C’est un vrai risque ? C.M.-F. : Un médecin (Jean- Jacques Laplante, responsable du Pôle santé de la M.S.A. de Franche-Comté) s’occupe de la préservation des lits de méde- cine en parfaite cohérence avec l’agence régionale de santé. Je suis optimiste pour notre ter- ritoire de santé car les personnes qui y travaillent se connaissent bien. Elles mouillent le maillot. Avoir pu garder un centre de dialyse à Pontarlier est pri- mordial pour éviter la déserti- fication médicale. Recueilli par E.Ch.

sur le site du Grandvallier.

“J e ne sais pas ce qui se pas- se. J’ai l’impression qu’il y a maldonne dans ce dossier” déclare Jean-Marc Touran- cheau. Le directeur général adjoint de l’Agence Régionale de Santé a du mal à comprendre la situation dans laquelle se trouve la nouvelle unité psychiatrique du Grandvallier. Elle est en cours de construction et pourtant elle pourrait ne pas ouvrir ses portes comme prévu au printemps 2012, faute d’avoir prévu dans le projet les crédits de fonctionne- ment ! Un scénario ubuesque qui pour- rait avoir comme titre “un gâchis d’argent public” s’il devait se réaliser. Le problème est que l’hôpital de Pon- tarlier a investi 4,7 millions d’euros (dont 2 millions ont été financés dans le cadre du dispositif hôpital 2012) pour bâtir cette nouvelle unité conçue pour accueillir

10 lits d’hospitalisation de jour et 15 pour l’hospitalisation complète des patients. Ces 25 lits supplémentaires s’ajoutent aux 45 que compte pour l’instant l’établissement du Grandval- lier. Actuellement, il faut 5 millions d’euros pour faire fonctionner la psy- chiatrie. Mais 2,1 millions d’euros sup- plémentaires sont nécessaires pour ouvrir la nouvelle unité. Une coquette somme

problème est que le fonctionnement de la psychiatrie est financé par une dota- tion annuelle versée par l’Agence Régio- nale de Santé, et par une tarification d’activité comme les autres services. Or, l’A.R.S. ne peut pas sortir de son cha- peau 2,1 millions d’euros pour ouvrir la nouvelle unité. “Il y a donc deux possi- bilités : soit l’A.R.S. trouve des sous, soit on se paie avec l’activité que nous géné- rons nous-mêmes résume” résume Gaël- le Fonlupt qui est sûre qu’une solution sera trouvée dans les prochains mois. Si l’A.R.S. ne trouve le budget, alors l’hôpital de Pontarlier utilisera ces nou- veaux locaux pour autre chose que de la psychiatrie. Et la directrice de conclu- re : “C’est très compliqué d’organiser une coexistence entre la psychiatrie et une activité autre, mais nous y travaillons.” T.C.

dont l’hôpital ne dispose pas. “Nous sommes dans une impasse actuellement” admet Gaëlle Fonlupt, directrice de l’établissement de soins qui doit gérer une situa- tion héritée de ses prédé- cesseurs. “Potentiellement, cette unité peut ne pas ouvrir” ajoute-t-elle. Le

“Un gâchis d’argent public.”

FINANCES

900 000 euros de charges financières en plus

Un emprunt toxique pollue les comptes de l’hôpital L’hôpital de Pontarlier renégocie actuellement un emprunt toxique dont le taux d’intérêt est indexé sur le cours du franc suisse, qui plombe ses comptes.

I l n’y a pas que les collecti- vités qui voient leurs comptes plombés par des emprunts toxiques. Les finances de l’hôpital de Pon- tarlier sont elles aussi pol- luées par un emprunt contrac- té auprès de la banque Dexia, dont le taux d’intérêt est indexé sur le cours du franc suisse. “Cet emprunt est redoutable en terme de toxicité” reconnaît Gaëlle Fonlupt, directrice de l’hôpital de Pontarlier. Elle ajoute : “Le taux d’intérêt est

actuellement une solution pour éviter de se laisser piéger plus longtemps, ce qui pourrait lui coûter très cher sur le long terme si l’euro devait conti- nuer de dévisser et le franc suisse de se renforcer. “La situation s’est légèrement amé- liorée depuis que le franc suis- se est plafonné” observe la directrice, qui reconnaît en revanche que l’hôpital ne peut malheureusement pas envi- sager de se défaire totalement de ce prêt qui plombe ses

comptes. “Une sortie totale est impensable, car la banque nous demanderait des pénalités équivalentes au capital res- tant dû, soit 8millions d’euros. Toutefois,nous sommes en train de négocier cet emprunt. Nous travaillons actuellement sur un dispositif de sécurisation d’échéance.” L’enjeu pour l’hôpital est de revenir à des taux d’intérêt plus raisonnables et moins fluctuants. T.C.

passé de 3,5 % sur les deux dernières années à 13 % cet été.” Conséquence, en un an, les charges financières ont progressé de 900 000 euros pour un capital restant dû de 8millions d’euros.Cet emprunt est une des raisons qui expli- quent le déficit actuel de

Christian Magnin- Feysot, président des usagers de l’hôpital (photo archive L.P.P.).

“+ 13% cet été.”

l’établissement de soins qui avoisi- ne les 5,7millions d’euros. L’hôpital cherche

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