La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

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CES FRONTALIERS VENUS D’AILLEURS...

Bretons, normands, ch’tis, parisiens, on vient de partout en France tenter sa chance en Suisse. Certains sont là depuis plus de 20 ans, d’autres viennent tout juste d’arriver. En faisant abstraction des “mercenaires” en mission, ils repartent rarement sauf coup de blues ou crise économique. Quand on a goûté aux salaires frontaliers, difficile de s’en passer. Quoi- qu’on en dise, plus le niveau de vie progresse, mieux on se porte. L’autre critère de fixation durable réside dans la qualité de vie propre au Haut- Doubs. Verdure, tranquillité, paysages, beaucoup succombent aux charmes de la montagne jurassienne. “Qu’elle est loin ma banlieue sans relief”. Ces frontaliers venus d’ailleurs participent aussi au renouvellement démographique et culturel de toute une région. Vos papiers s’il vous plait !

RECULFOZ

La double culture Frontaliers : la filière aux chapeaux ronds

Quand Denis Ronsin débarque dans le Haut-Doubs en 1988, c’est prévu pour trois semaines. Le séjour s’est prolongé. Sans regret, même si l’odeur de la galette bretonne lui manque parfois.

rine. De Chaux-Neuve, le couple est parti louer une ancienne ferme à Reculfoz qui leur appartient désormais. “Comme nous sommes tous les deux Bretons, on a conservé beau- coup de liens avec notre région où nous retournons régulière- ment en vacances avec les enfants.” La famil- le Ronsin s’est logi- quement agrandie avec Aloïs, 14 ans, et

Au départ, j’étais venu pour trois semaines, le temps de conduire les cars entre Montfort-sur-Meu et Chaux-Neu- ve” , indique Denis Ronsin qui avait alors 24 ans. Sans contrainte familiale, il choisit finalement de poser son baluchon et cherche un emploi en Suisse dans la vallée de Joux. “J’ai commencé dans l’hôtellerie. À l’époque, il fallait un cer- tificat de résidence pour pouvoir être frontalier.” Il change de place en 1989, “descend” dans la plaine lémanique pour entrer dans l’industrie du papier comme rectifieur. Poste qu’il occupe toujours. “C’est une double intégration:

régionale et professionnelle. En Suis- se, je trouve qu’on bénéficie de condi- tions de travail exceptionnelles à tous les niveaux. Les employeurs sont assez réglos.” Une fois stabilisé, Denis Ronsin “rapa- trie” Catherine son épouse qui le rejoint en 1991. Elle aussi débute dans l’hôtellerie d’abord dans le Haut-Doubs puis dans la vallée de Joux. Toujours cette histoire de certificat de résiden- ce. Elle est maintenant secrétaire dans une entreprise horlogère. “On s’était donné trois ans pour voir si cette nou- velle vie nous convenait. On est tou- jours là, 20 ans plus tard” , sourit Cathe-

L e courant passe toujours bien entre les Bretons, les gens du Nord et les montagnons du Haut-Doubs. Simplicité, authenticité, attachement au pays, les valeurs sont similaires. Originaire de Montfort-sur-Meu près de Rennes, Denis Ronsin n’était pas le premier à

mettre le cap sur la Franche-Comté. Un autre gars du pays l’avait précé- dé : l’abbé Charles Grimaud. Ce prêtre officiait sur la paroisse de Chaux-Neu- ve. L’hiver, il organisait au foyer com- munal des classes de neige à destina- tion des petits Montfortais. “Sans l’abbé Grimaud, je ne serais peut-être pas là.

Le plus dur, c’est de rester.

Line, 10 ans. Le couple peut aujour- d’hui légitimement se prêter au jeu des comparaisons entre le bassin ren- nais et la bande frontalière. Premier constat qui risque de vexer les supporters de l’économie fronta- lière : “C’est beaucoup plus dynamique en Bretagne et plus touristique ici. Quand on annonce à la famille ou à nos amis bretons qu’il fait - 30 °C, per- sonne ne nous croit. Ils n’en reviennent toujours pas.” Question climat, tout nous oppose.À les écouter, on sent qu’ils sont restés Bretons de cœur. Ils conti- nuent à cuisiner les spécialités bre- tonnes. Denis a toujours le drapeau breton, au cas où. “Ce qui nous a le plus surpris dans le Haut-Doubs, c’est le froid et surtout l’accent”, poursuit Catherine qui trouve, les gens d’ici “relativement sympas.” Denis a effec- tué un mandat au conseil municipal de Reculfoz. Il adhère à une associa- tion de coureurs à pied. Leur avenir va probablement se pro- longer entre Reculfoz et la vallée de Joux jusqu’à la retraite. La situation professionnelle ne se posera plus, résis- teront-ils à leur attachement au pays breton? “On ne le sait pas nous-mêmes. On a même envisagé de faire des gîtes à destination des touristes bretons”, suggère Denis pour qui, partir ce n’est rien, le plus dur, c’est de rester. F.C.

Denis et Catherine Ronsin, les parents, sont nés en

Bretagne, Line et Aloïs, leurs enfants, ont vu le jour dans le Haut-Doubs.

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