La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

18 PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

ÉDUCATION

Les internats victimes de leur succès Bientôt 150 chambres aux Augustins Lʼinternat desAugustins est satu- ré, comme celui du lycée Xavier- Marmier à Pontarlier dʼailleurs (220 internes pour 1 329 élèves). Au total, 134 élèves sont internes pour une capacité de 120 aux Augustins. Le lycée privé a “poussé les murs” en attendant la construction dʼun nouvel inter- nat pour un montant total de 4 millions dʼeuros. Le chantier a débuté. Le nouvel espace pourrait ouvrir fin 2012. Les trois quarts de lʼinvestissement sont financés par lʼétablissement. Sa capacité sera de 150 chambres.

Des Suisses passent le baccalauréat Ces Suisses qui préfèrent l’école à la française

Rencontre avec deux élèves qui ont quitté les bancs de l’école helvète pour rejoindre ceux du lycée privé Les Augustins de Pontarlier. Le phénomène n’est pas nouveau mais prend de l’ampleur.

S a renommée dépasse la frontière. Élu meilleur établissement de Franche-Comté avec 100 % de taux de réussite au dernier baccalauréat en 2010- 2011, le lycée Les Augustins n’a nullement besoin de publicité pour remplir ses classes. Même nos voisins suisses frappent au portillon pour décrocher le “bac”, équivalent de la “maturité” dans leur pays. C’est le cas de Magalie Oberson (18 ans) et Sandy Vasseur (17 ans). La première habite dans le canton de Fribourg, à 1 h 30 de Pontarlier. Elle a quitté le système éducatif suisse, “trop général” dit-elle, pour intégrer un bac économique et social. “J’ai eu des problèmes avec le système suisse. Là-bas, on fait autant de chimie que d’économie. Cela ne me plaisait pas. Je pré- fère le système des séries en Fran- ce” avoue la jeune femme dont la mère connaissait l’éducation à la française et l’internat des Augustins. Ce qui change de l’autre côté de la frontière ? “Le coût de l’école, moins cher ici” annonce l’élève (300 euros par

mois pour un interne), et “un niveau plus dur ici” poursuit sa camarade Sandy Vasseur, ins- crite en terminale littéraire. Le nombre d’élèves par classe semble plus élevé ici que de l’autre côté de la frontière. De nationalité française mais résidente en Suisse, Sandy Vas- seur a quitté l’école suisse à l’âge de 12 ans : “Je ne me plaisais pas du tout…Sachant que j’étais la première de la classe, il y a eu du favoritisme car les Suisses n’aimaient pas qu’une Françai- se soit première” explique la lycéenne qui souhaite intégrer par la suite une école de jour- nalisme à Paris. Sa camarade Magalie retournera dans son pays pour intégrer une univer- sité de droit ou d’économie. Pour cela, elle devra au minimum obtenir la mention “assez bien” à la fin de l’année. Historiquement, le lycée privé pontissalien a toujours accueilli des Helvètes. Une vingtaine d’années auparavant, des fils d’ambassadeurs - notamment d’Afrique Noire - étudiaient ici. “La bonne réputation de l’établissement est une des rai-

sons” explique Christophe Blan- chard, le proviseur de l’établissement depuis deux ans. Élitistes, Les Augustins refu- sent de l’être ou pire, de le deve- nir : “Nous accueillons tout le monde. Il y a une mixité socia- le grâce aux aides boursières et nous ne sommes pas une boîte à bac” s’empresse de confirmer Thierry Giacoma, conseiller prin- cipal d’éducation depuis 24 ans. Aux lycéens de prouver qu’ils sont au moins aussi studieux, sinon meilleurs que leurs pré- décesseurs. E.Ch.

Magalie et Sandy préfèrent le système scolaire français à celui de Suisse.

CHAFFOIS

Le gouffre ausculté

Jardel : 500 tonnes d’obus à extraire La quantité d’obus a été évaluée fin septembre. Faut-il extraire ou laisser dormir ces munitions datant de la Première guerre mondiale ? Réponse pas avant deux ans. À l’État de payer l’addition.

D ans le fond, on nous dit que tout va bien. Déjà inspectée en 2010, le gouffre de Jardel a livré de nouveaux secrets jeudi 29 septembre. Durant une semaine, des membres de la sécurité civile ont mené à Chaffois une opération visant à quantifier le nombre d’obus jetés dans cette cavi- té en 1923. Depuis des années, tous les chiffres ont été annoncés, allant de 3 000 à 73 000 tonnes d’obus. Selon les premiers relevés, il semblerait que 500 tonnes sont enfouies ici, lieu de nombreuses craintes. Dans le cas où l’extraction serait envi- sageable, environ trois années de tra- vaux seraient nécessaires à raison de 500 kg retirés par jour. Pour l’heure, aucune décision n’est prise quant à un futur enlèvement. La première enquête menée en avril 2010 avait conduit le préfet du Doubs à conclure “qu’aucun risque de pollution ou d’explosion n’était à craindre.” La solution - selon la pré- fecture - serait de les laisser dans le gouffre, lieu humide et frais permet- tant une bonne conservation. D’autres voix ne semblent pas sur la même lon- gueur d’onde. C’est le cas des conseillers régionaux Europe Écologie-Les Verts qui veulent être “informés des risques de pollution que ce site peut générer à sa source.” Jardel contient 17 types de munitions, de 9 calibres différents (65 à 220 mm)

et de 14 longueurs dif- férentes. “Il s’agit de munitions devenues obsolètes après 14-18. Beaucoup remontent à la guerre de 1870” , observe un démineur. L’examen et les prélè- vements effectués en 2010 ont mis en évi- dence la présence de

Aucune libération d’acide picrique.

mélinite ou acide picrique dans les culots des obus brisés il y a 88 ans, ce qui confirme la faible solubilité de cet explosif dans l’eau froide et donc une forte dilution au cours des années. Les analyses effectuées par l’Agence régionale de Santé sur les prélève- ments d’eau et de sédiments confir- ment qu’il n’y a, à ce jour, aucune libé- ration d’acide picrique par le stock d’obus de Jardel. Plutôt rassurant pour ceux qui ont à gérer l’épineux dossier de la pollution de la Loue. D’autant plus que les relations sont assez réduites avec Jardel. “La Loue à deux sources : celle que tout le mon- de connaît et une source secondaire qui apporte 30 % des eaux de la riviè- re. Sachant que 10 % des eaux de la Loue secondaire passent par Jardel, sa contribution descend finalement à 3 %” , précise l’hydrogéologue qui avait été mandaté pour les prélèvements. Après 88 ans dans le noir, les obus ne sont prêts de revoir le jour.

Le nombre d’obus datant de la première Guerre mon- diale est désormais

évalué (photo sécurité civile).

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