La Presse Pontissalienne 143 - Septembre 2011

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 143 - Septembre 2011

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MORTEAU-PONTARLIER

Une double implantation

À LA RENCONTRE DES COMMERÇANTS “PONTI-MORTUACIENS” Encouragés par la vitalité commerciale du Haut-Doubs, ils sont une poignée de la capitale du Haut-Doubs à tenter leur chance en terre mortuacienne. Témoignages.

L a bande frontalière semble toujours être un fertile terreau à toutes sortes d’initiatives. Si Pontarlier reste toujours la plate-forme commerciale du Haut- Doubs, le Pays Horloger n’est pas à négliger. Loin s’en faut. C’est peut-être un peu moins peuplé mais le pouvoir d’achat y est tout aus- si élevé, sinon plus. Les cités horlogères du Locle et de La Chaux-de-Fonds constituent des

gisements d’emplois privilégiés par les fron- taliers duVal deMorteau. De même, les Suisses desmontagnes neuchâteloises n’ont de quelques kilomètres à parcourir pour consommer fran- çais. Les premiers à jouer la carte de la double implantation furent probablement les profes- sionnels de l’immobilier. Bien leur en prit. Ils ont prospéré au-delà de toutes les espérances. D’autres ont suivi l’exemple. Témoignages.

Avec 500 m 2 de surface commerciale, Expert Morteau rivalise avec Expert Pontarlier et ses 800 m 2 à la grande

Expert : un retour aux sources gagnant

la situation du magasin Expert Pon- tarlier qu’il avait repris en 2005, David Bessadet a toujoursmaintenu le contact avec la clientèle du Haut-Doubs horlo- ger. “On venait au moins deux fois par semaine sur Morteau en installation ou dépannage.” Pourquoi alors avoir atten- du 5 ans avant de franchir le pas ? C’est pratiquement une question de dispo- nibilité foncière. “Suite à la fermeture, on a engagé des pourparlers avec la municipalité pour revenir à Morteau. Mais cela ne se fait pas comme ça du

Les Mortuaciens sont toujours restés fidèles à cette enseigne qui avait disparu quelques années avant de revenir s’implanter sur des bases très prometteuses.

satisfaction de David Bessadet, à la tête de ces deux magasins.

“M orteau est maintenant aus- si important que Pontarlier” , assène ravi David Bessadet. Le patron des deux magasins d’équipement électroménager ne regret- te absolument pas ce retour gagnant effectué en janvier 2010. Étonnante

réussite quand on sait que cette même enseigne implantée initialement àMor- teau n’avait justement pas résisté au mouvement inverse.À croire que le pro- blème dont elle souffrait n’était pas d’ordre commercial. Après avoir redressé victorieusement

cinq ans, sa renommée demeurait inchangée. À la différence de son pré- décesseur et de l’implantation pontis- salienne en pleine zone commerciale, David Bessadet tenait à privilégier la proximité avec le centre-ville de Mor- teau. “On peut venir ici à pied ou en voi- ture.” Cette stratégie pouvait compor- ter le risque de déshabiller Pierre pour habiller Paul. “Pontarlier est plus vivant sur le plan commercial. Il ne faut pas se tromper. La concurrence, c’est Besan- çon.” Cette double implantation permet de retenir la clientèle sur le Haut-Doubs et limite le risque d’évasion dans la capitale comtoise. Elle offre d’autres avantages.L’activité pérennise une ving- taine d’emplois. Le regroupement per- met aussi de proposer un S.A.V. tous produits. David Bessadet est conscient qu’il reste encore des choses à amélio- rer dans cette double implantation. “On doit optimiser l’organisation des deux magasins. À mon avis, mieux vaut ne pas être trop dépendant de la Suisse

sans pour autant renier cette clientèle.” Avec 18mois de recul,il observe d’ailleurs la prédominance des clients suisses sur le magasin deMorteau, au contraire de Pontarlier plus tourné vers les fronta- liers. “La Suisse implique des efforts d’adaptation. On doit être capable, par exemple, d’assurer les livraisons et au besoin le S.A.V.” David Bessadet tient aussi à souligner le rôle de la munici- palité mortuacienne qui s’est beaucoup investie dans la recherche d’une solu- tion foncière. Le succès d’Expert à Pontarlier comme àMorteau s’explique aussi par son posi- tionnement axé sur le moyen et le haut de gamme. “On s’interdit le bas de gam- me sans marque car on sait bien ce que ça vaut.” Le bilan de retour d’Expert sur la place mortuacienne semble plus que satisfaisant. La clientèle répond favorablement. L’équipe est stable, com- pétente et motivée. “On était très atten- du. Cela va nettement dans le bon sens” , conclut un patron visiblement confiant dans l’avenir.

jour au lendemain quand on est indé- pendant.” Pour David Bes- sadet, aucun dou- te, il manquait sur leVal de Morteau un magasin de ce calibre avec une offre importante et des prix com- pétitifs. Challen- ge compliquémais néanmoins pos- sible avec une enseigne interna- tionale comme Expert. Même si elle n’existait plus physiquement sur Morteau depuis

La démarche du salarié devenu patron a plutôt bien fonctionné pour Philippe Jeanmonnot qui a su apporter sa patte qualitative pontissalienne dans la reprise de Bobby Sport. Sports Aventure : l’engagement affectif

Baptisée tout symboliquement Bobby Sport Aventures, la nou- velle enseigne mortuacienne fonctionne ainsi depuis octobre 2009. Elle semble avoir trouvé sa vitesse de croisière. “Le magasin tourne bien. On progresse bien sûr mais en res- tant plus attaché à la qualité qu’au chiffre.” Avec cette repri- se, Philippe Jeanmonnot cher- chait à apporter son savoir-fai- re technique en se gardant bien toutefois de tomber dans le piè- ge du copié-collé. “On reste plus généraliste sur Morteau avec des produits entrée de gamme qu’on ne retrouve pas forcément à Pontarlier. Vu la différence de prix dans les articles de sport entre la Suisse et la France, on dispose encore d’une forte mar- ge de progression pour attirer les Suisses.” La conjoncture joue largement dans ce sens. L’effectif du maga- sin mortuacien varie entre 5 et 7 personnes suivant la sai- son. C’est plus qu’à Pontarlier axé davantage sur le créneau qualitatif.

E n quittant Morteau il y a 13 ans, Philippe Jean- monnot ne se doutait pro- bablement pas qu’il repren- drait le magasin où il avait fait ses gammes. Il a d’abord lar- gement valorisé l’expérience acquise auprès de Philippe Bobillier, son ancien patron. Sport Aventures à Pontarlier est devenue une référence chez tous ceux qui recherchent du matériel de sport très haut de gamme. Un vrai commerce de centre-ville paré pour affron- ter l’arrivée d’un mastodonte comme Décathlon. Simple ques- tion de positionnement.

Après son implantation pon- tissalienne en 2003, Philippe a toujours entretenu des rela- tions avec la clientèle mortua- cienne qu’il appréciait tout par- ticulièrement. “Quand Philippe Bobillier a manifesté son désir d’arrêter, il nous a immédiate- ment sollicités pour reprendre son affaire. Morteau, c’est d’abord un engagement affec- tif et une réelle marge de pro- gression” , explique Philippe pour qui ce renfort pontissa- lien au commerce local limite- ra forcément la fuite de la clien- tèle vers Besançon. Il n’est pas le seul à partager ce sentiment.

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