La Presse Pontissalienne 138 - Avril 2011

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 138 - Avril 2011

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PONTARLIER

Historien du Haut-Doubs “J’ai deux amours : le rugby et l’histoire”

Pontissalien pur jus, Daniel Lonchampt a puisé dans le rugby le courage et l’abnégation qui lui ont permis de s’accomplir pleinement dans une carrière de professeur d’histoire. Étonnant parcours.

A près un livre sur la séparation de l’Église et de l’État dans le Doubs et l’autre sur le C.A.P. rugby, Daniel Lonchampt prépare un nouvel ouvrage consacré à l’histoire économique de Pontarlier. Il s’attelle à la tâche depuis deux mois. “C’est le type de sujet qui n’intéresse guère les historiens en France. Je concentre mes recherches à partir de la Révolution industrielle, soit de 1860 à nos jours” , explique l’ancien enseignant. Les années absinthe, la colonisation helvétique, les 30 glorieuses figure- ront bien sûr au sommaire. Au-delà des classiques de l’histoire pontissa- lienne, l’auteur compte bien appro- fondir certaines zones d’ombre com- me la disparition de Donnet-Zedel complètement passée sous silence par les journaux de l’époque. Il souhaite également apporter de nouveaux éclai-

tarlier comme ailleurs. “On ne connais- sait pas par exemple la notion d’échec scolaire car c’était très facile de trou- ver un emploi” , explique-t-il en connais- sance de cause. Pas du genre très studieux, il quitte le système scolaire au collège pour aller travailler chez Nestlé. Son entrée dans la vie active correspond aussi à ses débuts au C.A.P. rugby. Il y découvre les valeurs d’un sport qui lui donneront le goût de l’effort et le souci du collectif. “Après Nestlé je suis allé à la S.N.C.F. Comme j’avais envie de m’en sortir, j’ai repris les études en autodidacte.” Il réussit à passer son bac en sui- vant des cours par correspondance. La locomotive du savoir est en route et rien ne pourra l’arrêter. Il s’intéresse ensuite à l’histoire en assistant aux cours de Gaston Bordet et de Joseph Pinard. Et le voilà reparti dans un nouveau cursus qu’il mène tout en continuant à travailler. “Sans le rug- by, je n’y serais jamais arrivé” , concè- de Daniel Lonchampt qui devra néan- moins mettre en sourdine sa passion pour l’ovalie, le temps d’aboutir dans son parcours professionnel. Il débute sa carrière au collège de Mouthe puis à Frasne où il crée un ciné-club scolaire, met en place des classes de mer. Toujours porté sur l’offensive, il passe également son C.A.P.E.S., enseigne au lycée Xavier- Marmier. Son goût pour la défense du collectif le pousse aussi à s’engager dans la vie politique et syndicale. “J’ai effectué un mandat d’élu à Pontarlier sous la municipalité Lagier.” Après le professorat, il se lance dans la réalisation d’une thèse consacrée

Après la vie religieuse et politique du Haut-Doubs et le C.A.P. rugby, Daniel Lonchampt prépare un nouveau livre consacré à l’histoire économique de Pontarlier.

rages sur les spécifi- cités du développe- ment économique de la capitale du Haut- Doubs. “L’industrialisation était assez tardive mais le forte. Elle a favorisé la montée en puissance du P.S. avec une classe ouvrière relativement peu syn- diquée car issue du monde paysan.” Enfant de la généra- tion baby-boom, Daniel Lonchampt a grandi au fil des Tren- te glorieuses syno- nymes de formidables progrès sociaux à Pon-

“Sans le rugby, je n’y serais jamais arrivé.”

la séparation de l’Église et de l’État dans le Haut-Doubs. Ce travail ser- vira en 2005 à l’écriture d’un livre grand public sur le même sujet élar- gi à l’échelle du Doubs. S’il n’a pas fait une longue carrière

de rugbyman, le Pontissalien est tou- jours resté fidèle au C.A.P. Il a initié ses deux fils au ballon ovale et a mis ses talents de pédagogue au service du club. Il est aujourd’hui respon- sable des équipes jeunes, soit 200

gamins à encadrer. “On essaye d’abord de leur transmettre les notions de res- pect qui font la grandeur de ce sport. C’est tout aussi, sinon plus important que les résultats sportifs, même si l’un n’empêche pas l’autre.” Depuis qu’il a pris sa retraite d’enseignant en 2007, Daniel Lon- champt partage son temps entre le club et les archives. Car l’historien est toujours aussi curieux de connaître et d’expliquer le passé local. Avec le souci d’être accessible au plus grand nombre. Exemple avec son histoire du C.A.P. Rugby réalisée en collabo- ration avec un autre historien rug- byman, Maurice Carrez. “On sou- haitait sortir du cadre sportif pour privilégier l’approche sociologique car c’est la seule manière de comprendre pourquoi et comment le rugby a pris ancrage à Pontarlier.” L’historien, éducateur, écrivain espè- re venir à bout de son histoire éco- nomique pontissalienne d’ici un ou deux ans. Tout reste à faire pour pré- senter objectivement l’essor touris- tique de Pontarlier et du Haut-Doubs. On touche là l’histoire contemporai- ne et le présent. L’ouvrage ne pour- ra bien sûr faire l’impasse sur la for- midable dynamique commerciale locale avec l’arrivée et la montée en puis- sance de la grande distribution. “Tout n’a pas été négatif. Les grandes sur- faces ont joué un rôle moteur dans la création des zones commerciales. Le Haut-Doubs s’est aussi développé grâ- ce au développement des transports. Le contexte local n’échappe pas aux évolutions nationales et mondiales qui expliquent en partie la désindus- trialisation. Le dernier chapitre de l’histoire pontissalienne est marqué par la montée des activités tertiaires” conclut le passionné. F.C.

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