La Presse Pontissalienne 137 - Mars 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 137 - Mars 2011

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Parité ? Trois têtes nouvelles à droite, une seu- le à gauche. Ce ne sont pas les canto- nales de mars qui donneront au dépar- tement du Doubs un nouveau visage. Pour le renouvellement de la classe politique, on repassera. Pour cette seu- le perspective, on ne doit pas sʼopposer à la réforme des collectivités territoriales engagée par la droite. Et ce, même si on peut hélas craindre quʼelle nʼengendrera strictement aucune éco- nomie et pis, des dépenses nouvelles. Elle devrait néanmoins avoir le mérite minimal de donner un bon coup dʼoxygène à la classe politique. Dans le Doubs, plusieurs conseillers géné- raux, élus pour certains depuis près de vingt ans, ont décidé de rempiler une énième fois au prétexte que ce bail nʼest quʼun demi-mandat de trois ans. Cʼest donc en 2014 que le vrai changement devrait sʼopérer, avec lʼarrivée de nou- veaux élus qui ont sans doute été frei- nés dans leur élan par lʼultime baroud de conseillers généraux sortants qui ont fait de leur mandat de petit notable local le centre de leur vie. Les jeunes, cʼest réglé, seront donc quasiment absents de la prochaine assemblée départe- mentale. Et les femmes, où sont-elles ? La gent féminine répond désespéré- ment aux abonnés absents en ce prin- temps électoral. La parité, cette belle idée de la “bien-pensance”, nʼest que de façade puisquʼelle concerne uni- quement la suppléance, nouvelle obli- gation des candidats. Cette féminisa- tion de façade nʼest donc quʼun leurre. Dans le Doubs, sur 18 cantons renou- velables, seules trois femmes dans chaque camp. Un candidat sur cinq seu- lement est une femme et sur ces quelques représentantes, combien seront élues ? Une, deux peut-être et encore, ce seront les deux sortantes ? Cette parité dʼopérette volera encore plus en éclats avec la réforme des collectivités et cʼest là un des véritables écueils de ce projet souhaitable par ailleurs : la réforme contribuera à engendrer des créatures nouvelles : les professionnels de la politique locale qui perdront de facto tout ce qui leur restait dʼaccroche au terrain, passant leur temps à galo- per, écartelés entre les deux assem- blées départementales et régionales qui subsisteront et leur mini-circons- cription, faisant dʼeux de mini-notables de campagne aux mini-pouvoirs. Et tous les soucis de parité tomberont immé- diatement aux oubliettes. J ean-François Hauser Éditorial

SANTÉ

20 millions d’euros de déficit Denis Valzer : “Nous tirons la sonnette d’alarme” L’ancien directeur de l’hôpital de Pontarlier est depuis novembre dernier à la tête de la délégation régionale de la Fédération Hospitalière de France. Il tire la sonnette d’alarme sur la situation financière des hôpitaux francs-comtois.

Denis Valzer est depuis novembre 2010 le directeur régional Bourgogne- Franche-Comté de la Fédération Hospitalière de France (photo archive L.P.P.).

L a Presse Pontissalienne :L’Agence Régionale de Santé (A.R.S.) explique qu’entre 2009 et 2010, le déficit des hôpitaux francs- comtois a plus que doublé, pas- sant de 9,1 à 20 millions d’euros. Y a-t-il eu dérapage des dépenses ? Denis Valzer : Non, les dépenses des établissements publics ont été maî- trisées justement. La cause de ces déficits, ce n’est pas un dérapage des dépenses, les hôpitaux publics sont bien gérés. La masse salariale aug- mente mécaniquement dans les hôpi- taux avec des effectifs stabilisés. Ces déficits sont plutôt dus à des finan- cements qui tendent à la stagnation.

rées, nous ne sommes déjà plus qu’à + 1,8 %. Cela ne permettra pas de maintenir le potentiel de soin dans l’ensemble des établissements. L.P.P. : Ces restrictions budgétaires engendreront-elles des compressions d’effectifs dans les hôpitaux ? D.V. : Sachant que 70 % des dépenses des hôpitaux sont des dépenses de personnel, les baisses tou- cheront forcément la masse salariale dans les éta- blissements concernés par un contrat de retour à l’équilibre financier, comme le centre hospitalier de Lons-le-Saunier, celui de Dole, le C.H.U. de Besan- çon, le C.H. de Belfort-Montbéliard. Cela se tra- duira par une renégociation d’un certain nombre d’avantages acquis comme les accords R.T.T., ou des diminutions d’emploi, surtout dans des postes administratifs et logistiques. Ces diminutions concer- neront forcément aussi le personnel soignant. C’est pour cela que la réduction souhaitée des déficits, qui est une chose normale, ne doit pas être trop brutale, car elle aura une répercussion inévitable sur l’emploi. C’est la raison pour laquelle nous tirons la sonnette d’alarme.

L.P.P. : Le système de financement des hôpitaux publics serait donc à revoir ? D.V. : Je lui reproche deux choses : d’abord c’est un système qui favorise les régions dont l’activité est forte par rapport aux autres régions. Ici, l’augmentation des dépenses est moindre que dans d’autres régions et on nous ponctionne autant que les autres. Ensuite, l’effort demandé n’est suppor- té que par les établissements publics car une cli- nique ou un médecin libéral, on lui verse ses hono- raires au fur et à mesure de l’année, contrairement à un hôpital public qui reçoit ses enveloppes qu’une fois par an, si bien que les autorités peuvent en retenir une partie. L.P.P. :Vous mettez donc en cause une “distorsion de concur- rence” entre hôpitaux publics et cliniques privées ? D.V. : Je ne dis surtout pas que les établissements privés n’ont pas de contraintes mais eux n’ont pas, par exemple, de missions d’intérêt général à finan- cer, ils ne sont donc pas soumis aux restrictions qui touchent les établissements publics. On demande juste que les restrictions budgétaires soient par- tagées. Car je rappelle l’objectif du président de la République d’ici fin 2012 : le retour à l’équilibre financier des comptes des hôpitaux. L.P.P. : Quels sont les hôpitaux dont les finances sont les plus délicates en Franche-Comté ? D.V. : Selon mes informations, le C.H.U. de Besançon ne sera pas beaucoup déficitaire cette année. Les principaux problèmes se situent dans le Jura par- ce que plusieurs hôpitaux sont touchés par une stag- nation de l’activité car ils ont perdu beaucoup de médecins. Par conséquent, ils sont moins financés. Pontarlier est pour l’instant à l’équilibre financier. L.P.P. : Pour 2011, l’objectif national d’augmentation des dépenses a été fixé à 2,9 %. Pas mal en ces temps difficiles ! D.V. : Oui, mais avec les différentes ponctions opé-

“Pour la Franche- Comté, 4 millions en moins.”

L.P.P. : La Franche-Comté serait un parent pauvre en matiè- re de financement de ses hôpitaux publics ? D.V. : Concernant la tarification à l’activité, la fameu- se T2A, qui est un des deux modes de financement des hôpitaux, il y a une tendance à la baisse des tarifs du fait du mécanisme prix-quantité : quand une année le volume d’activité augmente, alors on baisse les tarifs pour que l’enveloppe reste stable. Mais le phénomène nouveau cette année, c’est que l’activité globale du système de santé augmente- rait plus que prévu, notamment dans les cliniques privées et en médecine de ville. Si bien que pour préserver l’équilibre général de l’assurance-mala- die, on a gelé puis supprimé un certain nombre d’enveloppes pour l’hôpital public, comme le finan- cement des missions d’intérêt général (services du S.A.M.U., équipes mobiles de soins palliatifs, gardes et tout ce qui est lié à la précarité comme les cel- lules sociales intégrées aux hôpitaux). Résultat, pour la Franche-Comté, c’est 4 millions d’euros en moins cette année.

est éditée par “Les Éditions de la Presse Pontissalienne”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Thomas COMTE Directeur de la rédaction :

“Pontarlier est pour l’instant à l’équilibre financier.”

L.P.P. : N’y a-t-il pas aussi un problème de répartition géographique de l’offre de soins en Franche-Comté ? D.V. : Bien sûr : l’objectif des autori- tés de santé est de mieux redistri- buer ce qui relève de la médecine de ville et ce qui relève de la médecine hospitalière. On ne peut pas deman- der à l’hôpital de tout faire. Seule- ment, il est bien obligé de tout fai- re pour pallier certaines carences dans l’organisation des soins. En attendant que l’offre soit mieux répar- tie, il faudra bien donner les moyens à l’hôpital de faire. Propos recueillis par J.-F.H.

Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction :

Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : S.A.R.L. BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2011 Commission paritaire : 1102I80130 Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Cercle magique comtois, Conseil général, Conseil régional, De Giorgi.

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