La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

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Sacerdoce Le Haut-Doubs doit faire face en ce moment à une mini-crise de la démo- cratie locale. À Métabief, aux Hôpi- taux-Neufs, à Chapelle-dʼHuin ou aux Alliés, les démissions de conseillers municipaux se sont multipliées ces der- nières semaines. Ailleurs, ce sont des maires qui raccrochent, écrasés par le poids des responsabilités qui les étrei- gnent. Il faut dire que les charges qui pèsent sur les épaules des édiles de proximité sont inversement propor- tionnelles à la taille des communes quʼils dirigent. Car plus la commune est petite, plus les élus locaux sont démunis. Lois et règlements de plus en plus lourds leur demandent lʼomnipotence. Sans services juridiques ou comptables, ils ne peuvent souvent compter que sur eux-mêmes pour prendre les bonnes décisions. Que par conséquent, ils évitent parfois de prendre. Comment expliquer que des dossiers pourtant fondamentaux pour lʼattractivité touristique du Haut-Doubs fassent du surplace ? Exemple : le Conifer, ce petit train qui ne demande quʼà prolonger son parcours fait du sur- place pour la seule raison que la muni- cipalité de Montperreux bloque enco- re et toujours le dossier. Incompréhensible, sauf si on prend en compte la position dʼun maire sur lequel pèsent toutes les épées de Damoclès possibles. Car au moindre problème de sécurité, cʼest le maire qui trinque- ra. Cette vague de démissions pose sans doute la vraie question du statut de lʼélu à laquelle personne nʼa jusque- là su répondre. On jette souvent lʼopprobre sur les élus suspectés de toutes sortes de dérives. Cʼest sans doute faire fi du quotidien de tant de ces “petits” maires et conseillers muni- cipaux ruraux qui doivent considérer malgré eux leur charge dʼélus locaux comme un véritable sacerdoce. A la seule différence quʼau moindre grain dans lʼengrenage, cʼest leur respon- sabilité personnelle qui est mise en cause. Pourquoi ne pas imaginer, par exemple, à lʼheure de lʼintercommunalité, que lʼÉtat dans son bon rôle finance dans chaque communauté de com- munes un poste de juriste ? Démunis face à leurs responsabilités, les “petits maires” finissent par jeter lʼéponge. Après la crise de confiance des élec- teurs envers la classe politique, gare à la crise des vocations dans la démo- cratie française. J ean-François Hauser Éditorial

YVERDON-LES-BAINS Le syndic de la ville “Nous sommes victimes de notre croissance”

La cité thermale amie de Pontarlier se situe à la croisée des chemins aussi bien sur le plan géogra- phique, économique que touris- tique. Ce qui n’est pas pour déplai- re au syndic (“maire”) de la ville Daniel Von Siebenthal. L a Presse Pontissalienne : Yverdon constitue-t-elle un gros gisement d’emplois frontaliers ? Daniel Von Siebenthal : Sans être dans la situation de la vallée de Joux, on a beaucoup de frontaliers qui travaillent principalement à l’hôpital et au parc scientifique et technologique. L.P.P. : La Suisse voisine est toujours en pénurie de main- d’œuvre qualifiée ?

Récemment réélu à la tête de la municipalité

D.V.S. : Pas vraiment. On a eu quelques discussions préliminaires avec Swatch. Rien de probant. Ces grands groupes cherchent toujours à privilégier leur zone d’implantation historique. On semble intéresser davantage ceux qui exercent dans la sous-traitance. L.P.P. :Les perspectives économiques sont donc assez réduites ? D.V.S. : La situation pourrait évoluer car on a enco- re des disponibilités foncières, ce qui n’est pas tou- jours le cas ailleurs. La ville n’a pas franchement une orientation industrielle. Après les 30 Glo- rieuses, le développement s’est effectué hors de chez nous, soit dans les montagnes jurassiennes, soit sur l’arc lémanique. Maintenant, on dispose d’une belle réserve de terrain. L.P.P. : C’est encourageant ? D.V.S. : Oui et non. En Suisse, on cherche toujours à favoriser l’installation d’entreprises à haute valeur ajoutée. Inversement, on tend à négliger l’artisanat. Globalement, la situation reste tou- jours très attractive. L.P.P. : Yverdon ne dépare pas de la sérénité ambiante ? D.V.S. : Yverdon est entre deux eaux si l’on peut dire. Entre la montagne et la plaine sur le plan géographique et touristique. Entre l’horlogerie et le médical au niveau des activités industrielles. On fait un peu de tout. C’est aussi un avantage. On a vécu comme un cataclysme la récession des années soixante-dix. On tend à se diversifier notam- ment sur le créneau des P.M.E. L.P.P. : Le profil économique d’Yverdon se rapprocherait assez de celui de Pontarlier ! D.V.S. : On a quelques similitudes en effet. L.P.P. : Vous souffrez aussi de la sécheresse ? D.V.S. : Non car on a un grand lac qui couvre lar- gement nos besoins.

L.P.P. : Qu’en est-il de la charte d’amitié qui vous unit avec la capitale du Haut- Doubs ? D.V.S. : On s’entend bien, on se comprend bien. Aucun doute là-dessus. Mais c’est difficile de trouver des thèmes de col- laboration. On a déjà essayé de se rapprocher sur des évé- nements culturels ou des actions touristiques au niveau de l’aire de proximité Chasse- ron-Mont d’Or. Le principal sujet de coopération reste le transport. On participe en com- mun à plusieurs comités de défense du réseau ferroviaire ou routier. L.P.P. :Yverdon ne semble guère concer- née par la problématique T.G.V. ? D.V.S. : Bien au contraire. On va prendre le T.G.V. à Vallorbe

d’Yverdon, Daniel Von Siebenthal apprécie le côté diversifié de

l’économie de sa ville.

D.V.S. : Effectivement. C’est un des gros problèmes de ce pays où l’on n’arrive plus à trouver de la main- d’œuvre qualifiée dans l’industrie en général et plus particulièrement dans le domaine des microtech- niques et de la micromécanique. On est contraint de se tourner vers l’extérieur car l’appareil de forma- tion n’arrive plus à suivre. Ce déca- lage génère aussi les tensions avec les partis populistes assez virulents vis-à-vis des frontaliers et des étran- gers. Nous sommes victimes de notre croissance avec des taux de chô- mage au plus bas et des soucis récur- rents de main-d’œuvre. L.P.P. : La ville d’Yverdon est-elle convoitée par des grandes firmes industrielles ?

pour rejoindre Paris. Le maintien des lignes est très important pour l’attractivité de la ville qui se trouve à seulement 3 heures de Paris. On est là pour agir comme des lobbyistes auprès de nos instances dirigeantes. À la dernière alerte T.G.V., on avait sollicité le Conseil fédéral. Lequel nous a d’ailleurs répondu. Ce qui est assez exception- nel. L.P.P. : Mais vous, vous échappez aux bouchons des fronta- liers… D.V.S. : Ce qui n’empêche pas de s’intéresser à ce dossier préoccupant. Tout reste à faire dans ce domaine. Je suis convaincu du bien-fondé des plans de mobilité d’entreprise même si on n’a pas la capacité de créer des réseaux de transport public denses. Propos recueillis par F.C.

“Il y a encore des disponibilités foncières.”

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