La Presse Pontissalienne 137 - Mars 2011

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 137 - Mars 2011

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LARMONT Une nouvelle convention d’utilisation

Le chalet des Éclaireurs sort de l’ombre Beaucoup de Pontissaliens ont déjà eu l’occasion de festoyer ou de séjourner au refuge du Larmont. Peu connaissent l’histoire de cette propriété communale à vocation associative et sociale.

Le refuge du Larmont comprenait initialement deux bâtiments qui ont été réunis après la guerre.

SANTÉ

En fin de droit Le double combat de Béatrice Drezet Traitée pour un cancer, Béatrice Drezet ne peut plus travailler aujourd’hui. Elle en fin de droit et perçoit 500 euros par mois. Elle se révolte contre le système qui après l’avoir soigné, la pousse vers la précarité.

C e refuge était à l’origine la maison du gardien de batterie au Fort Catinat construit de 1878 à 1883. “Les Éclai- reurs de France s’y sont installés dans les années trente. Il y avait à l’époque deux bâtiments destinés à l’hébergement des offi- ciers. Chaque aile comprenait des chambres indi- viduelles qui s’ouvraient sur l’extérieur par des portes-fenêtres. Les cloisons ont été supprimées pendant la guerre de façon à obtenir un seul dor- toir” , explique Pierre Brunschwig, la mémoire vivante des Éclaireurs pontissaliens. Le refuge va alors connaître son heure de gloi- re. Autre temps, autres mœurs. Les moyens de déplacement n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. On profitait des loisirs sur pla- ce. “En hiver, tout Pontarlier montait au chalet

pentier et skieur émérite du C.A. Pontarlier.” Aucune convention ne réglementait au départ les rapports entre les Éclaireurs et le proprié- taire des lieux, à savoir l’armée. Lacune palliée ensuite en concédant à l’association laïque une autorisation temporaire d’occupation des lieux. “Elle était résiliable à tout moment selon les besoins militaires.” Avant que la Ville n’acquière le fort, les Éclaireurs avaient aménagé une pre- mière installation d’eau, certes sommaire, mais bien pratique. Ils avaient également rénové les dortoirs et la toiture en utilisant des tuiles de récupération militaire. Les Éclaireurs ont conti- nué à gérer le refuge quand celui-ci est entré dans le patrimoine communal. Des travaux ont été progressivement entrepris pour améliorer le confort intérieur : chauffage central, lavabos, cuisine aux normes. “Un feu s’est déclaré dans les combes en 2007 en occasionnant surtout des dégâts de toiture. On a racheté des matelas pour remplacer ceux qui étaient trop endommagés par le sinistre.” Ce refuge de 32 places sert toujours aux activi- tés des Éclaireurs. Il est mis à disposition des autres associations et des groupes de particu- liers. La municipalité a dernièrement approu- vé le principe d’une nouvelle convention d’utilisation des lieux par les Éclaireurs. La Vil- le assurera désormais la réservation et l’encaissement des locations. Elle laissera à l’association le soin d’entretenir le refuge contre reversement de la moitié des recettes locatives. F.C.

À 53 ans, Béatrice Drezet se bat depuis dix ans contre le cancer. Sa lutte est permanente pour se tenir en vie. “On m’a opéré plus de vingt fois. Je ne comp- te plus tout ce que j’ai eu” dit- elle. Depuis quelques mois, elle avoue aller mieux. Mais un autre combat vient de démarrer pour cette Pontis- salienne célibataire. Un com- bat “contre le système” qui la pousse vers la précarité après l’avoir soigné. Salariée de l’hôpital de Pon- tarlier où elle exerçait la fonc- tion d’aide-soignante, Béa- trice Drezet est aujourd’hui en fin de droit du congé longue maladie qui lui garantissait jusqu’à présent son revenu de 1 050 euros par mois. “Cet- te somme a été divisée par deux mi-décembre. Comment voulez-vous vivre avec 500 euros ?” La raison est liée

à son état de san- té. Elle ne peut plus espérer tra- vailler, alors qu’en 2005,après trois ans d’interruption d’activité pour se soigner, elle avait pu reprendre son emploi dans le cadre d’un mi- temps thérapeu- tique. “J’ai rechu- té au bout d’un an. J’ai eu plu-

te on vous bloque vos res- sources. Je suis révoltée par ce système. J’ai travaillé depuis l’âge de 16 ans. J’ai passé 20 ans dans la fonction publique hospitalière pour en arriver là. J’ai l’impression que tout est fait pour vous enfoncer un peu plus.” Béa- trice Drezet estime que les gens qui comme elle ont tra- vaillé mais qui ont dû cesser leur activité malgré eux pour cause de maladie devraient faire l’objet d’une prise en charge particulière par la société. En attendant, elle se débrouille pour faire face au quotidien. Elle a dû se résoudre à se tourner vers les associations caritatives comme “le P’tit panier” à Pon- tarlier pour se nourrir. “La première fois, ce n’est pas faci- le de franchir le pas. Mais heureusement que des asso- ciations comme celle-ci, ou comme le Liseron, ou la Ligue Contre le Cancer sont là pour vous épauler.” Pour complé- ter son revenu, elle va pui- ser dans ses quelques éco- nomies. “Ce n’est pas normal. Je me suis privée pendant des années pour mettre de l’argent de côté.” Révoltée, Béatrice Drezet a fini par écrire au député, au Conseil général, aux admi- nistrations, à la mairie de Pontarlier, et même au pré- sident de la République pour raconter son histoire, et “leur dire combien il faut que les choses changent.” Les réponses qu’elle a eues, poli- tisées parfois, l’invitaient à se tourner vers une assis- tante sociale. Ces réponses ne sont pas à la hauteur de ses attentes, mais elle devra s’en contenter. T.C.

“Vous enfoncer un peu plus.”

le dimanche et redescendait ensuite à ski.” Les circonstances qui ont concouru à la réunion des deux bâtiments méritent qu’on s’y attarde. À la Libéra- tion, des baraques ont été construites sur la place du Champ de Foire. Elles devaient héberger les prisonniers de guer- re de retour en France qui sont finalement passés par Stras- bourg. “Une de ces baraques a été démontée puis transportée au fort pour faire la jonction entre deux ailes. Ce travail a été réalisé par André Mockli, char-

Tout Pontarlier montait au chalet le dimanche.

sieurs arrêts longue durée.” Béatrice Drezet est désormais considérée comme invalide, mais elle ne perçoit pas enco- re l’allocation adulte handi- capé qui s’élève à 700 euros. Elle en sera destinataire lors- qu’elle sera reconnue adulte handicapé. “Cela peut prendre plusieurs mois” explique Madame Drezet qui a effec- tué les démarches nécessaires avec une assistante sociale. Le cas échéant, cette alloca- tion se substituera à ses reve- nus actuels. “Pour l’instant, je suis entre deux : d’un côté en fin de droit et de l’autre dans l’attente de la recon- naissance adulte handicapé à 100 %.” Il n’a pas non plus échappé à sa banque qu’elle était “entre deux”. Béatrice Drezet prétend que l’assurance ne couvre plus le remboursement de son prêt immobilier (les mensualités avoisinent les 400 euros) tant qu’elle n’a pas apporté la preuve de son invalidité. Bref, cette quinquagénaire ne s’en cache pas, elle vit sa situation comme une pro- fonde injustice. 500 euros par mois en tout et pour tout. “C’est un peu la double pei- ne : vous êtes malade, vous ne l’avez pas choisi, et ensui-

Béatrice Drezet : “Je n’ai plus le courage de me battre pour sub- venir à mes besoins.”

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