La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

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FROMAGE Alternative au comté Risque de surproduction de morbier Claude Philippe, le président du syndicat du morbier, s’inquiète d’une évolution incontrôlée de la production et des effets sur les prix. Il tire la sonnette d’alarme.

L a Presse Pontissalienne : Qu’est-ce qui vous inquiète vraiment ? Claude Philippe : La sortie des quo- tas se précise mais attention à ne pas faire n’importe quoi. On est dans une situation qui sus- cite pas mal d’interrogations avec un risque réel de surpro- duction dans la filière morbier. La liberté de mouvement s’est encore réduite pour le comté qui exploite désormais son niveau maximal de droits à produire. Il n’y a plus guère de marge de manœuvre avec l’évolution des rendements et l’arrivée de nou- veaux producteurs. Les fabri- cants de morbier commerciali- sent eux-mêmes le produit

vont-ils vendre ? Quand l’offre est supérieure à la demande, je ne connais aucun marchand qui surenchérit. L.P.P. :Il importe donc d’avoir une vision globale ? C.P. : Effectivement, on a besoin de prendre en compte toutes les productions. L.P.P. : Comment faire pour maîtriser les volumes de morbier ? C.P. : Aujourd’hui, le syndicat prélève une cotisation identique sur toutes les plaques caséine morbier. Je préconise l’idée de mettre un prix variable pour les producteurs de lait et les fabri- cants. L’objectif serait de dis-

leurs plaques vertes. Elles trou- vent donc une alternative dans le morbier pour valoriser leur surplus. On identifiait 1 000 producteurs de lait à morbier en 2007.Aujourd’hui, on est au- dessus de 2 000 et une trentai- ne de nouveaux producteurs nous rejoignent chaque mois. On avait jusqu’à présent un seul producteur fermier. Ils seront probablement 5 en fin d’année. L.P.P. : C’est plutôt encourageant ! C.P. : Ces arrivées massives sus- citent en moi autant d’espoirs que de craintes. Le fait que cer- tains ateliers à comté se lan- cent dans la fabrication de mor- bier m’interpelle. À quel prix

contrairement au comté géné- ralement mis en marché par les affineurs. La nuance est d’importance. Avec le morbier, on se retrouve sur un marché beaucoup plus réactif et moins

sûr pour le pro- ducteur de lait. L.P.P. :Que représente aujourd’hui la filière morbier ? C.P. : Cette filière compte 40 ateliers qui fabriquent toute l’année. À cela s’ajoutent des coopératives à comté qui ont déjà utilisé toutes

“La “poubelle” des autres filières.”

“Il faut maîtriser la progression au rythme d’1 % par an sans pas aller au-delà”, estime Claude Philippe, le président du syndicat du morbier.

suader les gens de faire du mor- bier de janvier à mars. Cette période correspond à la fin du plan de campagne comté. L.P.P. : Comment est fixé le prix du lait à morbier ? C.P. : Il est tout simplement indexé sur celui du comté. C’est logique car 80 % du lait A.O.P. en Franche-Comté est trans- formé en comté. Il me semble urgent et nécessaire d’inventer une règle. Le comté ne doit pas être la “poubelle” sanitaire des autres filières. Inversement, le morbier ne doit pas être la “pou- belle” des autres filières. L.P.P. : Quel est le volume de morbier produit en 2010 ? C.P. : On approche raisonnable- ment les 9 000 tonnes. Il y a encore des perspectives d’avenir en prenant soin de maintenir les petits comme les gros opé- rateurs. Pour cela, il faut maî-

triser la progression au rythme d’1 % par an sans aller au-delà. L.P.P. : Cela signifie de mieux enca- drer le développement de la filière ? C.P. : C’est indispensable. La filiè- re morbier a encore un rôle à jouer dans les 5 ans à venir. Sa dynamique reposera également sur la qualité du produit. À l’instar du comté, les produc- teurs de lait à morbier doivent devenir des producteurs de lait fromager. On devra aussi retrou- ver l’esprit partenaire qui fait la force du comté. L.P.P. : D’autres projets en 2011 ? C.P. : Oui. La chasse est ouverte aux autres fromages à raie noi- re qui ne seraient pas du mor- bier. Attention aux copieurs. Il en va de l’avenir de cette jeune filière. On doit défendre ce qu’on va transmettre aux futurs agri- culteurs. Propos recueillis par F.C.

ZONES ÉCONOMIQUES 12 hectares Étalans-L’Hôpital-du-Grosbois : concurrence ou complémentarité ? Discrète mais toute proche de la R.N. 57 et de la zone d’Étalans, la zone d’activités économiques de la Louière à L’Hôpital-du-Grosbois se remplit au grand bonheur des élus et des entreprises. Un site aux multiples atouts. C e site de 12 hectares reflète la dynamique ins- taurée depuis 1999 à la création de la commu- nauté de communes du des contacts sérieux avec deux entre- prises extérieures au village.”

Les entreprises implantées à la Z.A.E. la Louière Mourot Agencement, Poêles faïences Chavot, Bazeaux Illuminations, Drya- de (accastillage), Charlet David (charpente-couverture zinguerie), Centre-Est Dynamite (forages, sondages)

À quel prix peut-on venir à la Louiè- re ? Le terrain est vendu 5,50 euros le m 2 H.T. “Il n’y a pas de concurren- ce possible avec la zone de Mamirol- le car les prix sont très différents. On a également établi un accord politique avec la communauté de communes de Pierrefontaine-Vercel pour convenir d’un prix identique à celui de la zone d’Etalans.” Si les enseignes près du rond-point de l’Alliance rivalisent de visibilité, à la Louière on joue la car- te écrin de verdure. D’où la volonté de se montrer assez sélectif. “On a refusé des entreprises qui exerçaient dans l’enrobage, la valorisation des déchets verts ou encore qui voulaient monter une plate-forme de transport. Il s’agit d’activités très gourmandes en espace et qui présentent aussi l’inconvénient de générer peu d’emplois.” À la Louière, les possibilités d’extension sont limitées. L’optimisation de l’espace est donc de circonstance. 45 salariés travaillent actuellement sur cette zone. La proximité de la R.N. 57, join- te à la discrétion des lieux, attire aus- si les voleurs. “Face aux actes d’incivilité, on a prévu de poser une clôture avec des barrières d’accès. Un terrain familial sera construit à proxi- mité. Cela nous permettra de répondre aux exigences imposées dans le cadre de schéma départemental des gens du voyage. On proposera aux personnes accueillies dans cet espace d’assurer aussi la surveillance des lieux.” D’ici 2012, la communauté de com- munes investira dans un bâtiment- relais qui comprendra plusieurs cel- lules de 150 à 300 m 2 . Jean-Claude Grenier ne cache pas sa satisfaction en évoquant cette zone qui n’aurait selon lui jamais pu voir le jour sans l’intercommunalité. F.C.

Pays d’Ornans. “On a créé en 2001 un schéma de développement économique intercommunal basé sur l’aménagement de trois pôles : la zone au Malade à Ornans, la Louière à l’Hôpital-du-Grosbois et une troisiè- me zone qui sera située sur le secteur de Tarcenay” , explique Jean-Claude Grenier, le maire de L’Hôpital-du- Grosbois. La proximité avec la R.N. 57 justifie pour beaucoup le projet de la Louière. Encore fallait-il trouver du terrain disponible. “On a profité d’une réorganisation foncière agrico- le pour acquérir 12 hectares” , pour- suit l’élu. Les travaux de viabilisation ont débu- té en 2005. Soucieux d’aménager quelque chose d’exemplaire, les élus en charge du dossier ont privilégié l’intégration paysagère et le respect de l’environnement. Chaque entre-

prise est tenue de trai- ter ses propres rejets. L’eau pluviale est récupérée dans des bassins de décanta- tion. La taille des par- celles est définie en fonction des besoins des candidats. Aujourd’hui, 6 entre- prises sont déjà ins- tallées. Elles opèrent dans les secteurs de l’habitat, le bâtiment, des travaux publics ou encore dans des domaines plus spé- cialisés comme l’accastillage marin. “Il reste encore de la place, souligne Jean- Claude Grenier. On a

Le terrain est vendu 5,50 euros le mètre carré.

“L’activité a progressé de 30 % depuis qu’on est à la Louière”, explique Lucie Chavot.

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