La Presse Pontissalienne 143 - Septembre 2011

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 143 - Septembre 2011

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SCIENCES

Une passion d’adolescent

Le chasseur de planètes extra-solaires

Pierre Baudoz travaille depuis 2003 à l’Observatoire de Paris. Beau parcours pour celui qui a conforté sa vocation en côtoyant les pionniers de l’astronomie locale. P ierre Baudoz a trouvé sa voie en 1986 lors du passage de la comète de Halley. “C’est l’événement déclencheur” , observe l’astronome dont la famille tenait et tient toujours le magasin de jouets au centre-ville à Pontarlier. À l’époque, Pierre Baudoz le lycéen avait investi dans un petit télescope pour mieux observer la plus célèbre des comètes. Il s’était aussi rapproché d’une poignée d’astronomes amateurs comme Marcel Lépeule, Robert Bet- tinelli qui étaient à l’origine du club astro au sein de la M.J.C. des Capucins. “J’ai toujours eu le goût de l’astronomie. Mais je ne serais pas allé aussi loin sans les autres à qui je dois pro- bablement d’avoir excité ma curiosité. Je pen- se notamment à Robert Bettinelli” dit Pierre Baudoz. Le Pontissalien d’origine a apporté sa modeste contribution d’adolescent à la construc-

Le Pontissalien Pierre Baudoz s’est spécialisé dans la détection des planètes extra- solaires.

tion de l’observatoire de la Perdrix. L’astronomie, il faut y croire. La route est longue avant d’entrer à l’Observatoire de Paris où les places sont très convoitées. “C’est très sélectif. Seulement 10 astro- nomes sont retenus chaque année sur une centaine de can- didats.” Assez curieusement, le jeune bachelier entame sa forma- tion scientifique par un D.U.T. en Génie Mécanique. Puis il passe une licence en physique des détecteurs. Le projet s’affine ensuite à l’université de Nice avec un master sui- vi d’unD.E.A. astronomie hau- te résolution angulaire et astrophysique. “Ce D.E.A. aborde les aspects théoriques

“Je ne serais pas allé aussi loin sans les autres.”

Lyot au début des années trente consiste à reproduire le phénomène céleste des éclipses totales de soleil. “On utilise des instruments qui masquent l’image de l’étoile” , indique Pier- re qui s’est spécialisé dans le domaine de la détection des planètes extra-solaires. Pour ce faire, il utilise aussi l’optique adaptative. “On installe une optique derrière le télescope qui

et pratiques liés à l’astronomie. Il comprend aussi l’option traitement des images et instru- mentation sur des techniques d’observation assez nouvelles.” On entre ensuite dans le vif du sujet scienti- fique. Pierre Baudoz poursuit son cursus tou- jours à Nice en préparant une thèse sur la coro- nographie. Cette technique inventée par Bernard

sert à corriger la déformation des images intro- duites par l’atmosphère. Cette technique de cor- rection a été mise au point en 1991. On travaille maintenant avec des instruments de seconde génération.” Thèse en poche, l’astronome pontissalien part deux ans à Hawaii finaliser sa formation post- doctorale. Le temps de découvrir les frissons du kite-surf mais surtout l’un des sites stra- tégiques de l’observation astronomique sur la terre. “Cet observatoire est installé à 4 000 mètres d’altitude. Il abrite des télescopes pou- vant faire jusqu’à 8 mètres de diamètre” , se sou- vient Pierre qui semble avoir beaucoup appré- cié ce séjour. La suite ne manque pas d’attrait. C’est l’arrivée en 2003 à l’observatoire de Paris Plus de 1 000 scientifiques, ingénieurs et techniciens s’activent dans cette noble maison. “Le corps des obser- vatoires doit remonter à Louis XIV” , note l’astronome. Son poste intègre trois volets d’activité : enseignement, tâches de service et recherche. Il travaille actuellement à la mise en place de coronographes sur le prochain téles- cope spatial Hubble. “Hubble mesure 2,4 m de diamètre alors que celui-là en fera 6,5 m, pré- cise Pierre qui apprécie tout particulièrement cette gymnastique d’esprit liée à la recherche. C’est un travail de tous les instants. On y réflé- chit tout le temps. Si on veut inventer quelque chose, il faut que l’esprit arrive à intégrer l’ensemble des problématiques, à mélanger des idées qu’on ne trouve pas toujours derrière un bureau mais en discutant sur d’autres sujets.” Et Pontarlier dans tout ça ? Pierre a fait sa vie à Paris où il réside avec femme et deux enfants en bas âge. Le Haut-Doubs reste son berceau, le port de rattachement familial. De sa jeu- nesse dans les montagnes jurassiennes, Pier- re a conservé le plaisir de la randonnée, du jar- dinage, des cueillettes de champignons. Les racines sont toujours vivaces. Un ciel clair illumine son séjour pontissalien et voilà que resurgissent les réflexes d’adolescence. Direction la Perdrix pour une séance d’observation de la voûte céleste du Haut-Doubs. Comme un éternel recommence- ment. F.C.

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