La Presse Pontissalienne 137 - Mars 2011

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 137 - Mars 2011

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BESANÇON Conférence-débat Nos cousins les Suisses Finalement, la frontière entre la Franche-Comté et l’Arc Jurassien Suisse n’est-elle pas de trop ? La question, volontairement excessive, met en exergue les ressemblances et les dissemblances entre ces deux territoires limitrophes. Le public est invité à en débattre lors d’une soirée organisée dans le cadre du Forum Transfrontalier le 10 mars à Besançon.

F ranche-Comté et Arc Jurassien Suisse, même pays ? Drôle de ques- tion. A priori , la seule existence de la frontière entre ces deux territoires devrait être une preuve suffisante pour fai- re tourner court le débat en l’arrêtant sur un “non”. Mais à y regarder de plus près, si l’on dépasse le cadre institutionnel, on s’aperçoit que ces deux régions

limitrophes partagent un cer- tain nombre de points communs, à commencer par leur langue, qui sont des facteurs favorables à une coopération transfronta- lière renforcée. Vue sous cet angle, la réponse à cette ques- tion, passionnante au demeu- rant, est beaucoup plus com- plexe à apprécier. Le Forum Transfrontalier consacre son cinquième cycle thématique à ce débat qu’il a ouvert à La Chaux-de-Fonds, au Club 44, en septembre dernier. La réflexion va se poursuivre le jeudi 10mars, en public, àBesan- çon, lors d’une soirée organisée à l’amphithéâtre de la C.C.I. du Doubs. Plusieurs intervenants, dont des professeurs de socio- logie et d’histoire de l’Université de Franche-Comté et de celle de Neuchâtel, vont prendre la paro- le sur le sujet et tenter d’apporter un éclairage sur ce territoire transfrontalier. “Nous allons par exemple nous interroger sur le rôle des acteurs économiques. Sur le plan de l’horlogerie, ces deux territoires partagent un savoir-faire commun. Le thème des migrations va être abordé. Le fait que des Français s’installent en Suisse et inver- sement, peut-il permettre de créer une identité commune ? L’objectif de cette rencontre est de com- prendre comment nos ressem- blances et nos dissemblances se sont assises dans le temps.A par- tir de là, nous pourrons imagi- ner des manières de mieux coopé- rer” précise Alexandre Moine, vice-président du ForumTrans- frontalier et professeur à l’Université de Franche-Comté. La Suisse n’est pas dans l’Europe, “mais elle cherche des points d’appui extérieurs. Nous avons la chance d’avoir un voi- sin riche. Il y a un intérêt à voir

ce que l’on peut faire avec lui” poursuit le pro- fesseur bisontin. Depuis la signa- ture des accords bilatéraux, la frontière s’estompe sous certains angles au bénéfice, entre autres, de la libre circulation des personnes. Cette ouverture favori- se la coopération entre l’Arc Juras- sien et la Franche-Comté. Les travailleurs frontaliers sont les vecteurs d’une

Alexandre Moine, vice-président du Forum Transfrontalier et professeur à l’Université de Franche-Comté.

“Imaginer des manières de mieux coopérer.”

BÂTIMENT

Un chantier à 5,3 millions d’euros De Giorgi à grande vitesse L’entreprise pontissalienne a été préférée aux géants du B.T.P. pour construire la base de maintenance de la future ligne à grande vitesse à hauteur de Geneuille. Une belle carte de visite.

culture commune. “Le fronta- lier est hybride. Il est toujours Français, mais quand il tra- vaille en Suisse 8 à 10 heures par jour, il finit par s’approprier cette culture” poursuitAlexandre Moine. Administrativement, la frontière est toujours là. “Mais pour des frontaliers, pour des randonneurs, pour des usagers des transports en commun qui utilisent le train pour aller de Besançon au Locle, elle n’existe plus.” Des similitudes évidentes exis- tent donc entre la Franche-Com- té et l’Arc Jurassien suisse. Elles devraient permettre d’aller enco- re plus loin dans une démarche coopérative. Mais à l’inverse, la frontière engendre aussi des effets indésirables. Alors que nous ne partageons pas lamême monnaie que nos voisins hel- vètes, les entreprises françaises peinent à retenir leur main- d’œuvre qui a un intérêt finan- cier à aller travailler en Suis- se (le taux de change n’a jamais été aussi avantageux). Par rico- chet, le pouvoir d’achat des fron- taliers influence de nombreux secteurs, à commencer par celui de l’immobilier dont les prix qui battent des records dans un ter- ritoire comme le Haut-Doubs deviennent inaccessibles pour les revenus les plus modestes. T.C. Repère : Le Forum Transfrontalier est un groupe citoyen né en Suis- se. Il fédère sur des cycles de conférences annuels des acteurs de différents secteurs dʼactivité qui, lors de débats, font émerger des idées sur des problématiques trans- frontalières.

L e compte-à-rebours est lancé : le 11 décembre 2011, les pre- mières rames du T.G.V. Rhin- Rhône circuleront entre Mul- house et Dijon, via Besançon et la nouvelle gare d’Auxon. À quelques cen- taines de mètres de la gare nouvelle, un grand bâtiment est en cours de construction : la base de maintenan- ce d’où 80 techniciens dans un pre- mier temps surveilleront le bon fonc- tionnement des 140 km de ligne nouvelle. Cette base dont les travaux ont démar- ré en fin d’année dernière doit évi- demment être terminée avant la date fatidique du 11 décembre. “Et elle le

sera” assure Patrick De Giorgi, le pré- sident de la société pontissalienne épo- nyme qui a décroché ce chantier d’un montant de 5,3 millions d’euros, mal- gré des délais plus que serrés. Le gros œuvre est en cours de réalisation. Avec des centaines de milliers de pas- sagers qui passeront devant sur la ligne à grande vitesse, cette base de maintenance sera une véritable vitri- ne pour R.F.F., et évidemment pour De Giorgi qui ne cache pas sa fierté d’avoir décroché ce marché, au nez et à la barbe des géants du B.T.P. “Ce gen- re de dossier en conception-réalisation nous permet de réaliser des chantiers de plus grande envergure, c’est très

intéressant” ajoute M. De Giorgi. Le bâtiment de 2 400 m 2 tout en lon- gueur qui est censé rappeler la dyna- mique duT.G.V., répond au cahier des charges strict imposé par le maître d’ouvrage R.F.F. (Réseau Ferré de Fran- ce) qui a exigé des normes environ- nementales très poussées : démarche H.Q.E., certification B.B.C. Effinergie tertiaire (il sera le 5 ème bâtiment de la région à être certifié selon cette nor- me), murs bioclimatiques, toiture végé- talisée… Cette base de maintenance est une nouvelle carte de visite pour l’entreprise De Giorgi qui poursuit sa croissance, malgré une conjoncture plutôt com-

Le projet a été dessiné par un architecte de Mulhouse.

pliquée depuis deux ans. “Nous avons eu la chance de traverser ces deux der- nières années sans trop de problèmes. L’entreprise est performante, ce qui nous permet de décrocher des chan- tiers intéressants” commente Patrick De Giorgi. L’effectif de l’entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 20 mil- lions d’euros atteint désormais les 140 personnes, intérimaires compris. “L’effectif continue à progresser” confir- me le patron pontissalien. L’entreprise De Giorgi poursuit son développement en dehors des fron- tières du Haut-Doubs. C’est bien dans le Grand Besançon qu’elle réalise désormais le plus gros de son activi- té. Parmi les chantiers en cours dans la capitale comtoise, un programme de 45 logements aux Clairs-Soleils (75 autres sont prévus) et le futur Ins- titut régional fédératif du cancer qui sera construit dans le périmètre de l’hôpital Minjoz. J.-F.H.

Le gros œuvre de ce bâtiment de 2 400 m 2 est en cours de réalisation.

Renseignements : Jeudi 10 mars à 19h30 Amphithéâtre de la Chambre de Commerce et de l’Industrie

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