La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

LES SYNDICATS L’avis de Force Ouvrière “On ne va pas vers les beaux jours” Au syndicat F.O., on craint une dégradation des conditions de travail qui pourrait fragiliser davantage

“On reçoit de plus en plus d’agents qui viennent nous demander de l’aide pour toutes sortes de pro- blèmes”, confie

sûr au cœur des préoccupations syndicales. Christian Romain pointe du doigt une évolution très nette de la souffrance mora- le au travail depuis 10 ans. Selon un rapport de la médecine au travail, elle toucherait 4,7 % du personnel en 2010 contre seu- lement 0,7 % en 2001. “Cette progression pose des problèmes au médecin de travail qui est débordé. Faute de temps en 2010, il a vu 150 personnes de moins en visites annuelles que l’année précédente. C’est assez sympto- matique.” Les changements déjà appli- qués et ceux qui vont l’être ne vont pas remonter le moral des troupes. “La direction a instauré la mobilité du personnel. Les A.S.H. (agents des services hos- pitaliers) travaillent maintenant sur plusieurs services. Ils sont soumis à plusieurs horaires et doivent effectuer des activités très différentes. Cela n’encourage pas la stabilité” ajoute le syn- dicaliste. Pontarlier n’échappe pas aux mesures nationales comme la réforme des retraites et celle des laboratoires qui boulever-

sent les habitudes. “De plus en plus d’agents viennent deman- der de l’aide aux syndicats. On intervient sur toutes sortes de dossiers : titularisation, pres- sion des cadres,mobilité, horaires en 12 heures À mon avis, on ne va pas vers les beaux jours.Toutes ces contraintes qui pèsent sur l’hôpital vont accentuer le risque de fuite du personnel vers la Suisse” , conclut Christian Romain.

Christian Romain,

l’attractivité de l’hôpital.

le délégué F.O.-Santé à l’hôpital de Pontarlier.

“O n a du mal à com- prendre le non-provi- sionnement du comp- te épargne temps jusqu’en avril 2011” , indique d’emblée Christian Romain. Le délégué syndicat F.O.-Santé s’inquiète des conséquences du Plan de Retour à l’Équilibre Financier (P.R.E.F.). “Ce sera plus com-

SYNDICAT C.G.T.

Des questions sans réponses

Le retour à l’équilibre : mais à quel prix ? L’expectative est aussi de mise à la C.G.T. où l’on redoute les consé-

pliqué de recruter ou de garder des médecins sur l’hôpital. Je ne vois pas comment on pourrait les inciter financiè- rement à venir exercer à Pontar- lier.” L’emploi et les conditions de tra- vail restent bien

“La fuite du personnel vers la Suisse.”

L a rapidité de la dégradation financière de l’hôpital a surpris tout le monde et laisse planer pas mal d’interrogations. “Tout allait bien au départ de l’ancien direc- teur. Deux mois plus tard, c’est la catas- trophe. Même avec toutes les mesures prises ou annoncées dans le cadre du plan de retour à l’équilibre financier, on n’a pas l’impression qu’on va réus- sir à s’extraire de la situation” , consta- te Lydie Lefèvre, déléguée C.G.T. à l’hôpital. Des doutes mais aussi des craintes vis-à-vis des conditions de travail du personnel soignant. Si le syndicat voit plutôt d’un bon œil la suppression des horaires coupées chez les A.S.H. au profit des horaires continus, il dénonce les effets pervers. “Les A.S.H. se retrouvent maintenant seules au lieu de deux pour faire le même travail. Du coup, elles doivent solliciter les aides-soignantes.Ces réduc- tions s’expliquent aussi par les départs en retraite non remplacés. Normale- ment, tout changement d’horaires doit être validé en C.H.S.C.T. (comité

d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Mais la procédure n’a pas été respectée. C’est même condamnable” , dénonce la déléguée syndicale. Sitôt informée du plan de retour à l’équilibre financier, la C.G.T. a diffusé un tract orienté bien sûr sur la dégradation des conditions de travail induites par le plan : gel des titularisations, mobilité du personnel, suppression des primes d’astreintes médicales, remise en cau- se des conditions d’évolution de car- rière, politique des contractuels. Jus- tifiées ou non, ces craintes reflètent de grosses inquiétudes du personnel. Dire le contraire serait mentir. Certains projets semblent complète- ment abandonnés. “Dominique Bar- dou nous avait promis une crèche à la place de l’ancienne maison de retraite. L’outil devait être partagé avec Nestlé. Aujourd’hui, on n’entend plus parler de rien. C’est dommage”, regrette Lydie Lefèvre en espérant “que le retour à l’équilibre financier ne se fasse pas au détriment de l’offre de soins et des condi- tions de travail.”

quences du plan de retour à l’équilibre financier.

“On a été sur- pris de la rapidité du changement de situation”, observe Lydie Lefèvre, la déléguée C.G.T.

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