La Presse Pontissalienne 144 - Octobre 2011

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 144 - Octobre 2011

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SOCIÉTÉ

COMMENTAIRE

Gens du voyage Les envahissements sauvages posent problème

Sédentaires et nomades

Directeur de l’association franc-comtoise des gens du voyage - gadjé, Patrick Mila explique les enjeux à venir pour cette communauté qui est en pleine mutation. “L’enjeu est de trouver le

aire” précisent les services de la C.C.L. Malgré ces équipements, comme beau- coup d’autres collectivités, la Com- munauté de Communes du Larmont n’échappe pas à des envahissements sauvages. Il s’agit de groupes de gens du voyage qui débarquent sans pré- venir et s’installent où ils veulent.Ain- si cet été, 150 caravanes se sont arrê- tées àVuillecin sur un terrain agricole privé. Ces voyageurs qui connaissent le droit ont déposé un recours au tri- bunal administratif pour attaquer la procédure de mise en demeure de quit- ter les lieux, émise par le préfet à la demande des propriétaires. Ce recours leur a permis de gagner 72 heures. Après une semaine passée àVuillecin, ils ont quitté les lieux sans avoir eu de compte à rendre. En dehors de ces événements exceptionnels, les services de la C.C.L. gèrent au mieux les aires d’accueil. Sur le terrain, la mission des agents de la collectivité n’est pas tou- jours facile. Le président Patrick Gen- re fait partie des élus (et ils sont rares dans le Doubs) à aller à la rencontre des gens du voyage. Pour éviter les soucis liés au suivi de ces aires, certaines collectivités déci- dent de déléguer leur gestion à une entreprise privée. C’est le cas de la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon qui a confié cette mis- sion à la société Vago, alors qu’elle l’assumait jusque-là dans le cadre d’une régie directe. La C.C.L. avait envisa- gé d’en faire de même, mais pour des raisons financières, le projet a été aban- donné. T.C.

Cet été, la Communauté de Communes du Larmont a eu à gérer l’arrivée de 150 caravanes qui se sont installées sur un terrain privé à Vuillecin. Pourtant sur son territoire, la collectivité est équipée d’une aire de grand passage.

L a Presse Pontissalienne : Qui sont les gens du voyage ? Patrick Mila : Par définition, ce sont des gens dont l’activité dépend du voyage. Ce terme générique englobe les Tzi- ganes, les bateliers autant que les Cir- cassiens. Ceux dont vous parlez sont les Tziganes qui se répartissent en quatre ethnies : les Gitans, les Manouches, les Roms et les Yéniches. Mais je rappelle que les Roms Tziganes n’ont rien à voir avec ceux désignés

comme étant des Roms par la com- mission européenne, et qui sont des réfugiés économiques originaires de Bulgarie ou de Roumanie, arrivés en France au début des années 2000. L.P.P. : Les gens du voyage ont-ils ou non la nationalité française ? P.M. : Les Tziganes sont arrivés en Fran- ce en 1430. Certaines familles ont donc des racines françaises beaucoup plus anciennes que la plupart d’entre nous.

L e Conseil général du Doubs enga- ge actuellement la révision du schéma départemental d’accueil des gens du voyage qui a été mis en place en 2006. “Le but est de faire le bilan et d’identifier les points à ren- forcer” indique Éric Faivret, directeur de l’économie et des collectivités locales du Conseil général. Notre département compte 13 aires d’accueil (soit 296 places), 4 aires de grands passages (soit 300 places) et quelques terrains familiaux qui s’adressent à des familles en cours de sédentarisation. Côté équi- pement, le Doubs est dans les clous. 5,3 millions d’euros ont été investis par les collectivités locales et l’État pour aménager ces aires. “C’est pour- quoi la révision du schéma se fait moins dans une logique d’équipement que d’accompagnement social” ajoute-il. L’accent devrait cependant être mis sur les terrains familiaux pour favo- riser la sédentarisation des familles qui le souhaitent. PatrickMila, le direc- teur de l’association Gadjé, y est favo- rable. “L’accueil sur les aires est tota- lement dépassé. Les voyageurs ne voyagent plus. Il ne faut plus raison- ner en terme d’emplacement mais

d’habitat. On se bat pour que dans les Plans Locaux d’Urbanisme des espaces soient réservés pour des terrains fami- liaux comme il y a des obligations pour les logements sociaux. Plutôt que de concentrer les gens sur des aires d’accueil au risque de créer des problèmes il serait préférable d’avoir deux terrains familiaux dans chaque commune.” Pontarlier est en avance. La capitale du Haut-Doubs compte six terrains familiaux. Ils sont gérés par la Com- munauté de Communes du Larmont qui a la compétence “accueil des gens du voyage” sur son territoire. En plus, la C.C.L. gère en régie directe l’aire d’accueil des populations non séden-

La C.C.L. est moins confrontée à des problèmes d’incivilité sur les aires d’accueil que d’autres collectivités.

taires où peuvent station- ner 70 caravanes. Les nomades peuvent rester là trois mois au maximum. À cette aire s’ajoute celle dite des grands passages esti- vaux, située à proximité du centre de traitement des déchets. Elle est dimen- sionnée pour 100 à 120 cara- vanes. “Cette année, nous avons accueilli deux mis- sions évangéliques sur cette

Mettre l’accent sur le social.

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