La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

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En procédant à une expertise financière au printemps dernier, la nouvelle directrice du centre hospitalier de Pontarlier a découvert une situation beaucoup plus inquiétante qu’on ne le pensait. De multiples raisons internes et externes expliquent cette dégradation qui sème le doute dans les esprits. Pour s’en sortir, une seule stratégie possible : le plan de retour à l’équilibre financier ou P.R.E.F.. Des mesures économiques qui vont optimiser en profondeur le fonctionnement de l’hôpital sans toucher, tout le monde le jure, la qualité de l’offre de soins. Dossier complet. L’HÔPITAL DE PONTARLIER EST DANS LE ROUGE L’évolution de la situation financière de l’hôpital soulève des interrogations. La direction n’avait pas d’autre choix que d’adopter des mesures drastiques pour préserver son autonomie. Crise financière Opération serrage de boulons STRATÉGIE

E n prenant ses fonctions au prin- temps dernier, Gaëlle Fonlupt, la nouvelle directrice de l’hôpital ne pensait probable- ment être confrontée à une tel- le situation. On aurait voulu lui refi- ler un cadeau empoisonné qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Quelques mois plus tôt, tous les indicateurs étaient au vert ou presque au départ de son prédécesseur Dominique Bar- dou. En janvier 2011, le déficit “connu” s’élevait à 1 million d’euros. Rien d’anormal dans un hôpital où le bud- get avoisine les 70 millions d’euros. Sitôt à son poste, Gaëlle Fonlupt qui a quand même remarqué les locaux

sionné au budget depuis 5 ans. Idem avec les dotations aux amortissements qui n’apparaissaient pas clairement dans les bilans. “On a constaté une hausse très forte des charges d’amortissement liées à la construc- tion de l’E.H.P.A.D., du pôle mère- enfant, du service de chirurgie. 70 mil- lions d’euros ont été investis en 5 ans. Il s’agit d’investissements essentiels que je ne remets pas en cause” , insiste la directrice. Avec ce niveau d’investissement, les dotations d’amortissements ont progressé de 1,7 million d’euros entre 2010 et 2011. Sans oublier l’évolution “exponentiel- le” des charges financières due à l’endettement et à des emprunts à risque dont les taux explosent. L’hôpital subit aussi l’impact de la réforme hos- pitalière. Avec la mise en application de la tarification à l’acte, les recettes de l’hôpital de Pontarlier diminuent de plus de 600 000 euros à activité constante. Autre secteur touché : les missions d’intérêt général menées par les équipes de gérontologie mobile, de soins pal- liatifs et dont les enveloppes sont révi- sées à la baisse. Tout additionné, le déficit pourrait atteindre plus de 5,7mil- lions d’euros fin 2011. Soit plus de 8 % de déficit. La loi Hôpital Patients Santé et Ter- ritoire est claire. Quand le déficit d’un établissement dépasse 3 %, ce dernier est mis en demeure. Ce qui a été le cas pour Pontarlier le 11 avril 2011. “On avait alors 3 mois pour produire un plan de redressement. L’A.R.S. nous a octroyé un délai supplémentaire de 3 mois” , explique Gaëlle Fonlupt. La nouvelle direction est contrainte de produire un Plan de Retour à l’Équilibre Financier (P.R.E.F.) qui doit permettre le retour à l’équilibre en 2014. La directrice a privilégié un plan de redressement par le haut. Les dépenses annexes sont renégociées comme les primes d’assurances, le mar- ché de la téléphonie. “En diminuant le recours à l’emploi intérim au profit de l’emploi direct, on peut économiser presque 90 000 euros.” Le P.R.E.F. comprend près d’une tren- taine de mesures. Les secteurs admi- nistratifs sont les premiers mis à contri- bution. Pour la petite histoire, le secteur financier est complètement remis à

flambant neufs pro- cède à une rapide expertise financière pour avoir un état précis de la situation qui se révèle beau- coup plus inquiétan- te que prévu. “Suite à ce diagnostic, on notait déjà pour 1,7 million d’euros de dérapages financiers” , explique la directri- ce. Elle découvre par exemple que le comp- te-épargne-temps n’était pas provi-

Un vrai cadeau empoisonné.

Gaëlle Fonlupt, la directrice, a trois ans pour remettre l’hôpital à flots.

plat avec l’arrivée d’un nouveau direc- teur. D’autres cadres de l’ancienne direction ont quitté l’établissement. Les mesures s’étendent aussi aux ser- vices de soins. Elles concernent par exemple la réorganisation du bloc, le transfert de la chirurgie ambulatoire, l’optimisation des taux d’occupation… “On devrait pouvoir réaliser 1,5 mil- lion d’euros d’économie ou de recettes supplémentaires en 2012. Sans tou-

Au niveau social, par exemple, sans aller jusqu’à la titularisation, il est prévu une vague de passages de C.D.D. en C.D.I. Sur le plan médical, l’hôpital va bientôt accueillir la dialyse qui était précédemment à la clinique. La direc- trice compte bien solliciter les ins- tances dirigeantes. “On aura besoin de l’appui de l’A.R.S. pour maintenir notre attractivité.” F.C.

cher aux effectifs soignants.” La directrice est parfaitement conscien- te de l’impopularité de ces mesures et des craintes qu’elles suscitent. “Les remplacements qui n’ont pas été assu- rés dernièrement ne relevaient abso- lument pas des mesures économiques” dit-elle pourtant. Le développement de l’hôpital n’est pas figé jusqu’au retour à l’équilibre. Certains projets vont se poursuivre.

Zoom Des fautes de gestion ou pas ? S i personne ne conteste la néces- sité des investissements, beau- coup ne comprennent pas la vitesse à laquelle sʼest creusé le déficit. “Une partie des dépenses était prévisible”, admet Gaëlle Fonlupt. Financière de formation elle ne sʼexplique toujours pas “cet aspect court-termiste” , appli- qué dans la gestion financière de lʼétablissement. Le débarquement de lʼancien directeur financier et la réorganisation en pro- fondeur dudit service se passent de commentaire.

PATRICK GENRE Le conseil de surveillance “La situation est difficile mais pas dramatique”

lité et l’offre de soins. Il faut garder à l’esprit que c’est par l’activité que l’hôpital s’en sortira.” Patrick Genre s’est rendu dernièrement au ministère de la Santé avec Jean- Marie Binétruy. Ils ont rencontré le conseiller technique auprès de Xavier Bertrand pour lui demander des dota-

L e maire qui préside aussi le conseil de surveillance de l’hôpital a tenu à informer les élus de la situation de l’hôpital. “La situation est difficile mais pas drama- tique. Avec des mesures qui visent à terme des économies dans le fonction- nement mais qui ne touchent pas la qua-

tions supplémentaires avant la fin de l’année. “Je ne suis pas revenu avec un chèque. J’attends que ce rendez-vous soit suivi d’effet. J’ai bon espoir sur plu- sieurs centaines de milliers d’euros d’ici la fin de l’année et il s’agit de crédits pérennes qui doivent prendre en comp- te la structure de charge de l’hôpital.”

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