La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

FRASNE - LEVIER - JURA VOISIN

29 La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

FILIÈRE BOIS

Seulement 10 à 13 % des ventes Les contrats d’approvisionnement en berne Le dispositif établi depuis 2003 entre les communes et les scieries locales n’a jamais décollé. Explications du malaise avec Albert Hilaire, le président des communes forestières du Jura.

L es

contrats d’approvisionnementrepré- sentententre5et13%de l’approvisionnement des scieries enFranche-Com-

d’approvisionnement remonte au lendemain de la tempête de 1999. “On a d’abord mis du bois sous aspersion pour rassurer le marché. Puis on a commencé à parler de contrat en 2003. Au départ, ça permettait aux com- munes de mettre un volume de bois chez les scieurs qui bénéfi- ciaient ainsi d’une garantie d’approvisionnement.” Une béné- diction quand on sait les diffi- cultés d’approvisionnement local constatées en première comme en seconde transformation. Sauf que le principe n’est pas gratuit. Le bois contractualisé est plus cher pour plusieurs raisons. Les scieurs économisent sur la pros- pection, le bois étant livré bord de route. “Pour que le dispositif soit encore plus efficace, il fallait trier et classer. On a établi un mode de classement avec les ache- teurs et l’O.N.F. qui a réclamé son dû pour ce travail.À cela s’ajoute aussi la nécessité de regrouper la ressource de plusieurs com- munes à la vente.Là aussi,l’O.N.F. qui organise les ventes a deman- dé 1 % de la recette.”

Bilan des courses, les communes répercutent d’une part les coûts de prospection et ont demandé le partage des frais de classe- ment et de regroupement. Les scieurs ont refusé ces conditions. Conçus dans l’esprit du Grenel- le, ces contrats étaient censés favoriser les scieries locales qui faisaient l’économie de la pros- pection, ce qui n’était pas le cas des unités extérieures. Le blocage se situe comme sou- vent auniveauduprix.Les scieurs arguent de la pérennité de leur

Pour Albert Hilaire les communes n’y trouvent pas leur compte.

té. On est loin,très loin du modè- le alsacien qui flirte avec la bar- re des 60 %. Un comble quand on sait que la paternité du dis- positif revient à la filière com- toise. “Pourquoi ça ne marche pas ?, ne s’étonne plus Albert Hilaire: tout simplement car les communes n’y trouvent pas leur compte. La solution pour aller au-delà des 10%,c’est de semettre autour d’une table et que cha-

entreprise. Les communes fores- tières rétorquent qu’elles sont sen- siblement sur la même longueur d’onde. “Quand unmaire négocie des prix, c’est pour une entreprise

Des baisses de prix sont égale- ment envisageables. “On va rené- gocier la part réclamée par l’O.N.F. mais qui correspond en fait au travail du bûcheron” dit-il.

qui s’appelle commune.” Albert Hilaire garde espoir. Il estime que le volume de bois potentiellement contractuali- sable peut monter jusqu’à 40 %.

cun y mette du sien sans penser à son profit per- sonnel.” Les rela- tions entre les communes et les scieurs ont tou- jours été com- plexes voire âpres comme dans tou- te relation mar- chande. L’origine de ces contrats

Le blocage se situe comme souvent au niveau du prix.

FORÊT

Une démarche franco-suisse

L’A.O.C. Bois du Jura sur les bons rails La procédure est engagée depuis bientôt 10 ans. Cette A.O.C. unique en son genre confortera les savoir-faire déployés dans la filière bois régionale.

L a valorisation des résineux du massif jurassien se joue des fron- tières et des catastrophes natu- relles. Les bonnes idées surgissent par- fois dans un contexte de crise. Ce projet d’A.O.C. Bois du Jura découle des échanges développés entre la France et la Suisse après le passage de Mar- tin et Lothar, les deux tempêtes de 1999. “L’idée d’établir un partenariat forestier remonte à 2002” , souligne Xavier Lacroix, le président de l’association A.O.C. Bois du Jura côté France. Tous les acteurs de la filière adhèrent à l’association.Objectif de la démarche: compenser les handicaps naturels des forêts de montagne par une valorisa- tion supplémentaire des produits trans- formés en s’appuyant sur un signe de qualité et d’origine. Si l’intention est louable, le combat s’inscrit dans la durée. Ne devient pas A.O.C. qui veut, surtout quand on sort du registre des produits alimentaires. “Cette A.O.C. Bois du Jura valide toute une série de savoir-faire en sylviculture, exploita- tion et transformation. L’objectif consis- te d’abord à protéger les sciages dumas- sif jurassien et les autres débits de bois que sont le fendage, le tranchage et les poteaux fraisés.” L’association n’a pu élargir la liste aux sciages aboutés, contrecollés ou lamellés-collés. Ces

techniques n’étaient pas des spéciali- tés historiques du Jura. Tout comme la colle utilisée pour ces assemblages. Le dossier progresse lentement mais sûrement. “Une nouvelle rencontre est programmée en juin avec la commis- sion d’enquête I.N.A.O. On débattra notamment de la réglementation, du cahier des charges et de la reconnais- sance d’un zonage” , précise Xavier Lacroix en donnant quelques indica- tions sur cette fameuse zone A.O.C. Côté français, elle devrait s’étendre entre le Doubs et le Jura au-dessus de 600 m d’altitude. Le critère altitudi- nal correspond aussi à la limite entre les feuillus et les résineux. Rien n’est laissé au hasard. Les Suisses effec- tuent lamême démarche que les fores- tiers francs-comtois. “On souhaite fai- re reconnaître les deux A.O.C. Elles porteraient le même nom. On pourrait fonctionner en réciprocité en se basant par exemple sur le même cahier des charges.” Le président de l’association Bois du Jura estime que ce signe de qualité va conforter le handicapmontagne. Il doit favoriser la pérennisation des petites et moyennes scieries. “L’A.O.C. ne pour- ra pas tout faire mais peut être d’une importance stratégique” , conclut celui qui espère que la démarche aboutisse en sinon en 2012, du moins en 2013.

“L’A.O.C. ne pourra pas tout faire mais peut être d’une importance stratégique”, explique Xavier Lacroix, le président de l’association française A.O.C. Bois du Jura.

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