La Presse Pontissalienne 141 - Juillet 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

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Avec la Voie Verte qui titube, la station de Métabief en stand-by, les projets autour du lac encore en gestation, on finit par s’inquiéter à juste titre du bien-fondé du développement touristique dans nos montagnes. Heureusement, certains acteurs n’attendent pas la création ou le renouvellement des infrastructures pour investir, innover, aller de l’avant. On peut encore vivre du tourisme dans le Haut-Doubs. La preuve dans ce dossier estival. TOURISME DANS LE HAUT-DOUBS : CEUX QUI Y CROIENT ÉCONOMIE 2,4 % du P.I.B. “L’apport du tourisme correspond à l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants”

Le poids de l’activité touristique est loin d’être négligeable. Le Haut-Doubs se distingue par sa réactivité technologique. Éclairages avec Philippe Lebugle, le directeur du C.D.T. du Doubs.

L’activité touristique représente 2,4 % du P.I.B. L’apport du tourisme dans le Doubs correspond à l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants. C’est Pon- tarlier. L.P.P. : On pointe souvent du doigt la qualité de l’hébergement. P.L. : À force de le dire, on finit par s’en convaincre. Cela ne ressort pas du tout des remarques des touristes. Le niveau qualitatif a progressé grâce aux efforts engagés depuis plusieurs années. Il faut arrêter de s’autoflageller. L.P.P. : Les retours d’opinion sont-ils aussi positifs que ça ? P.L. : On a effectué une enquête auprès de 2 400 personnes passées par la cen- trale de réservation du C.D.T. Un tiers a répondu. C’est plutôt positif. 91 % sont satisfaits ou très satisfaits de leur séjour. On pensait que c’était inférieur, donc c’est rassurant. On leur a sug- géré d’apprécier leurs vacances dans le Doubs. Résultat : 16/20.Tous ne pen- saient pas qu’il y avait autant de choses à faire et que c’était aussi beau. Ces remarques révèlent un déficit de noto- riété. Inversement, elles soulignent la richesse de l’offre. L.P.P. : On entend souvent ce genre de com- mentaire : grâce à la Suisse, le Haut-Doubs n’a pas besoin du tourisme pour vivre. Cela n’encourage pas les vocations touristiques ! P.L. : On ne peut nier le contexte. La dépendance du Haut-Doubs vis-à-vis de la Suisse comporte aussi des risques. Si la situation se complique, la bande frontalière peut se retrouver en gran- de difficulté. Le tourisme n’est pas sou- mis à ces contraintes. Il représente des emplois, une plus-value qui restent sur le territoire. L.P.P. : La Voie verte : pour ou contre ? P.L. : Quand on voit l’impact très positif de la véloroute, force est de constater l’importance de ces équipements sur l’économie locale. C’est le cumul des activités qui valorisent un territoire. L.P.P. : Comment dynamiser encore la mise en tourisme du Doubs ? P.L. : En mutualisant par exemple les outils de réservation. On vient d’ailleurs de finaliser un projet dans ce sens. Il va faciliter l’accès à la centrale de réser- vation du C.D.T. qui englobe 200 à 300 hébergements. Les offices de tourisme de Mont d’Or-Deux Lacs et Pontarlier sont déjà opérationnels. Le Pays Hor- loger, Ornans et Baume-les-Dames sui- vront le mouvement. Depuis Les Fourgs ou Malbuisson, on connaît la disponi-

toutes sortes d’informations : curiosi- tés, visites, restaurants. On peut y accéder par les flash-codes en cours d’installation sur les vitrines. L.P.P. : D’autres perspectives ? P.L. : Oui et en terme de fidélisation. Grâce au système Gestion de Relation Client ou G.R.C., on est capable de per- sonnaliser les offres transmises via newsletter. On utilise cette C.R.C. depuis 4 ans au C.D.T. et on va l’élargir aux offices de tourisme du Doubs. Les partenariats entre les opérateurs relè- vent de la cuisine interne. Ils n’apparaissent pas aux yeux du client qui reçoit des informations ciblées selon ses pratiques. On ne s’adresse plus à des clients mais à des personnes connues, des amis en quelque sorte. Propos recueillis par F.C.

bilité des hébergements locaux en temps réel. On peut poursuivre la réser- vation jusqu’au paiement en ligne. On sait que l’hébergement, c’est la clef d’entrée sur le territoire. Ce système offre la possibilité de développer tou- te une batterie d’outils marketing . L.P.P. : On entre dans une nouvelle ère ? P.L. : C’est clair et le Doubs est plutôt en avance notamment en Internet mobile.À défaut de Mont Saint-Michel, on doit se creuser les méninges, déve- lopper une politique et des outils pour attirer les touristes. D’ici quelques années, tous les téléphones seront équi- pés de G.P.S. et disposeront de l’accès à Internet. En réponse, on a créé le site doubs-tourisme.mobi. Accessible par l’Internet embarqué, il renseigne l’internaute mobile en lui indiquant

L a Presse Pontissalienne : Quelle est votre perception du tourisme dans le Doubs ? Philippe Lebugle : Il est temps de se convaincre que le Doubs est un dépar-

tement touristique. C’est une éviden- ce. 2 000 entreprises gravitent autour du tourisme, soit 6 600 salariés. Ce n’est pas très visible car l’offre est ato- misée sur l’ensemble du territoire.

CHARBONNIÈRES-LES-SAPINS Ce qu’on demande, c’est du public Guy Vauthier, l’exploitant du Dino-Zoo et du Gouffre de Poudrey, dévoile les secrets de sa réussite et critique le manque de coordination en terme de promotion.

L a Presse Pontissalienne : Les clefs du succès selon votre expérience ? Guy Vauthier : Beaucoup d’énergie et du travail 7 jours sur 7. Comme on n’a pas les moyens des sites institutionnels, on est obligé de faire tous ces efforts. On est à la fois concepteur, aménageur et exploitant. On a besoin de s’appuyer sur une équipe polyvalente capable de tra- vailler en restauration, à l’accueil ou à l’entretien. Sans quoi on ne s’en sort pas. L.P.P. : Quels sont les risques du métier ? G.V. : Les contraintes de la saisonnalité et du plein air. On doit gérer la variabi- lité d’une activité tributaire des vacances, de la météo. La concurrence a déjà fait pas mal de dégâts dans les parcs à thèmes. L.P.P. : Comment évolue la fréquentation ? G.V. : On arrive à progresser de façon régulière depuis 3 ou 4 ans. On accueille

145 000 visiteurs sur les deux sites. Ce qui nous place en seconde position régio- nale derrière la Citadelle. L.P.P. : Vous sentez-vous bien épaulé par les instances touristiques ? G.V. : On peut regretter le manque de coordination qui empêche de monter en commun des actions de promotion à l’échelle nationale. Il y a beaucoup de choses à voir chez nous, trop peut-être. Il faudrait réussir à attirer plus de mon- de. Ce qu’on demande, c’est du public, une promotion ambitieuse et efficace. On peut aussi s’interroger sur les empi- lages d’images, de slogans. Sans oublier les inégalités de traitement entre les sites publics et privés notamment dans la pla- ce accordée aux uns et aux autres dans les journaux institutionnels.

Les flash-codes pour l’Internet mobile sont en cours d’installation chez les opérateurs touristiques du Doubs comme ici à l’office de tourisme de Pontarlier.

Zoom Le Haut-Doubs en tête des lits touristiques marchands

Propos recueillis par F.C.

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