La Presse Pontissalienne 139 - Mai 2011

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 139 - Mai 2011

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EMPLOI

RETRAITES L’Amicale Alain Marguet plaide la cause des frontaliers à Paris Président de l’Amicale des Frontaliers, Alain Marguet est allé défendre les retraités travaillant en Suisse au ministère du Budget à Paris. Objectif : éviter une trop forte imposition du capital complémentaire versé aux travailleurs en fin d’activité. La Presse Pontissalienne : Quel était l’objectif de ce rendez-vous à Bercy ? Alain Marguet (président de l’Amicale des Frontaliers) : Nous sommes allés à Bercy pour renégocier la taxation par l’État du deuxième pilier qui n’est autre que la retraite complémentaire des salariés français en Suisse. Nous voulons que le ministère revienne à la case départ sur le taux que nous avions négocié en 2008 avec Monsieur Bonnart (l’ancien conseiller en charge de la Politique fiscale), confirmé par Éric Woerth, qui était de 0,04 % par an sur 15 ans pour un capital de 300 000 euros pour un couple. L.P.P. : Avez-vous été entendu ? A.M. : Les taux devraient augmenter. Actuellement, Blaise-Philippe Chaumont, Conseiller en charge de la Politique fiscale que nous avons rencontré, travaille avec son équipe sur trois options pour une taxa- tion du 2 ème pilier en France plus raisonnable. L.P.P. : De combien et quand ? A.M. : La France prend l’exemple de l’Europe qui taxe à 7 % le trans- fert de capitaux. Si c’est le cas, ce n’est pas intéressant pour les fron- taliers qui se retrouvent dans le cas de figure d’une imposition à la source. Nous nous retrouverons proches de l’imposition qui est faite à Neuchâtel et Genève (environ 6,76 %). La réponse interviendra pro- bablement en juin ou octobre. L.P.P. : Les frontaliers ont donc des raisons d’être inquiets ? A.M. : Oui. Ceux qui veulent rapatrier leur capital pour construire ou pour leur retraite seront taxés. L.P.P. : Pouvez-nous nous évaluer à combien peut se chiffrer ce capital ? A.M. : Tout dépend du nombre d’années travaillées et du salaire mais il peut se monter entre 200 000 et 300 000 C.H.F. Nous conseillons d’attendre pour le retrait du capital du deuxième pilier. Propos recueillis par E.Ch.

Taux de chômage 6,8 % La Suisse tire le taux de chômage du Haut-Doubs vers le bas La reprise de l’activité dans les entreprises helvétiques génère à nouveau des tensions sur le marché de l’emploi en France. Le taux de chômage baisse, mais les entreprises du Haut-Doubs sont à nouveau confrontées à une fuite de la main-d’œuvre de l’autre côté de la frontière. Le phénomène serait moins marqué à Pontarlier qu’à Morteau.

A près deux années très difficiles, l’emploi intérimaire renoue avec la croissance. Ce marché qui avait plongé de 35 à 40 % ces deux dernières années retrouve une activité bientôt comparable à cel- le de 2007. “Nous ne sommes pas enco- re revenus à des valeurs d’avant-crise, mais nous y serons rapidement” obser- ve Raphaël Lucas, directeur des agences Randstad de Morteau, Pontarlier et Maîche. L’activité économique repart dans les entreprises du Haut-Doubs mais de manière inégale en fonction des sec- teurs. L’embellie est plus marquée dans l’industrie que dans le bâtiment. “Nous sommes très sollicités dans ces phases de réembauche. Beaucoup de P.M.E. qui s’étaient séparées d’emplois à res- ponsabilité pendant la crise, recrutent à nouveau des techniciens, des res-

de chômage est de 9 % en Franche-Com- té et de 9,2 % en France” expliquent les services de Pôle Emploi. La baisse du chômage est donc plus marquée dans le Haut-Doubs qu’ailleurs. Mais nous ne sommes pas encore revenus au niveau de 2007 quand ce taux se situait autour de 5 %. Ce redressement de la situation dans la région aussi à la reprise de l’économie suisse. La plupart des indicateurs sont au vert de l’autre côté de la frontière, où les entreprises font à nouveau appel à la main-d’œuvre frontalière. Mais ce phénomène semble moins mar- qué à Pontarlier qu’à Morteau où des salariés sont prêts à quitter leur C.D.I. dans le commerce en France pour prendre un poste d’intérimaire en pro- duction en Suisse. “Les métiers à Pon- tarlier sont différents de ceux rencon- trés àMorteau poursuit Raphaël Lucas. Les salariés sont pour beaucoup des “cols bleus” employés dans des grandes entreprises comme Schra- der.” Ces sociétés à dimension inter- nationale offrent un certain statut à leurs salariés qui hésitent à par- tir en Suisse. “Pontarlier est aussi plus loin de la frontière que Mor- teau. Il y a également un problème de fluidité du trafic aux heures de pointe.” La nature du tissu industriel pon- tissalien, l’éloignement des bassins d’emploi helvétiques, et le bouchon de La Cluse-et-Mijoux seraient donc trois éléments qui limiteraient la fuite de la main-d’œuvre française vers la Suisse. Toutefois, les sec- teurs qui souffrent de ce turn-over , sont les métiers du commerce et des services.

ponsables de ressources humaines, des commerciaux” poursuit Raphaël Lucas. Les sociétés qui profitent d’une amé- lioration de la conjoncture ont actuel- lement un carnet de commandes char- gé, mais elles ont toujours une lisibilité à court terme. “Ce qui a changé avec la crise, c’est que les prix ont dégrin- golé. Comme les prix sont bas, les socié- tés ont plus de mal à asseoir leur ren- tabilité. Même s’il y a des besoins, compte tenu de ce facteur, les gens hésitent à embaucher, voire à prendre des intéri- maires.” Selon Pôle Emploi, le taux de chôma- ge qui avait atteint les 8,3 % au qua- trième trimestre 2009, s’est établi à 6,8 % à la fin de l’année 2010 sur le bassin d’emploi de Pontarlier. Depuis, il ne cesse de décroître. “Par compa- raison, les dernières données dont nous disposons nous montrent que le taux

Le taux de change hyper-avanta- geux pousse les travailleurs français à partir travailler en Suisse.

TRAVAIL FRONTALIER Assurance-maladie Consensus autour du libre choix Cette épée de Damoclès menace clairement le sort des frontaliers, surtout ceux qui seraient en mauvaise santé. Bonjour l’addition.

A vec la fiscalité et le second pilier, l’évolution de la couverture maladie inquiète les frontaliers. Le sujet figurait d’ailleurs à l’ordre du jour des assemblées locales organisées actuellement par l’Amicale des frontaliers le long de la bande fron- talière. “Grâce à un amendement de Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale et député-maire d’Annecy, nous avons obtenu en 2008 la prolongation jusqu’en 2014 du libre choix de la couverture maladie privée, rappelle Michel Rivière, l’un des membres de l’Amicale. Aujourd’hui on a la ferme résolution de solliciter le sou- tien de nos élus pour nous aider à pré- server ce libre choix.” Le scénario prévu après 2014 n’est guè- re réjouissant. Le frontalier pourra

souscrire à l’assurance-maladie obli- gatoire en Suisse. Ce qui signifie que les employeurs suisses conserveront seulement les travailleurs en bonne santé. Les cas les plus lourds revien- dront forcément en France car

ron 1 414,68 euros par an en assurance- maladie. La note s’élèverait à 2 650 euros par an s’il passait sous le régime de la C.M.U. en sachant qu’il s’agit d’une couverture à 70 %. Pour aller à 100 %, il faudrait rajouter 465 euros. Ce qui fait au final un différentiel de 3 115 euros entre deux solutions équi- valentes. On comprend un peumieux les craintes et la volonté des dirigeants de l’Amicale de défendre coûte que coûte le libre choix.Toute autre issue serait d’ailleurs fatale à la plupart des mutuelles. L’Amicale des frontaliers pourra déjà compter sur le soutien de Patrick Gen- re, le maire de Pontarlier qui était pré- sent le 19 avril à l’assemblée locale organisée dans la capitale de Haut- Doubs.

l’assurance suisse obligatoire autorise un licenciement après 6 mois de pri- se en charge. L’alternative C.M.U. est tout aussi dure à avaler.Un travailleur frontalier de 38 ans qui touche de 48 816 euros de salai- re annuel règle actuellement envi-

Un différentiel de 3 115 euros entre deux solutions équivalentes.

Alain Marguet (Amicale des frontaliers) en présence de l’attachée parlementaire au Palais Bourbon le 14 avril dernier.

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