La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

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AUTOMOBILE

Un équipementier précurseur Gurtner : le coup de génie du carburateur

C’est la dernière entreprise pontissalienne à porter encore le nom de son fondateur, Jules Gurtner en l’occurrence. Retour sur plus d’un siècle d’expérience dans la circulation des fluides.

L’entreprise s’est développée sur la base d’un solide savoir-faire acquis dans le décolletage, lié à la proximité de

A vant de se mettre à son compte en 1907, Jules Gurtner était chef d’atelier chez Dubied. D’origine suisse comme son ancien patron (enco- re un), il ouvre son atelier de décolletage rue des Écoussons à Pontarlier. “Il va profiter de la présence de Donnet-Zedel à Pontarlier et de la proximité de

fabrique même de l’armement pendant les deux guerres. Jules Gurtner comprend l’intérêt de la spécialisation. Il s’intéresse assez vite aux carburateurs de deux-roues motorisés. C’est pro- bablement le plus beau coup de génie de l’industriel qui, faute de descendant, cède sa société au groupe Gévelot en 1957.

Peugeot pour étendre son acti- vité vers l’industrie naissance de l’automobile et de la moto” , explique Bruno Tracco, l’actuel P.D.G. de la société. La diversité est de mise. Gurt- ner réalise toutes sortes d’accessoires : avertisseurs, bou- gies, pompes à huile, carbura- teurs et même des cycles. On y

l’industrie horlogère.

L’entreprise pontissalienne est alors dotée d’importants moyens d’études, de méthode et de fabri- cation. À partir de 1960, la gamme des produits évolue peu à peu vers les équipements pour la distri- bution de gaz. Dans les années soixante-dix,Gurtner a l’honneur et la responsabilité de fournir la totalité des carburateurs uti- lisés par les deux plus impor- tants fabricants français de motocycles, à savoir Peugeot et Motobécane. “Le transfert de l’usine en zone industrielle a eu

la dépollution du gasoil. “On s’est également positionné depuis trois ans sur le marché des kits G.P.L. en s’appuyant sur le savoir- faire acquis dans le gaz. La pro- duction se répartit aujourd’hui sur trois secteurs : 50 % gaz, 25 % carburateurs et 25 % automo- bile.” L’entreprise a traversé une pério- de difficile en 2008-2009 mar- quée par 35 départs dont deux plans sociaux. Le résultat 2010 est positif. “Pour 2011, il faudra s’accrocher. On va renforcer le bureau développement pour conforter la relance. Gurtner a passé le cap du centenaire en 2007. C’est maintenant une socié- té en train de se chercher un ave- nir” , conclut Bruno Tracco. F.C.

lieu en 1973. Au plus fort de l’activité, elle produisait 2 mil- lions de carburateurs par an avec 660 personnes.Aujourd’hui, on en fait 300 000 avec 90 C.D.I.” Une bonne partie de la produc- tion part à l’export, notamment en Afrique. La mobylette et le carburateur deux-roues survi- vront difficilement à l’avènement du scooter. “On s’est adapté en travaillant en partenariat avec Honda. Mais c’est vraiment la diversification dans le gaz qui va permettre de compenser l’affaiblissement du marché des carburateurs.” Après le carburateur et le gaz, l’entreprise entame en 2000 une troisième diversification dans la fabrication de petites pompes doseuses permettant d’améliorer

Gurtner est toujours restée une société indus- trielle très intégrée qui fait de la fon- derie, de l’usinage et du montage.

BOISSONS APÉRITIVES Place des Bernardines Saga Suze : l’appel de la gentiane Cette plante qui participe à la richesse floristique de nos montagnes jurassiennes a attiré à Pontarlier la Distillerie de la Suze qui ouvrit dans les années vingt un site où l’on fabriquait la célèbre boisson apéritive.

“L a Distillerie de la Suze achète à des prix très avantageux la racine de gentiane jeune et fraîche.” Cette annonce qui devait fai- re le bonheur des arracheurs de gen- tiane était publiée chaque année à par- tir du mois d’août dans les journaux

locaux. Pontarlier n’est pourtant pas le berceau de la Suze. Cet apéritif a la gentiane été mis au point en 1885 par Félix Lebaupin, le chef du laboratoire que possédait FernandMoureaux, pro- priétaire de la distillerie Rousseau & Laurent à Maisons-Alfort en région parisienne. Le nom “Suze” est adopté en 1898. Ce serait le diminutif de Suzanne Jaspart, la belle-sœur de Fernand Moureaux qui semblait apprécier cette boisson. Elle n’est pas la seule. La Suze connaît un succès considérable. En 10 ans, de 1920 à 1930, la production décuple pour atteindre 13millions de litres annuels. Ce qui explique en 1922 le changement de raison sociale de la société rebapti- sée la Distillerie de la Suze qui fait face à la demande enmultipliant les dépôts. Elle crée donc une seconde distillerie en 1923 à Pontarlier. Installation jus- tifiée par la volonté d’être au cœur même de la récolte des racines de gen- tiane. Situé place des Bernardines, l’établissement emploie jusqu’à 40 ouvriers à plein-temps. 9 000 litres de Suze sortent chaque jour des alambics géants.De septembre à janvier, de nom- breuses personnes extraient et trient les racines de gentiane récoltées dans les secteurs de Mouthe et Chapelle- des-Bois. L’usine pontissalienne ne résiste aux mesures du gouvernement de Vichy. Hostile à la “France de l’apéro”, il res- treint considérablement la vente d’alcool.

Une longue traversée du désert pour la Suze qui voit ses ventes dégringo- ler à 800 000 litres en 1941. De ce fait, toute la production est transférée sur Maisons-Alfort. Pontarlier est réduit au dosage et à la mise en bouteilles. Les locaux servent juste de dépôt. En 1965, lamaison Pernod, autre héri- tage pontissalien, rachète la Distille- rie de la Suze dont l’unité pontissa- lienne fermera définitivement ses portes en 1969. L’usine a été démolie et rem- placée en 1973 par l’immeuble le Pho- bos. F.C.

Avant de se spécialiser dans les carburateurs, Gurtner produisait des accessoires plutôt insolites comme les dégivreurs et les “sculpteurs” de pneus.

Située face à l’ancienne gendarmerie place des Bernardines, l’ancienne usine de la Distillerie de la Suze à Pon- tarlier a été démolie puis remplacée par l’immeuble le Phobos.

L’apéritif à la gentiane va connaître un succès fulgurant entre 1920 et 1930, justifiant la création d’une seconde usine de production à Pontarlier.

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