La Presse Pontissalienne 138 - Avril 2011
AGENDA
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La Presse Pontissalienne n° 138 - Avril 2011
LIVRE
Le parcours d’un immigré italien Italien dans l’âme, Français de cœur Parti à 20 ans du Sud de son Italie natale, Celestino Bisceglia est arrivé en 1957 à Pontarlier. Aujourd’hui retraité, il raconte son parcours d’immigré. Un récit plein de pudeur et d’émotion.
L a Presse Pontissalienne : Pourquoi ce livre ? Celestino Bisceglia : Mes enfants et petits-enfants me demandaient souvent : “Nonno (N.D.L.R. : grand- père en italien), on ne connaît pas ta vie, tu devrais écrire quelque
chose sur ton parcours.” Le pro- blème, c’est que l’écriture et moi, ça fait deux. Il y a deux ans, je ne savais pas écrire le français. L.P.P. :Et vous sortez un livre de 250 pages ! Comment vous y êtes-vous pris ? C.B. : En tant que maçon, j’ai appris à écrire quelques rudiments de français avec les mots du chan- tier, quand il fallait passer les com- mandes…C’est tout.Toute ma vie, j’ai pu compter sur ma femme pour m’aider à rédiger les formalités. À vrai dire, dans toute ma carriè- re, je n’ai jamais eu besoin d’écrire le français. Il y a quelques années, je me suis trouvé engagé dans le réseau d’échanges réciproques de savoirs de Pontarlier pour apprendre à écrire le français. Parallèlement je me suis mis à l’informatique. Tout a commencé il y a deux ans seulement. Mes voisins et d’autres disaient que je n’y arriverais jamais. Je leur ai prouvé le contraire. On a fêté nos noces d’or le 15 janvier dernier. La veille, je recevais le livre, j’ai pu l’offrir à ma famille. Un grand moment d’émotion.
Le Pontissalien
dans le Sud de l’Italie. Seulement, on oublie le reste. Et je n’ai pas pensé à l’importance qu’avaient la chaleur et la mer dans notre vie. Le départ a été très difficile car on était couvé comme des oiseaux par notre mère qui avait déjà du mal à nous laisser aller dans la ville voisine de notre vil- lage. Et les débuts ont été diffi- ciles, c’est vrai. L.P.P. : La méfiance, les insultes ? C.B. : Les anciens en voulaient for- cément aux Italiens à cause de la guerre. Avec les jeunes, ça allait mieux. La seule façon pour nous de réagir était le respect. C’est grâ- ce à notre éducation et au respect qu’on a fait comprendre qu’on ne
pouvait pas répondre du compor- tement qu’avaient eu nos aînés. Le respect, il faut d’abord le don- ner. Et quand tu en donnes, tu finis forcément par en recevoir en retour. D’autre part, il est normal de devoir s’adapter au pays qui nous accueille. C’est aussi une question de respect. J’ai bien conscience que je dois tout à la France. Propos recueillis par J.-F.H.
L.P.P. : Votre livre semble pouvoir toucher beaucoup de monde, y compris les gens qui n’ont pas connu l’émigration. Com- ment l’expliquez-vous ? C.B. : Mon histoire est tout ce qu’il y a de plus banal, elle n’est cen- sée intéresser personne.Mais qua- siment tous les exemplaires ont été vendus et je sais que les gens se le sont beaucoup prêté. Chacun semble y trouver un passage de sa vie dans ce livre. C’est ce que les gens me disent. L.P.P. : L’arrivée dans le Haut-Doubs depuis votre mezzogiorno natal a dû être un choc ? C.B. : À cette époque, la seule cho- se qu’on sait, c’est qu’en France on peut mieux gagner sa vie que
Celestino Bisceglia, dans son
cher village des Pouilles, au Sud de l’Italie.
“Mon chemin, de l’aube au coucher du soleil” Celestino Bisceglia En vente notamment à la Maison de la presse de Pontarlier
Chacun y trouve un peu de son parcours dans le récit du “petit gars de Mattinata”.
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